Les Royaumes oubliés : La Guerre de la Reine araignée, Tome 1 : Dissolution

La présence d’une clarté vacillante discordait dans ce royaume brumeux empli d’un chaos ténébreux, un lieu où toute chose était auréolée d’une incertitude évoquant maintes dangerosités et perfidies. Cette clarté, l’éclat cristallin d’un simple fil de soie, attira cependant son regard et lui révéla le présent et l’avenir proche, ainsi que son statut et son statut en devenir.

L’éclat de lumière qui perçait les sombres Abysses promettait un renouveau et une gloire supérieure. Cette promesse fit naître en elle une ivresse en raison de son danger inhérent, un danger mortel pour une créature par nature immortelle. Cette attirance constituait même la plus grande satisfaction de cette métamorphose annoncée. La mère du chaos représentait la peur, et non le mal, et le plaisir occasionné par le chaos était lié à la peur incessante de l’inconnu, à l’éventuelle transformation de toute chose et à la compréhension que chaque tour et détour pouvaient mener au désastre.

C’était une réalité que les drows n’avaient jamais réellement saisie et comprise, et elle préférait que perdure leur ignorance. Aux yeux des elfes noirs, le chaos était le moyen de gagner en toute chose – dans le tumulte de la société drow, il n’existait aucune voie absolue pour qu’un individu puisse changer de statut. S’ils ne le comprenaient pas, elle savait que la beauté de la chose n’était pas l’ascension en elle-même. La beauté de la chose se trouvait dans l’instant, dans chaque instant, de cette vie passée à se débattre dans le tourbillon de l’inconnu, le vortex né du chaos absolu.

Cet instant présent était par conséquent une avancée, mais cette dernière impliquait un danger, un risque qui pourrait transporter le chaos inhérent à son monde vers d’autres cieux et d’autres étonnements. Elle espérait seulement conserver sa pleine conscience afin d’assister à tous les changements – et de les savourer.

Mais cela importait peu finalement. Malgré la distance, elle ressentirait le plaisir lié à leur peur et à la soif inextinguible de leurs ambitions personnelles.

L’éclat cristallin de ce simple fil de soie, qui transperçait la brume grisâtre et perpétuelle de ce plan chaotique, fit naître un dessein bien particulier chez cette créature aux désirs changeants et lui rappela qu’il était temps d’agir, ce temps se délitant rapidement.

Ne quittant pas l’éclat cristallin du regard, la créature se tourna lentement et commença à s’enrouler autour du fil de soie… le premier parmi des millions d’autres.

Le commencement d’une métamorphose, la promesse d’un chaos.