La Honte !

La folie collective. Était-ce ce qui expliquait notre frénésie de lynchage, notre guerre de plus en plus acharnée contre les défauts des gens ? C’est une idée qui est évoquée par certains sociologues chaque fois qu’une foule devient effrayante. Prenez les émeutes de Londres d’août 2011. Les violences avaient débuté quand un homme de Tottenham, Mark Duggan, avait été abattu par la police. Une manifestation s’en était suivie, qui s’était transformée en cinq jours d’émeutes et de pillages. Les émeutiers étaient à Camden Town, à un kilomètre et demi de chez moi, saccageant des kebabs, un magasin de sport, un autre d’électronique, des boutiques Vodafone. Puis ils avaient atteint Kentish Town, à huit cents mètres de nous. Nous avions frénétiquement verrouillé les portes et regardé avec horreur les infos à la télé. La foule avait été « contaminée » – à en croire le Dr Gary Slutkin de l’Organisation mondiale de la santé – par un « virus qui infecte l’esprit et entraîne des violences collectives motivées par l’appartenance à un groupe ». On se serait cru dans un film de zombies. Dans le Guardian, Jack Levin – un professeur de sociologie et de criminologie à la Northwestern University de Boston – considérait les émeutes comme « la version violente d’une ola… Les gens sont infectés par une contagion émotionnelle. C’est un trait commun à chaque émeute… Les gens se rassemblent en groupe et commettent des actes de violence qu’ils ne commettraient jamais individuellement, même dans leurs rêves les plus fous. »