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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:41:39+02:00

J’écoute Iréna Sendler. Les murs jaunes de son appartement s’effacent, et je l’imagine à l’époque, à l’âge de trente ans, des larmes plein les yeux, faisant hurler un dogue pour tromper les SS. Tant de courage, tant de ruse pour que ses protégés passent, sauvés par un chien méchant… Je pense à tous ceux que d’autres chiens ont traqués, débusqués devant des mitraillettes.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:41:32+02:00

… Oui, il était possible de braver l’interdit, de sortir du Ghetto. Mais suffisait-il d’ôter son étoile jaune et, faux papiers en poche, de marcher d’un air dégagé ? Ensuite, où aller ? Il fallait des amis sûrs, ou un réseau fidèle qui offrirait adresses, cachettes et relais. Beaucoup, parmi les Juifs du Ghetto, le savaient : ils n’auraient pas fait dix pas dehors sans être arrêtés – deux mille ans d’exil n’avaient pas atténué le noir de leur chevelure, si vite repérable au milieu des têtes blondes de la foule polonaise.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:41:17+02:00

La nation juive… ces mots me vont droit au coeur. Car, enfin, la famille Sendler ainsi que toutes les amies infirmières d’Iréna sont catholiques. Dans les années trente, Iréna Sendler n’hésite pas à faire front, à braver, à contester l’atmosphère antisémite qui règne alors à l’université de Varsovie. Sur les cartes d’étudiant figure la mention Juif ou Polonais : de rage, sur la sienne elle raye Polonaise. Suspendue de l’université, elle n’obtiendra que cinq ans plus tard, grâce à des professeurs libéraux, son diplôme de sociologie. Elle évoque tout cela avec le sourire, et je devine l’ardeur de la jeune fille, jadis, qui entraînait ses camarades à refuser l’injustice.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:41:10+02:00

Je m’exécute. Au bout de quelques lignes, je comprends qu’il se cache là tout une histoire. Son père, médecin, soignait sans les faire payer de nombreux Juifs démunis de son quartier. Toute son enfance, la petite Iréna l’a passée à jouer avec les enfants juifs de son âge. Elle parlait le yiddish. À la mort du médecin, frappé par le typhus, les représentants de la communauté juive ont proposé à sa mère de prendre en charge l’éducation d’Iréna, en signe de gratitude pour l’action de son père, dont ils voulaient honorer la mémoire. Sa mère, par fierté, avait décliné l’offre, préférant travailler dans un restaurant pour assurer les études de sa fille, mais elles continuèrent, bien entendu, de fréquenter leurs nombreux amis juifs.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:41:02+02:00

On m’a toujours affirmé qu’en Pologne les Juifs n’avaient trouvé personne pour leur tendre la main, et voilà une femme qui, avec l’aide de quelques amies, a réussi à sauver tant d’enfants ! Iréna Sendler sent ma surprise, mon incrédulité. C’est que je viens de penser à l’équation terrible d’une Juive polonaise, Margaret Acher, qui doit elle-même aux bonnes soeurs d’un couvent de Plody d’être toujours en vie :

« Il fallait mille Polonais pour sauver un Juif. Mais il suffisait d’un Polonais pour dénoncer mille Juifs. »

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:40:51+02:00

Une minuscule chapelle de la Vierge, badigeonnée de blanc, s’adosse à un pan d’immeuble, comme souvent en Pologne. Je suis dans une cour carrée délabrée autour de laquelle, de manière typiquement polonaise, se regroupent les bâtiments. C’est ici, dans le quartier populaire de Mokotow, qu’habite Iréna Sendler. Elle vit dans trois petites pièces de quatre mètres carrés, au deuxième étage d’un immeuble vétuste. Elle est âgée de quatre-vingt-quatre ans. Impotente, elle ne se déplace qu’à l’aide d’un déambulatoire. Mais son visage rond, solide, porte encore une expression juvénile. Elle sourit en plissant les yeux, avec des malices de fillette. Ses cheveux sont blancs, mais elle est coiffée comme une écolière des années trente : une barrette brillante, juste au-dessus de son front, retient une mèche lissée avec soin.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:40:41+02:00

De l’Alsace à l’Oural, le yiddish était alors la langue de dix millions de personnes, une langue vivante dans laquelle des êtres chantaient, pleuraient, riaient, et surtout rêvaient du salut de toute l’humanité.

Lien indispensable entre l’Orient et l’Occident, entre les nations et l’universel, intelligence qui traversait toutes les recherches scientifiques et toutes les batailles politiques : ce monde, cette langue et le monde de cette langue, on avait fini par les croire immortels.

Pourtant, il me suffit de poser les yeux sur l’étendue de l’ancien Ghetto et d’écouter ce silence de ma langue maternelle alentour pour constater qu’ici, avec les rues et les maisons de jadis, l’immortel lui aussi a été englouti.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:40:32+02:00

De la rue Smocza, il ne reste qu’une plaque émaillée sur un pan de mur. Les seuls repères tangibles de mon lieu de naissance sont donc cette plaque portant le nom de la rue ainsi que cette église de briques rouges plutôt banale, sinon laide, que les bombes ont épargnée et que je voyais, enfant, depuis notre balcon.

Mais où, ce balcon ? Où, l’ancienne rue ?

Ce monde englouti recèle en son creux un malaise, une absence sonore : celle d’une langue, ma langue maternelle, le yiddish. Oui, je ressens ce silence comme une plaie vive, comme un manque.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:40:13+02:00

La présence des Juifs en Pologne est signalée depuis le VIIe siècle. La Chronique de maître Vincent (Kadeluba) laisse penser que, vers 1170-1180, les Juifs, placés sous la protection du roi, étaient déjà nombreux à Cracovie – et cela à une époque où ils étaient persécutés presque partout ailleurs en Europe.

Trois millions et demi de Juifs, soit dix pour cent de la population de ce pays, vivaient en Pologne avant la guerre. Cent mille seulement, dont la majorité avait pu s’enfuir et trouver refuge en Union soviétique, ont survécu aux persécutions nazies. Il n’en reste aujourd’hui que huit mille, pour la plupart âgés et malades. Cette présence juive a pourtant laissé des traces indélébiles dans la littérature polonaise classique et dans les manuels d’histoire…

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-03-31T21:39:27+02:00

Tout commence, tout recommence, par une chanson yiddish, une berceuse composée par ma mère. Dès que je l’écoute, elle m’entraîne irrésistiblement vers mon enfance, vers Varsovie, où je suis né.

Varsovie, donc, au commencement de ma quête. Plus de quarante ans que je n’y étais retourné. Une ville triste. En janvier 1994, il y fait froid, il neige. Les passants, toujours habillés à la soviétique (bottes boueuses, manteaux en plastique, fausses fourrures), traversent les rues en groupe, le pas pressé. Le ciel pèse. Les femmes s’enlaidissent de bonnets tricotés. Les vieux trams rouges passent en grinçant de toutes leurs ferrailles, et la plainte métallique de leurs freins, que je n’avais entendue depuis bien longtemps, me glace.

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