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Depuis plusieurs années, il ne mouillait plus le maillot et se contentait de superviser ses affaires à la manière d’un parrain. La drogue était sa principale source de profit. La prostitution, les filières d’immigration, les jeux clandestins, le trafic d’armes étaient également des branches d’activité, mais il les considérait comme annexes. La police et la justice l’inquiétaient fort peu. Il ne parlait quasiment pas au téléphone, ses proches ne le balanceraient jamais, et si d’aventure les flics réussissaient à monter jusqu’à son étage et à saisir des marchandises ou des produits illicites, il pouvait être assuré qu’un de ses compagnons jouerait le rôle de fusible en endossant à sa place les responsabilités. En contrepartie, il savait se tenir et garantissait aux siens son soutien financier et sa protection lorsqu'ils étaient en difficulté.
Afficher en entierS’il était encore là, c’est parce que Dieu l’avait décidé et voulait lui offrir une deuxième chance… C’est envers lui qu’il se sentait débiteur. En cachette, pour se racheter, il priait. Un acte qu’il ne pratiquait pas auparavant et auquel il ne connaissait pas grand-chose. Grâce à Internet, des sites spécialisés, YouTube, c’est en autodidacte qu’il apprenait les bases de sa religion et savait maintenant les règles de la prière musulmane. Ses recherches l’avaient poussé plus loin, il avait pris conscience que la religion pouvait être un moyen de canaliser sa violence au profit d’une VRAIE cause.
Afficher en entier- Dis-moi, tu devrais jeter un œil sur ton passeport, tu crois que t'as quinze ans pour te fringuer comme ça ? C'est quoi ce pantalon militaire et ce sweat à capuche... Te manque plus que la casquette ! T'es devenu chanteur dans un groupe de rap ?
Afficher en entierParis, novembre 2012
Lorsque les policiers en civil postés rue du Faubourg-Saint-Honoré annoncèrent la progression et l'arrivée du véhicule de Claude de Sainte-Anne, les gardes républicains en faction au palais de l'Élysée s'effacèrent pour laisser entrer sa voiture.
Sur le perron, Pierre Bouttin, le conseiller sécurité et renseignement du président, la mine grave et les yeux perpétuellement fixés sur sa montre, faisait les cent pas depuis déjà quelques minutes. Il n'aimait pas attendre, surtout lorsqu'il s'agissait d'un messager qu'il savait être de mauvais augure.
La 607 s'arrêta devant les escaliers et libéra le chef de la DGSE* et l'un de ses collaborateurs. La capitale était balayée depuis le matin par des bourrasques de vent et de pluie, un majordome se précipita vers les visiteurs en brandissant un parapluie. Tout comme Bouttin, le préfet Sainte-Anne avait la mine des mauvais jours. Les deux hauts fonctionnaires se serrèrent brièvement la main sans échanger du bout des lèvres autre chose qu'un simple bonjour.
D'un pas rapide, Bouttin entraîna dans son sillage ses deux visiteurs à travers un dédale d'escaliers et de couloirs. Ils finirent dans une vaste salle de réunion éclairée par la seule lumière d'un vidéoprojecteur renvoyant l'effigie de la République française et de la présidence. Plusieurs personnes discutaient debout en les attendant. L'air grave des arrivants mit fin à l'ambiance bon enfant et les sourires se figèrent. Sainte-Anne fit le tour de l'assistance. Il les connaissait tous, qu'il s'agisse des membres du gouvernement : Premier ministre, ministres de la Défense et de l'Intérieur ; des généraux : le chef des armées, celui des opérations extérieures; le conseiller du président et des hauts fonctionnaires : le directeur de la sécurité intérieure, celui de la PJ, de la gendarmerie et plusieurs représentants du SGDSN, ainsi que d'autres hauts responsables en charge de la sécurité du pays.
Le conseiller du renseignement leur fit signe de s'asseoir, alors que l'accompagnateur du chef de la DGSE se rapprochait de l'ordinateur portable relié au vidéoprojecteur. Il inséra une clé USB. Ici, pas d'Internet, aucune connexion possible avec l'extérieur. Pendant qu'il s'affairait, la porte de la salle s'ouvrit sur le président de la République. Tous se levèrent avec respect mais, d'un revers de la main et sans un mot, le chef de l'État coupa leur élan et leur fit signe de se rasseoir. Il prit place en bout de table, dans le fauteuil qui lui était réservé. Ils connaissaient la raison de leur présence ici. Un échange de regards entre Bouttin et Sainte-Anne, et l'opérateur lança une vidéo. L'image était de bonne qualité. Le film commença par montrer une étendue aride de poussière et de pierraille, avant de se focaliser sur un fossé d'environ un mètre cinquante de large sur une dizaine de long. Des morceaux de bois et de pneus en tapissaient le fond. Devant cette excavation, bien en retrait, se trouvait une tente ouverte sur toute la face avant. Une sorte d'estrade avait été dressée et l'abri en toile était recouvert d'inscriptions en arabe.
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