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C'était l'effet normalisateur de la vieillesse : elle fanait les beautés trop éclatantes et donnait parfois de la patine et du lustre à des physiques plus banals.
Afficher en entier...Mais elle était du monde où les plus belles choses
Ont le pire destin,
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin...
Afficher en entierL’inexactitude n’existe pas en photographie. Toutes les photos sont exactes. Aucune d’elles n’est la vérité. Richard Avedon
Afficher en entierOù peut-on être mieux qu’au sein d’une famille ? Partout ailleurs ! Hervé Bazin
Afficher en entierJ'aurai toujours à portée de main un veux Bic mâchouillé et un bloc-notes froissé. Mes seules armes. A la fois dérisoires et puissantes.
Afficher en entierUne part de moi aurait presque envie de s'allonger à côté d'elle, de caresser sa peau diaphane, de goûter sa bouche rouge, ses lèvres ourlées, d'embrasser ses longs cils recourbés.
Mais une autre part de moi la hait et j'ai un mouvement de recul
Afficher en entierElle allait lancer l'appel lorsqu'elle se rendit compte qu'elle n'était pas seule. Un homme en larmes était assis un peu plus loin. Effondré, il sanglotait, le visage entre ses mains. Manon était terrifiée. A cet instant, elle regretta de ne pas être armée. Elle s'approcha prudemment. L'homme se redressa. Lorsqu'il leva la tête, Manon le reconnut.
- C'est moi qui ai fait ça, dit-il en pointant du doigt le cadavre.
Afficher en entierElle me rappela que pour les femmes comme nous, venues de rien, la vie était une guerre sans relâche : il fallait se battre pour tout, tout le temps. Que souvent les forts et les faibles n'étaient pas ceux que l'on croyait. Que beaucoup de gens menaient en silence de douloureux combats intimes. Elle me dit que la véritable gageure était de savoir mentir dans la durée. Et que, pour bien mentir aux autres, il fallait d'abord se mentir à soi-même.
Il n'y a qu'une seule façon de mentir, Fanny, c'est de nier la vérité : c'est que la vérité soit exterminée par ton mensonge jusqu'à ce que ton mensonge devienne la vérité.
Afficher en entier2017
Bordel de merde !
Le talon d’un des escarpins de Manon venait de se briser net. Bon sang ! Avant d’aller à sa soirée, elle devrait repasser par son appartement et, demain, elle se ferait engueuler par son amie. Elle enleva les chaussures, les glissa dans son sac et continua à avancer pieds nus.
Elle suivait toujours le tracé étroit mais bétonné qui surplombait les falaises. L’air était pur et vivifiant. Le mistral avait éclairci la nuit et constellé le ciel d’étoiles.
La vue époustouflante s’étendait des remparts du vieil Antibes jusqu’à la baie de Nice en passant par les montagnes de l’arrière-pays. À l’abri, derrière les pins, se trouvaient certaines des plus belles propriétés de la Côte d’Azur. On entendait les vagues projeter leur écume et on sentait toute la force et la puissance des flots.
Dans le passé, le lieu avait été le théâtre d’accidents tragiques. La houle avait déjà emporté des pêcheurs, des touristes ou des amoureux qui venaient se bécoter au bord de l’eau. Sous le feu des critiques, les autorités avaient été contraintes de sécuriser le chemin en construisant des escaliers en dur, en balisant le passage et en installant des barrières qui limitaient les velléités des randonneurs de trop s’approcher du bord. Mais il suffisait que le vent se déchaîne quelques heures pour que le site redevienne très dangereux.
Manon arriva justement à un endroit où un pin d’Alep s’était abattu, faisant sauter le garde-corps de la rampe et obstruant le passage. Impossible d’aller plus loin. Elle pensa rebrousser chemin. Il n’y avait pas âme qui vive, ici. La force du mistral avait dissuadé les promeneurs.
Barre-toi, ma fille.
Elle s’immobilisa et écouta le mugissement du vent. Il charriait une sorte de plainte, à la fois proche et lointaine. Une menace sourde.
Bien qu’elle fût pieds nus, elle s’élança sur un rocher pour contourner l’obstacle et continua sa progression avec pour seul éclairage la torche de son téléphone.
Une masse sombre se dessinait en contrebas de la falaise. Manon plissa les yeux. Non, elle était trop loin pour la distinguer. Elle essaya de descendre avec une grande prudence. Il y eut un craquement. L’ourlet de sa robe en dentelle venait de se déchirer, mais elle n’y prêta pas attention. À présent, elle voyait la forme qui l’avait intriguée. C’était un corps. Le cadavre d’une femme, abandonné sur les rochers. Plus elle s’approchait, plus elle était saisie d’horreur. Ce n’était pas un accident. Le visage de la femme avait été fracassé pour n’être plus qu’une bouillie sanguinolente. Mon Dieu. Manon sentit que ses jambes ne la portaient plus et qu’elle était sur le point de s’effondrer. Elle déverrouilla son téléphone pour prévenir les secours. Il n’y avait pas de réseau, mais l’écran indiqua néanmoins : Urgences uniquement. Elle allait lancer l’appel lorsqu’elle se rendit compte qu’elle n’était pas seule. Un homme en larmes était assis un peu plus loin. Effondré, il sanglotait, le visage entre ses mains.
Manon était terrifiée. À cet instant, elle regretta de ne pas être armée. Elle s’approcha prudemment. L’homme se redressa. Lorsqu’il leva la tête, Manon le reconnut.
— C’est moi qui ai fait ça, dit-il en pointant du doigt le cadavre.
Afficher en entier1992
Pointe sud du Cap d’Antibes. Le 1er octobre.
Le cœur allègre, Vinca Rockwell sautilla en passant devant la plage de la Joliette. Il était 10 heures du soir. Pour venir jusqu’ici depuis le lycée, elle avait réussi à convaincre une de ses copines d’hypokhâgne, qui avait un scooter, de la déposer chemin de la Garoupe.
En s’engageant sur le sentier des contrebandiers, elle sentit des papillons qui volaient dans le bas de son ventre. Elle allait retrouver Alexis. Elle allait retrouver son amour !
Le vent soufflait à décorner les bœufs, mais la nuit était si belle et le ciel si clair qu’on y voyait presque comme en plein jour. Vinca avait toujours adoré ce coin, parce qu’il était sauvage et ne ressemblait pas à l’image estivale galvaudée de la French Riviera. Sous le soleil, on était subjugué par l’éclat blanc et ocre des roches calcaires, et par les variations infinies de l’azur qui baignait les petites criques. Une fois, en regardant en direction des îles de Lérins, Vinca avait même aperçu des dauphins.
Par grand vent, comme ce soir, le paysage changeait radicalement. Les rochers escarpés devenaient dangereux, les oliviers et les pins semblaient se tordre de douleur, comme s’ils cherchaient à s’arracher du sol. Mais Vinca s’en fichait. Elle allait retrouver Alexis. Elle allait retrouver son amour !
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