Extraits

Dans un an, ajouta-t-il, la plupart des mythagos les plus hostiles se seront effacés pour retourner au néant et elle sera moins en danger. »

Il y a un passage dans le cahier de notes de mon père qui paraît constituer un tournant décisif dans ses recherches et dans sa vie. Il est plus long que les autres notes de la même période et se trouve placé à la suite d’un silence de sept mois, à en croire les dates.

Bientôt cet étrange festin fut terminé. L’homme se remit debout et, d’un coup sec de la laisse, tira le chien de l’endroit où il léchait bruyamment le sol. Il dit un mot qui me parut intuitivement vouloir dire « merci » et était sur le point de faire demi-tour lorsque le molosse huma quelque chose.

Vers la fin de l’après-midi, je m’étais résigné à rester seul pendant un certain temps, car où que fut allé Christian (et j’avais ma petite idée à ce sujet) il avait clairement indiqué que c’était pour plusieurs jours.

Avec l’esprit ainsi tourné vers ces événements anciens, les souvenirs me revenaient peu à peu, images de mon enfance : la caresse brûlante du soleil sur ma peau écorchée par les ronces des mûriers ; les parties de pêche sur l’étang ; les cabanes dans les arbres, les jeux, les expéditions… et soudain je me souvins du Branchu.

Je savais qu’il me faudrait bien retourner à la maison, mais je retardai néanmoins mon départ d’encore presque un an. C’est pendant cette période que le courrier de Christian cessa brusquement d’arriver.

« Par un certain après-midi, après avoir tué un cerf huit cors, un sanglier qui faisait deux fois la taille d’un homme et avoir guéri quatre villages de leurs mauvaises manières, Mogoch, un chef de clan, s’assit sur le rivage pour se reposer.

"Il peut donc y avoir des mythagos aussi récents que cela", dis-je calmement, plutôt étonné. Il m'était néanmoins facile d'imaginer comment les horreurs des tranchées des Flandres avaient pu provoquer la formation d'une incarnation d'espoir chez toute une génération angoissée, un personnage en lequel on pouvait avoir confiance, que l'on pourrait suivre, et qui redonnerait du coeur au ventre aux soldats perdus et terrifiés.