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La fiancée cachée



Description ajoutée par Underworld 2018-09-24T16:18:16+02:00

Résumé

A la mort de ses grands-parents, qui l'ont élevée, Laura se voit privée de ressources. A tel point que la vente de Wharton, la propriété familiale à laquelle elle est profondément attachée, lui paraît bientôt inéluctable. Mais alors que le désespoir et la solitude menacent de la submerger, un homme se présente à sa porte. Un homme aussi désagréable que séduisant qui prétend venir de la part de Tomaso Viale, le richissime grand-père paternel qu'elle n'a jamais connu et qui souhaite aujourd'hui la rencontrer.

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Classement en biblio - 10 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Underworld 2019-09-19T06:11:09+02:00

** Extrait offert par Julia James **

1.

Laura rassembla ses forces et souleva les bras de la brouette surchargée. La pile de bois humide vacilla mais ne tomba pas. Clignant les paupières pour chasser la pluie de ses yeux, elle avança sur le sol détrempé du verger en direction du portail de la cour. La boue clapotait sous ses bottes en caoutchouc et les hautes herbes mouillées se collaient à son pantalon de velours usé imbibé d’eau. Mais elle avait l’habitude. Il pleuvait beaucoup dans le Devon.

Lorsqu’elle atteignit le sol goudronné de la cour, où se trouvait la remise, sa progression devint plus aisée.

Le bois de chauffage était particulièrement précieux, se dit-elle pour la énième fois : il permettait de réduire les factures de fuel. Or, elle devait économiser le moindre penny. Non seulement pour les travaux que ses grands-parents n’avaient pas eu le temps d’entreprendre, mais également pour payer les droits de succession.

Soudain, elle se sentit submergée par une bouffée d’angoisse. Le plus sage aurait été de vendre Wharton. Oui, c’était ce que lui répétait sa raison. Mais son cœur le lui interdisait. Elle ne pouvait tout de même pas se débarrasser de la maison familiale comme d’une vieille paire de chaussures !

Aussi loin que remontaient ses souvenirs, c’était le seul foyer qu’elle avait connu. Son refuge. Elle y avait été élevée par ses grands-parents après la disparition de leur fille unique, morte en laissant une enfant illégitime que son père avait refusé de reconnaître.

Son seul espoir de garder cette maison était de la transformer en chambres d’hôtes. Mais cela impliquait de rénover entièrement la cuisine et de faire installer une salle de bains attenante à chaque chambre. Alors qu’elle n’avait même pas de quoi payer les réparations les plus urgentes…

Pire. La date limite de paiement des droits de succession approchait. Elle allait être obligée de vendre les derniers tableaux et objets anciens qui restaient dans la maison. C’était une perspective déchirante, mais malheureusement, elle n’avait pas le choix.

Une nouvelle bouffée d’angoisse l’assaillit.

Elle vida la brouette dans la remise et repartit en direction du verger. Il y avait encore beaucoup de bois à rentrer.

Soudain, un bruit de moteur attira son attention. Une voiture approchait.

Curieux… Les visites étaient rares, ici. Ses grands-parents avaient vécu très isolés et elle suivait leur exemple. Elle tendit l’oreille. La voiture venait de tourner dans l’allée. Lâchant la brouette, elle fit le tour de la maison.

Une berline gris métallisé était arrêtée devant l’entrée. La boue qui maculait sa carrosserie n’enlevait rien à son aspect luxueux et elle détonnait tellement dans le paysage qu’elle évoquait irrésistiblement un vaisseau spatial.

Mais l’homme qui en descendait était encore plus impressionnant…

Les yeux écarquillés, Laura resta bouche bée sous la pluie.

* * *

Le visage crispé par l’exaspération, Alessandro descendit de voiture. Même avec le GPS, il était pratiquement impossible de trouver son chemin dans ce labyrinthe de routes de campagne. Et maintenant qu’il était enfin arrivé, l’endroit était apparemment désert !

Sur la façade de pierre qui ruisselait de pluie, des volets en piteux état masquaient les fenêtres du rez-de-chaussée. L’allée était envahie par les mauvaises herbes, et les plates-bandes débordaient de fleurs sauvages. Quant à la pelouse, elle n’avait visiblement pas été tondue depuis une éternité. Une partie de la gouttière s’était décrochée du toit et déversait un flot continu d’eau sur l’auvent du perron, qui semblait prêt à s’écrouler.

Alessandro courut malgré tout jusqu’à ce dernier pour se mettre à l’abri de la pluie. Celle-ci tombait sans discontinuer depuis qu’il avait atterri à Exeter et aucune accalmie ne semblait en vue. Il promena un regard frustré sur la maison décrépite. Etait-elle aussi déserte qu’elle en avait l’air ?

Soudain, un crissement de gravier lui fit tourner la tête.

Dieu merci, il y avait quelqu’un.

Sans doute un jardinier, songea-t-il en regardant s’avancer d’un pas lourd une silhouette chaussée de bottes en caoutchouc et enveloppée d’un imperméable informe. Le visage de l’arrivant était masqué par une grande capuche.

— Mademoiselle Stowe est-elle là ? demanda-t-il d’une voix forte pour couvrir le bruit de la pluie.

Laura Stowe. C’était le nom de la fille de Stefano. D’après les renseignements qu’il avait pu recueillir, Stefano avait rencontré Susan Stowe alors qu’elle séjournait en Italie pour étudier les beaux-arts. La jeune femme était apparemment aussi naïve que jolie, et leur brève liaison avait eu une conséquence prévisible, du nom de Laura. Trois ans plus tard, Susan Stowe était morte, et sa fille avait été élevée par ses grands-parents maternels, ici, dans cette maison.

Nul doute qu’elle allait être ravie d’apprendre qu’elle avait également un grand-père paternel, qui était très riche et ne demandait qu’à l’accueillir chez lui, songea Alessandro avec cynisme. Cette propriété tombait en ruine…

Dire que Tomaso lui faisait jouer les coursiers ! Il avait failli refuser, mais le vieil homme lui avait confié qu’il comptait prendre sa retraite dès qu’il aurait retrouvé sa petite-fille, afin de passer le plus de temps possible avec elle. Cette perspective valait bien quelques efforts…

Néanmoins, il se serait volontiers passé de faire le pied de grue sous la pluie et dans le froid !

— Mademoiselle Stowe est-elle là ? répéta-t-il avec impatience.

— C’est moi, répondit la silhouette. Que voulez-vous ?

Alessandro écarquilla les yeux, incrédule.

— C’est vous ?

* * *

Laura était trop décontenancée par cette visite pour s’amuser de l’air ahuri de l’inconnu. Que pouvait bien lui vouloir un homme aussi élégant ? Et aussi superbe… Car il était d’une beauté à couper le souffle. Ses cheveux de jais encadraient un visage aux traits ciselés évoquant les sculptures de Michel-Ange, dans lequel brillaient des yeux noirs au regard pénétrant. Quant à sa tenue…

Elle s’accordait parfaitement avec la luxueuse voiture dont il venait de descendre. Costume sombre de coupe irréprochable, chemise d’un blanc éclatant, cravate d’un raffinement extrême et chaussures de cuir souple. Inutile d’être férue de mode pour comprendre que ces vêtements n’avaient pas été confectionnés en Angleterre. Ni même chez le meilleur tailleur de Savile Row…

Ils étaient aussi étrangers que leur propriétaire.

L’anglais de ce dernier était parfait mais une pointe d’accent perçait dans sa voix profonde. Italien, sans doute. A cette pensée, Laura sentit une vive émotion s’emparer d’elle.

Aussitôt, elle la réprima. Non, ce n’était qu’une coïncidence.

Impossible que ce soit autre chose.

Pendant un moment, elle continua de fixer l’inconnu en silence, fascinée. Il ne la quittait pas des yeux non plus. Mais ce n’était pas de la fascination qu’on pouvait lire dans son regard…

Il était temps de réagir, décida-t-elle en relevant le menton.

— Oui, déclara-t-elle d’un ton vif. C’est moi, Laura Stowe. Et vous êtes…?

Ignorant sa question, l’homme continua de la dévisager.

Elle serra les dents. Ce regard lui était familier depuis longtemps : c’était celui que tous les hommes posaient sur elle. Un regard qui lui disait sans équivoque qu’ils avaient rarement vu une femme aussi peu attirante.

C’était ainsi depuis toujours.

Ses grands-parents en avaient éprouvé un immense soulagement. Plus que tout, ils avaient craint que leur petite-fille ne connaisse le même destin que leur fille. En effet, que celle-ci soit mère célibataire leur avait causé une honte dont ils ne s’étaient jamais remis. Et en dépit de leur amour immense pour Laura, ils n’avaient jamais réussi à oublier qu’elle était une enfant illégitime. Ils évitaient d’aborder le sujet devant elle, bien sûr, mais elle en avait toujours eu conscience. Pour ses grands-parents, elle était une source d’embarras et d’inquiétude qu’il valait mieux tenir éloignée du monde pour éviter tout problème.

Et Wharton était l’endroit idéal pour cela. Isolé, difficile d’accès. Mais aujourd’hui, un inconnu l’avait déniché. Laura réprima un frisson. Un inconnu qui avait l’accent italien…

De nouveau, elle se répéta qu’il ne s’agissait sûrement que d’une coïncidence.

Même si elle était habituée aux regards dédaigneux des hommes, celui qu’il posait sur elle la blessait encore plus qu’à l’ordinaire. Mais c’était logique. Un homme aussi séduisant ne pouvait apprécier que les femmes superbes.

De toute évidence, il appartenait à un univers privilégié, peuplé de gens riches et élégants, qui menaient des vies de stars. Un univers aussi éloigné du sien que la planète Mars.

Sauf qu’en l’occurrence, ils n’étaient pas sur Mars mais à Wharton. Chez elle. Et elle avait bien l’intention de savoir ce que cet homme était venu y faire.

Elle avança sous le porche et baissa sa capuche.

— Que voulez-vous ? insista-t-elle d’un ton crispé.

L’inconnu continua de la toiser en silence. Elle réprima un nouveau frisson. Pourquoi ne disait-il rien ? Que voulait-il ? Cette situation devenait angoissante…

— Si vous ne pouvez pas préciser le but de votre visite, je vous prie de partir, ajouta-t-elle sèchement.

Les yeux noirs étincelèrent. De toute évidence, il n’appréciait pas qu’on lui parle de cette manière. Tant pis pour lui. Il n’avait qu’à s’expliquer !

Il pinça les lèvres.

— J’ai un message très important à vous communiquer. Peut-être pourriez-vous ouvrir la porte afin que nous puissions discuter dans un endroit plus confortable ?

Alors qu’elle hésitait, une lueur moqueuse s’alluma dans les yeux noirs.

— Vous n’avez absolument rien à craindre, signorina, déclara-t-il d’un ton narquois.

A son grand dam, Laura sentit ses joues s’enflammer. Le sous-entendu était clair… Quel mufle !

— La porte est fermée à clé, répliqua-t-elle d’un ton glacial. Attendez-moi.

Alessandro la suivit des yeux tandis qu’elle faisait demi-tour dans l’allée envahie de mauvaises herbes, avant de disparaître au coin de la maison.

Dio, comment Stefano avait-il pu engendrer une fille pareille ? Il avait été un homme séduisant aimant les belles femmes. Jamais il n’aurait eu une aventure avec la mère de Laura Stowe, si elle n’avait pas été jolie. N’avaient-ils donc légué ni l’un ni l’autre aucun gène de beauté à leur enfant ?

Et quel caractère ! Parfaitement assorti à son physique… Jamais il n’avait vu quelqu’un d’aussi revêche !

Il avança vers la porte et une énorme goutte de pluie tomba sur son épaule. Il y avait des fuites dans l’auvent, bien sûr… Il crispa la mâchoire. Décidément, ce voyage était un véritable cauchemar ! Dire qu’il avait parcouru un millier de kilomètres pour venir dans ce trou perdu !

Au bout d’un moment qui lui parut interminable, la porte finit par s’ouvrir.

Dès qu’il pénétra dans la maison, une odeur d’humidité le prit à la gorge. Au bout de quelques instants, lorsque ses yeux finirent par s’accoutumer à la pénombre, il distingua un hall étroit au sol dallé, encombré d’un coffre ancien et d’une horloge comtoise. La porte se referma derrière lui, mais le froid et l’humidité en furent à peine atténués.

— Par ici, dit Laura.

Il lui jeta un coup d’œil. Elle avait enlevé son imperméable. Cependant, son pull ample manifestement tricoté à la main, dont un coude était troué et les manches trop longues, n’était guère plus flatteur… Quant à son pantalon de velours, il était innommable. Et mieux valait éviter de chercher un qualificatif pour ses cheveux, attachés sur la nuque par un élastique…

Elle ouvrit une porte recouverte de feutre vert et le conduisit dans une cuisine désuète, dans laquelle une cuisinière à l’ancienne répandait une chaleur agréable. Dieu merci ! songea-t-il avec soulagement.

— Qui êtes-vous et qu’avez-vous à me dire ? lança-t-elle d’un ton brusque.

Il prit le temps de s’asseoir sur la chaise qu’elle lui avait indiquée, puis il demanda une nouvelle fois, sans masquer son incrédulité :

— Vous êtes bien Laura Stowe ?

Elle lui lança un regard hostile.

— Oui. Je vous l’ai déjà dit, il me semble. Et vous êtes…?

Il avait toujours le plus grand mal à la croire. Quel visage disgracieux ! Et son air rébarbatif n’arrangeait rien… Pas de doute, il était impossible de lui trouver la moindre ressemblance avec Stefano.

— Mon nom est Alessandro di Vincenzo. Et je viens de la part de signor Viale.

A l’énoncé de ce nom, les traits de la jeune femme se crispèrent.

— Vous avez entendu parler de lui ?

— Je connais ce nom, répliqua-t-elle d’un ton glacial. Qu’êtes-vous venu faire ici ?

— Signor Viale vient seulement d’apprendre votre existence.

— C’est faux ! Mon père a toujours su que j’existais !

— Je ne parle pas de votre père mais de votre grand-père. Il ne sait que depuis quelques jours qu’il a une petite-fille.

— Eh bien tant pis pour lui ! Et si c’est tout ce que vous avez à me dire, vous pouvez repartir.

Alessandro serra les dents.

— Pas encore, mademoiselle Stowe. Je dois d’abord vous informer que votre grand-père, Tomaso Viale, souhaite vous voir. Il voudrait que vous lui rendiez visite en Italie.

— Il n’en est pas question !

— Mademoiselle Stowe, votre grand-père est un homme âgé et très fragile. La mort de son fils l’a profondément affecté et…

— Mon père est mort ?

Laura avait pâli. L’espace d’un instant, Alessandro se maudit. Pourquoi lui annoncer cette nouvelle de manière aussi brutale ? Mais après tout, elle l’avait cherché ! Elle était trop désagréable pour qu’il ait cherché à la ménager.

— Stefano s’est tué dans un accident d’offshore l’été dernier, précisa-t-il d’un ton neutre.

— L’été dernier…

L’espace d’un instant, l’émotion voila le regard de Laura. Mais très vite, elle se reprit.

— Vous avez fait le voyage pour rien, signor di Vincenzo, déclara-t-elle sèchement. Vous pouvez vous en aller.

— Impossible. Votre grand-père veut que je vous ramène en Italie.

— Pour qui se prend-il ? Je n’irai pas. Mon père a traité ma mère de façon impardonnable. Je ne veux pas entendre parler de sa famille !

L’exaspération d’Alessandro s’accrut. Il était temps d’employer des arguments plus convaincants.

— Vous ne le savez peut-être pas, mais votre grand-père est l’un des hommes les plus fortunés d’Italie. Il serait très judicieux de votre part d’accéder à ses désirs, mademoiselle Stowe. D’un point de vue financier, ce serait très intéressant pour vous.

— Je n’ai que faire de son argent ! Allez-vous-en ! Tout de suite ! Et puisque vous lui servez de messager, dites-lui qu’en ce qui me concerne, je n’ai pas de grand-père ! Tout comme je n’ai pas de père !

Alessandro eut toutes les peines du monde à rester courtois.

— Si votre père a refusé de vous reconnaître, Tomaso n’y est pour rien.

— Vraiment ? Pour ma part, j’estime qu’il était responsable de l’éducation de son fils. Or, il a lamentablement échoué. Mon père était un homme méprisable. Je vous répète que je ne veux pas entendre parler de sa famille !

Alessandro se leva.

— Basta !

Il débita quelques jurons en italien sur un ton cinglant avant de reprendre en anglais :

— Que vous refusiez de rendre visite à votre grand-père, ce n’est sans doute pas plus mal. Je peux vous assurer que vous seriez une immense déception pour lui. Mais cela m’oblige à dire à un vieil homme souffrant, brisé par la disparition de son fils, que la seule parente qui lui reste est une femme irascible, têtue et insensible, qui le condamne sans même l’avoir vu. Au revoir, mademoiselle.

Sur ces mots, il quitta la pièce.

Quelques secondes plus tard, Laura entendit la porte d’entrée claquer, puis la voiture démarrer et s’éloigner.

Elle tremblait, constata-t-elle avec dépit. Mais quoi de plus normal ? C’était le contrecoup. Pour la première fois de sa vie, elle avait des nouvelles de la famille de son père ! Jusque-là, lors des rares occasions où ce dernier avait été évoqué devant elle, c’était avec rancœur. Sa mère n’avait pas eu le temps de lui parler de lui, et ses grands-parents lui avaient toujours fait comprendre que c’était un être ignoble.

Mais aujourd’hui, il était mort.

Le cœur de Laura se serra. Désormais, elle n’entendrait plus jamais parler de lui. Et cela lui convenait parfaitement. Elle ne voulait rien savoir de lui ! Jamais !

Malgré tout, apprendre sa mort aussi brutalement était un véritable choc.

Elle ne l’avait jamais connu et elle ne le connaîtrait jamais…

Prenant une profonde inspiration, elle s’efforça de se ressaisir. Il ne manquerait plus qu’elle se mette à pleurer ! Elle en savait suffisamment à son sujet pour être ravie de ne l’avoir jamais rencontré.

Il l’avait rejetée. Il avait décidé de vivre comme si elle n’existait pas…

Ce n’était qu’un play-boy trop gâté, qui ne pensait qu’à lui-même et qui considérait les femmes comme des jouets. Un vulgaire don Juan qui se croyait tout permis parce qu’il était riche et séduisant !

Comme le messager qu’on lui avait envoyé d’Italie…

Sans qu’elle le veuille, son regard se posa sur la chaise où était assis son visiteur quelques instants plus tôt. Prenant une profonde inspiration, elle redressa les épaules. Elle ferait bien de se remettre au travail.

Le cœur lourd, elle ressortit sous la pluie pour finir de rentrer le bois.

* * *

Alessandro s’installa dans le fauteuil de chintz avec un soupir de soulagement, avant de promener un regard satisfait sur l’élégant salon de la suite que lui avait réservée son assistante. Il devait passer la nuit à l’hôtel Lidford House, avant de reprendre l’avion pour Londres le lendemain matin. Enfin un manoir anglais digne de ce nom ! Rien à voir avec la baraque délabrée de Laura Stowe…

Il but une gorgée de martini avec délice. Dio, cette fille était une véritable mégère ! Et elle était aussi déplaisante moralement que physiquement ! Même s’il en voulait toujours à Tomaso de l’avoir obligé à jouer les messagers, il ne pouvait s’empêcher d’avoir pitié de lui. Il ne souhaitait à personne une petite-fille comme elle !

Il plissa le front. Tomaso allait être cruellement déçu. S’il tenait à faire la connaissance de sa petite-fille ce n’était sûrement pas dans le seul but d’atténuer sa peine. Nul doute qu’il voyait en elle un espoir d’assurer sa descendance.

Eh bien, il pouvait toujours courir pour trouver un mari à cette harpie !

Alessandro but une autre gorgée de martini en savourant la chaleur du feu de cheminée qui crépitait devant lui.

En d’autres circonstances, il aurait éprouvé de la compassion pour cette fille. Etre aussi peu gâtée par la nature ne devait pas faciliter la vie. Mais elle s’était montrée si agressive qu’il n’avait aucune envie de s’apitoyer sur son sort !

Heureusement, il en avait terminé avec elle. Il avait accompli la mission dont l’avait chargé Tomaso et si sa petite-fille avait refusé de le suivre en Italie, il n’y était pour rien.

Ce n’était pas son problème.

* * *

A son retour en Italie, deux jours plus tard, Alessandro constata rapidement que Tomaso ne partageait pas ce point de vue.

— Quoi ? s’écria-t-il avec incrédulité.

Question purement rhétorique. Il avait la réponse sous les yeux, dans la note laconique que venait de lui tendre son assistante. Signée du président de Viale-Vincenzo, celle-ci l’informait qu’il n’était plus directeur général de la société.

Une colère noire le submergea. Certes, il restait l’un des actionnaires principaux de Viale-Vincenzo, mais il n’aurait plus aucune autorité. Et bien sûr, il perdait tout espoir d’accéder un jour à la présidence.

La raison de cette mise à l’écart était évidente. Tomaso ne lui pardonnait pas de ne pas avoir ramené sa petite-fille, et il le tenait pour responsable de son refus.

Dire qu’il avait minimisé l’hostilité de Laura Stowe pour ménager le vieil homme !

— Appelez Tomaso immédiatement et passez-le-moi, ordonna-t-il d’un ton vif.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par LSVILLEJIQUEL 2017-12-05T13:07:49+01:00
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Le déroulement de ce livre fait vraiment très conte de fées : l'héroïne à qui personne ne prête attention puis sur laquelle tout le monde se retourne après un relooking.

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Date de sortie

La fiancée cachée

  • France : 2009-05-01 - Poche (Français)

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