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Château de Nantes, mai 1502
— Cet imbécile ne s’est aperçu de rien ? Tu en es sûre, Armelle ?
— Vous ai-je déjà déçu, monseigneur ? roucoula-t-elle, finissant de relire avec attention la copie d’une lettre qu’elle avait interceptée deux jours auparavant.
Aguicheuse, elle s’approcha du jeune comte Louis de Montpensier, son amant, dans le plus simple appareil.
— Non, Armelle, ni dans un lit ni dans les basses besognes. Il faut avouer qu’en catin et en espionne, tu excelles, c’est vrai. Tu vaux bien une armée et un bordel à toi toute seule.
Loin de se vexer, Armelle rit et vint prendre place à côté de lui sur le lit défait.
— Le messager a eu la mauvaise idée d’aller boire à l’auberge, après avoir reçu le courrier destiné à l’évêque, expliqua-t-elle, en se lovant contre lui. Il a été facile de lui faire boire une potion. Il a dormi quelques heures et j’en ai profité pour le libérer de son petit fardeau. Un jeu d’enfant ! Il ne s’est rendu compte de rien et est reparti en direction de Ker Glenn sans demander son reste.
— Le faussaire ?
— Un écrivain public qui me devait un petit service…
— La femme qui travaille au palais épiscopal ?
— Elle ne dira rien, répondit-elle, en haussant les épaules. Les morts ne parlent pas.
— Tu l’as tuée ? demanda le comte, l’air surpris. Était-ce vraiment utile ?
— Utile ? Je ne sais pas, mais les coupe-gorge ne manquent pas en ville, les assassins non plus. Certains feraient n’importent quoi pour un ou deux écus d’argent.
— Est-il possible qu’on remonte jusqu’à nous ?
Armelle se fit féline et caressa d’une main experte le torse et le ventre du jeune seigneur, tout en lui exposant sa jolie poitrine.
— Non. Et je sais où est votre sœur, maintenant.
— Ce n’est pas ma sœur, mais une bâtarde de trop pour mon père ! la coupa-t-il, amer. Il en a déjà semé assez en Italie et à Jérusalem au cours de ses expéditions. Mais celle-là me pose problème, je refuse de voir mon nom déshonoré pour une fillette insignifiante. La bâtarde de Katel de Ker Glenn doit disparaître !
— Il y a une différence entre une aventure passagère et le viol d’une noble dame… Guerre ou pas.
La gifle qu’elle reçut la fit à peine sourciller.
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