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Il se dirige vers la maison. Le courrier se trouve entre les barreaux qui protègent la fenêtre à côté de la porte d’entrée. Quand il n’y a personne, c’est toujours à cet endroit que le facteur dépose le courrier. Comme ça, pas besoin de boîte aux lettres. Et puis, il est rare qu’il n’y ait personne à la ferme. La plupart du temps, le facteur peut leur remettre le courrier directement, et, au cas où, il peut utiliser la fenêtre à côté de la porte. Seul un journal est coincé entre les deux barreaux et la vitre. Il le met sous son bras, prend la clé de la maison dans la poche de sa veste. Une grande clé lourde comme on n’en fait plus, en fer. Avec les années, elle a pris un éclat noir bleuté à force d’avoir servi. Il introduit la clé dans la serrure et déverrouille la porte. En ouvrant, il est accueilli par un nuage d’air confiné, une légère odeur de moisi. Juste avant d’entrer dans la maison, il se retourne, regarde de tous côtés. Il entre et referme la porte à clé derrière lui. Il longe le couloir jusqu’à la cuisine. Il ouvre la porte, entre. Il allume le feu avec le reste de bois de ce matin. Comme tout à l’heure, il remplit une marmite de pommes de terre. Nourrit les bêtes et leur donne à boire. Trait les vaches, s’occupe des veaux. Cette fois, en revanche, il ne quitte pas la maison une fois son travail à l’étable terminé. Il va jusqu’à la grange, prend la pioche qu’il avait préparée et essaie, dans le coin droit de la grange, de creuser un trou dans le sol
Afficher en entierUne fois, on avait même du chewing-gum, que ma tante a apporté. Il a un bon goût de cannelle. Ma tante dit qu’en Amérique les enfants en mangent tout le temps. Ma tante, elle travaille chez les Américains et parfois elle rapporte du chewing-gum ou du chocolat ou du beurre de cacahuète. Ou bien du pain dans des boîtes vertes toutes bizarres. Une fois, l’été dernier, elle a même rapporté de la glace.
Ma maman n’aime pas trop ça, parce que l’ami de tante Lisbeth, il vient aussi d’Amérique et il est tout noir.
Marianne dit toujours que son papa aussi il est en Amérique et que, c’est sûr, il viendra bientôt la chercher. Mais je la crois pas. Marianne, parfois, elle raconte un peu des histoires. Maman dit que ce n’est pas bien de faire ça, et quand Marianne raconte encore une de ses histoires, on se dispute. La plupart du temps, chacune reprend ses affaires dans le magasin et on peut plus jouer et Marianne rentre chez elle en courant.
Afficher en entierRésumé :
Toute une famille fut assassinée en 1920 dans un hameau en Bavière. L'affaire n'a jamais été résolue. Andrea Maria Schenkel, à la manière de Truman Capote dans De sang froid, combinant plusieurs témoignages, reprend cette sinistre histoire pour la placer dans les années 1950. Vaches qui s'agitent à l'étable, vent qui balaie les flocons, coins sombres derrière les granges, brouillard pesant... Tous les ingrédients de l'inquiétude sont là, dans une région catholique très dévote, sur fond d'Allemagne imprégnée de désastre. La ferme de Tannöd représente un gros capital, convoité par beaucoup. Un soir, c'est le massacre. Plusieurs personnes pouvaient avoir envie de tuer ou des proches de se venger. Hanté par les voix des témoins - instituteur, curé, voisin... - le lecteur referme le livre avec un coupable quasi certain, mais le malaise perdure, parce que là-haut, à Tannöd, les rancœurs sont vives, les relations entre les individus basées sur la haine et le désir.
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