Extraits

Coeur de Feu effleura la surface immaculée. Au début, elle tint bon, mais quand il appuya plus fort, la croute glacée se fissura et sa patte s'enfonça. Il se retrouva avec de la neige jusqu'au museau et éternua. Il secoua la tête, releva le menton, bondit en avant... et disparut dans une congère plus profonde. Il continua de se démener, affolé. Il avait l'impression de se noyer au milieu des flocons !

D'un seul coup, ses coussinets touchèrent le sol. Il se trouvait à l'orée de la clairière, où le tapis blanc était haut comme une souris: il s'assit, soulagé, dans un léger crissement.

" Ils firent leur toilette, puis le lever de la lune et la fraîcheur de la nuit les poussèrent à rentrerse coucher. Au bout de quelques instants, Plume Grise ronflait déja. Coeur de Feu, lui, restait éveillé. L'image de la chatte pleine lui revenait sans cesse, ainsi que sa douce odeur.

Celle-ci hanta ses songes. Il était allongé, chaton, contre le ventre de sa mère, dans un panier plus moelleux que la mousse de la forêt, avec ses frères et soeur.

Il se réveilla en sursaut. La chatte qu'il avait vue dans les bois était sa soeur !

- Espèce d'imbécile ! jeta-t-elle, les oreilles couchés en arrière. Qu'es-tu venu faire sur mon territoire ?

- Me noyer ? suggéra-t-il.

Elle agite les oreilles, et les félin roux perçut son amusement.

- Et tu ne peut pas faire ça chez toi ?

Les moustache du mal frémirent.

- Si ... mais dans ce cas, qui me sauverait ? rétorqua-t-il d'une voix rauque.

[...]

Coeur de Feu se retourne vers Plume grise.

- Nous devons partir

- "Je sais". Le matou cendré se redressa et regarda la chatte. "Merci encore"

Elle s'inclina avec grâce et siffla.

- Filez, et en vitesse ! Si mon père savait que j'ai sauvé un intrus du Clan du Tonnerre, il m'étriperait.

- Pourquoi l'as-tu fait alors ? la taquina t-il.

Elle détourna le regard.

- Par instinct. Je ne peut pas laisser un chat se noyer. Allez-vous-en !

Coeur de feu se leva.

- Merci cette vilaine boule de poil m'aurait manqué si elle s'était noyée. Il donna un coup de museau à son ami, qui ne s'était pas encore ébroué : il était trempé jusqu'au os. Aller il est temps de rentrer au camp. Tu est glacé !

- J'arrive ! rétorqua le jeune mal. Mais avant de suivre son complice il se retourne vers la chatte. Comment t'appelles-tu ? Moi, c'est Plume Grise.

- Et moi, Rivière d'Argent ! répondit-elle avant de retourner en hâte sur la glace et de franchir la rivière d'un bond.

Les deux chasseurs conduisirent leurs apprentis vers la frontière à travers les fougères. Coeur de Feu vit son cammarade se retourner plus d'une fois. Ce détails n'échappa pas non plus à Nuage Cendré. Elle leva la tête, espiègle.

- Jolie, cette chatte du Clan de la Rivière, non ?

- Cœur de Feu, Plume Grise, j'ai une importante mission à vous confier, lança Etoile Bleue.

- Une mission ? Répéta le chat roux.

- Je veux que vous retrouviez le Clan du Vent pour le ramener sur son territoire.

"J'ai décidé d'accueillir ce petit au sein de la tribu", déclara-t-elle.

Quand Nuage de Jais réapparu, flanqué de Gerboise, Coeur de Feu était presque trempé jusqu'aux os. Il salua le matou noir et blanc d'un miaulement amical, content de le revoir.

"Vous êtes sûr qu'il remonte de l'autre côté? s'inquiéta-t-il.

-Il passe au-dessous du chemin de Tonnerre. Vous ne l'avez jamais utilisé? s'étonna le jeune guerrier.

-Quand nous traversons, nous préférons savoir où nous allons.*, grommela le lieutenant. Après toi.

"Il est vite? s'enquit Plume Grise.

-A l'odeur, on dirait bien.

-Alors viens."

Plume Grise entra le premier. Au bout de quelques pas, la pente diminuait.

"En tout cas, il ne faudrait qu'on le croise ici!" répondit Plume Grise en désignant de la queue le vaste territoire d'hommes. Ce sera déjà assez difficile comme ça d'éviter les Bipèdes, les rats et les chiens!"

"Vous vous rappelez comment vous rendent au territoire du Vent?

-Oh oui! On y était il y a peine...

-A peine quelques lunes", le coupa le chat roux à la hâte.