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Voilà! dit Carlo tranquillement. Plus personne ne viendra nous déranger. Appuyé d'une main à la colonne du lit, les yeux bien ouverts montrant des prunelles bleues où passaient une flamme de gaieté , il avait complètement perdu son air endormi et regardait la jeune femme en jouissant de sa surprise. Il s'était un peu redressé et, s'il était toujours laid, il inspirait beaucoup moins cette pitié mélangée de dégoût discret que l'on réserve en général aux arriérés.
Fiora ne trouvant toujours rien à dire, il émit une sorte de gloussement et se mit à rire:
-Ne faites pas cette tête ma chère Spoiler(cliquez pour révéler)épouse!! Le fait que je vous livre mon secret devrait vous assurer sur mes intentions.
Afficher en entierLe manoir s'appelait La Rabaudière, mais, depuis longtemps, les gens des alentours l'avaient surnommé la maison aux pervenches à cause des longues traînées bleues qui, au printemps, éclairaient le sous-bois et eussent envahi le jardin si l'on n'y avais mis bon ordre ; elles se rattrapaient en s'accrochant à la terrasse qui, du côté du fleuve, soulignait les fenêtres de la grande salle.
Afficher en entierJamais son père ne l’avait astreinte à « l’obéissance » ! C’était un terme qui ne faisait pas partie de son vocabulaire. Quant à lui, le mari si fraîchement retrouvé et qui osait parler en maître, il viendrait, s’il voulait la revoir, jusqu’en Touraine, pour la chercher dans le manoir que le roi Louis lui avait offert en récompense des peines endurées à son service.
Une sortie hautaine mais rapide avait sauvé la rebelle d’une violente réaction de colère conjugale. Philippe savait trop quel genre de services Fiora avait rendus à l’astucieux souverain, comment elle avait pris au piège de son ensorcelante beauté le condottiere Campobasso qui, pour la reprendre, avait trahi le Téméraire au jour du dernier combat. Fiora avait regretté ces heures d’aberration, mais Philippe trouvait du dernier mauvais goût qu’elle les lui rappelât en évoquant le paiement qu’elle en avait reçu. Pour cette seule raison, il n’avait pas poursuivi la fugitive. Il avait espéré qu’elle reviendrait, un peu confuse, mais tendre et déjà prête à reprendre avec lui le jeu grisant de l’amour. Elle n’était pas revenue. Une heure plus tard, Fiora quittait Nancy à destination du Plessis-lès-Tours, le château royal, en compagnie de sa vieille amie dame Léonarde Mercet et escortée du sergent La Bourrasque, autrement dit Douglas Mortimer, des Mortimer de Glen Livet, l’un des plus brillants officiers de la fameuse Garde écossaise du roi Louis. Aucune réconciliation n’était possible, car, pour rien au monde, Philippe ne se fût lancé à la poursuite de sa femme dès l’instant que sa route la menait vers le plus redoutable ennemi du défunt duc de Bourgogne. Le lendemain, Philippe quittait à son tour la Lorraine afin de rejoindre, à Gand, la princesse Marie de Bourgogne et la duchesse veuve Marguerite qui s’efforçaient de rassembler leurs fidèles pour faire face à un horizon devenu singulièrement sombre. La politique creusait à nouveau le fossé que l’amour croyait avoir comblé à jamais...
Afficher en entierPhilippe de Selongeley attendait la mort.
Pas comme une ennemie - il l'avait rencontrée trop souvent au hasard des sièges et des batailles pour la confondre avec un quelconque adversaire. Non, plus comme une épouvante, car elle pouvait être le suprême visage de la miséricorde. Plutôt comme une visiteuse importune qui s'insinue et s'installe au moment où l'on souhaite le moins sa présence.
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