La Grande rivière au cœur double

Il vit que le café bouillait. Le couvercle se souleva et du café mêlé de marc coula le long de la cafetière. Nick la retira du grill. C’était un triomphe pour Hopkins. Il mit du sucre dans le quart vidé de ses abricots et y versa un peu de café pour le faire refroidir. L’anse de la cafetière était trop chaude pour verser et il la saisit avec son chapeau. Il ne laisserait pas infuser dans la cafetière du tout. Pas pour la première tasse. Il suivrait la méthode d’Hopkins à la lettre jusqu’au bout. Hop le méritait bien. Il faisait toujours le café avec le plus grand sérieux. C’était l’homme le plus sérieux que Nick eût jamais rencontré. Non pas pesant, sérieux. Il y avait bien longtemps de cela. Hopkins parlait sans remuer les lèvres. C’était un ancien joueur de polo. Il avait gagné des millions de dollars au Texas. Lorsqu’il avait reçu le télégramme annonçant qu’un premier grand puits était fait, il avait emprunté le prix du voyage en voiture pour se rendre à Chicago. Il aurait pu demander de l’argent par télégramme. Cela aurait pris trop de temps. On appelait la petite amie de Hop la Vénus blonde. Hop n’en prenait pas ombrage parce qu’elle n’était pas sa vraie petite amie. Hopkins affirmait avec une grande assurance qu’il ne permettrait à personne de tourner en dérision son amie de cœur. Il avait raison. Hopkins partit à l’arrivée du télégramme. Cela se passait sur la rivière Noire. Le télégramme avait mis huit jours à lui parvenir. Hopkins fit à Nick présent de son Colt automatique calibre 22. Il donna à Bill son appareil photo. En souvenir. Ils retourneraient tous pêcher ensemble l’été prochain. L’ami Hop était riche. Il achèterait un yacht et ils iraient tous croiser le long de la côte nord du lac Supérieur. Il était tout excité, mais sérieux. Ils se dirent au revoir et ils se sentaient tristes. Un vrai contretemps. Ils ne revirent jamais Hopkins. Cela s’était passé il y a fort longtemps sur la rivière Noire.