Extraits

— Je n’ai pas envie que vous partiez.

— De quoi avez-vous envie Michaël, vous si réservé, si marmoréen ?

— J’ai une irrésistible envie d’entraver l’interdit, de bafouer les valeurs qu’on m’a inculquées ...

— Vous ne répondez pas à ma question !

— J’ai envie de voir le désir enflammer vos yeux... Louise partez maintenant, je vous en prie, partez, dit-il en détournant son regard du mien.

L’un est un Démon à l’allure angélique prisonnier d’un miroir ; l’autre est un beau ténébreux que je ne peux approcher au risque de m’attirer les foudres de l’Enfer... En résumé, tous deux sont inaccessibles ! C’est bien ma veine.

Ta beauté n’a pas d’égale à mes yeux... Libère-moi et je te serai à jamais soumis.

— Vous libérer ? Jamais !

— Approche immédiatement ! ordonne-t-il d’une voix sans appel.

— Qui a osé lever la main sur toi ? Qui t’a infligé cette meurtrissure ?

— Je n’ai rien de plus qu’une égratignure.

— Qui ? somme-t-il.

Il te suffit de prononcer cette phrase :

« Samaël, par ta puissance viens à moi ! Par les Ténèbres apparais dans ce miroir, ô toi qui en es le Prince ».

— Tu es très en beauté ce soir La Belle mais ce n’est pas pour moi, fait-il remarquer vertement.

— Je sors rarement avec un miroir, excusez-moi !

Soit je suis bonne pour l’asile soit je joue un «remake» de Blanche-Neige... Manque de pot pour moi, on dirait bien que j’incarne le rôle de la vilaine reine !

— Samaël, le Prince des Démons.

Séduisant et machiavélique, fan de Walt Disney et surtout très dangereux... Dans quoi me suis-je encore embarquée ?

La littérature apocalyptique me surnomme « l’Ange de la mort ». La littérature cabalistique prétend que je suis Satan.

Selon les rabbins, je serais monté sur le serpent pour séduire Eve et l’inciter à commettre le péché.

Ils prétendent également que je suis le véritable père de Caïn.

Tandis que le livre chaldéen des nombres me voit comme détenteur de la sagesse occulte...

— Qui est là ? Montrez-vous !

Je saisis le manche d’un coupe-papier pour paraître plus forte en pareille situation.

— Louise, Louise, La Belle, entonne la voix.

— Où êtes-vous ?

— Esclave du miroir, j’accours du plus profond des espaces. Par les vents et les ténèbres, je te montre ma face...

Il plonge son regard dans le mien et semble attendre que je baisse les yeux la première mais c’est très mal me connaître. Même si je ne suis pas insensible à son charme, il ne gagnera pas à ce jeu avec moi... enfin, je l’espère.