Extraits

Peut-être que je glissais dans la folie et que j'étais victime d'hallucination. J'en avais bien conscience: pendant mes périodes d'écritures, je marchait souvent sur un fil. Ecrire me laissait dans un état étrange: la réalité laissait peu à peu place à la fiction est mes héros devenait parfois si réèls qu'ils m'accompagnaient partout. Leurs souffrances, leurs doutes, leurs bonheurs devenaient les miens et continuaient à me hanter bien après le point final d'un roman. Mes personnages m'escortaient dans mes rêves et je les retrouvais le matin à la table du petit déjeuner. Ils étaient avec moi lorsque j'allais faire mes courses, lorsque je dî^nais au restaurant, lorsque j'allais pisser et même lorsque je fasais l'amour. C'était à la fois grisant et pathétique, enivrant et perturbant, mais juqu'à présent j'avais su contenir ce doux délire dans les bornes de la raisons. Tout compte fais, si mes égarements m'avaient mis en danger, ils ne m'avaient jamais encore conduits aux frontières de la folie. Pouequoi l'auraient-ils fait aujourd'hui, alors que je n'avais plus écrit une seule lignes depuis des mois?

- c'est pour qui? demandai-je

- pour Lili, me répondit une voix douce et posée.

emporté par mon élan, j'allais orthographier son nom sur la première page lorsqu'elle ajouta:

-mais si tu préféres Billie...

- Vous avez quel âge ?

- Trente-six ans, dis-je en fronçant les sourcils.

- Dix ans de plus que moi, constata-t-elle.

- Oui, et alors ?

- Alors rien, fit-elle en sifflotant.

- Si vous comptez me servir le couplet sur le fossé des générations, je vous arrête tout de suite, ma petite!

- Mon grand-père m'appelle "ma petite" ...

Au niveau de la plage de Santa Monica, Milo prit l'Interstate 10, en direction de Sacramento.

- Tu as vu les résultats du base-ball ? demanda-t-il d'un ton enjoué en me tendant son iPhone connecté sur un site sportif. Les "Angels" ont battu les Yankees !

Je jetai un coup d'oeil distrait à l'écran.

- Milo ?

- Oui ?

- C'est la route qu'il faut regarder, pas moi.

C'est à une demi-heure d'ici. J'y suis dans dix minutes.

La mort viendra et elle aura tes yeux...

— Bien sûr que non, mais toi, tu crois à autre chose : à cette idée qu'il n'y aurait sur cette Terre qu'une seule personne faite pour nous. Comme une sorte de part manquante originelle dont on aurait gardé la marque dans notre chair et dans notre âme

" La vie n'était pas un jeu vidéo avec un nombre de choix multiples. Le temps passe et on passe avec lui, faisant le plus souvent ce qu'on peut plutôt que ce que l'on veut. Le destin fait le reste et la chance vient mettre son grain de sel dans tout ça. C'est tout. "

Comme le photographe qui échoue à saisir une image évanescente qui ne se présentera plus jamais, j'avais laissé passer l'instant décisif, celui qui aurait pu faire basculer ma vie du côté des rires et de la lumière...

Ce qui compte, ce ne sont pas les coups que l'on donne mais ceux que l'on reçoit et auxquels on résiste pour aller de l'avant.