Extraits

PROLOGUE

Les Barres de fer étaient les seules choses nous séparant.

Il s'est assis sur le sol de la cellule, appuyé contre le mur. Je jetai un coup d'œil à la chaîne retenant ses poignets fixes. Avec sa tête baissée, il était exactement le même.

Mais il ne l'était pas.

J'ai laissé mes doigts enroulés autour des barres humides. Plusieurs fois par jour, l'eau bénite pleuvait des arroseurs dans le plafond. Je me suis battue avec l'envie de déverrouiller la porte et de le laisser sortir. "Merci d'être venu." Il n'avait pas bougé mais je savais qu'il n'avait pas besoin de me voir pour sentir que j'étais là.

"Personne d'autre ne le fera."

"Tout le monde essaye de comprendre. Ils ne savent pas quoi faire à propos de..."

Les mots me serraient la gorge: "A propos de Moi."

Il s'est levé et s'est dirigé vers moi - et vers les barres de fer qui nous séparent. Tandis qu'il se rapprochait, j'ai compté les maillons de la chaîne suspendue entre ses poignets. N'importe quoi pouvant m'empêcher de le regarder dans les yeux.

Mais au lieu de m'éloigner, j'ai continué à serrer les barres encore plus fort. Il a tendu la main et a passé celle-ci autour du métal au dessus de la mienne. Proche mais sans se toucher.

"Ne fais pas ça!" ai je crié

De la vapeur s'écoulait entre les barres de fer froides quand l'eau bénite toucha les cicatrices de sa peau.

Il a tenu trop longtemps, pour laisser intentionnellement ses mains brûlées .

"Tu ne devrais pas être ici" Murmura t-il, "Ce n'est pas sûr."

Des larmes chaudes coulèrent le long de mes joues. Chaque décision que nous avions fait jusqu'ici n'étaient pas les bonnes: les chaînes enroulées autour de ses poignets, la cellule aspergée d'eau bénite, les barres de fer le maintenant comme un animal dans une cage.

"Je sais que tu ne m'as jamais fait de mal"

Les mots avaient à peine quitté mes lèvres quand Jared se jeta dans les barres, me saisissant par la gorge. Je fis un bond en arrière, m'éloignant de lui, me mettant hors de sa portée. Ses doigts froids avaient laissé une trace sur ma peau.

"Tu te trompes, petite colombe." Sa voix était différente.

Son rire résonna sur les murs. Je frissonnais. Je réalisais alors ce que tout le monde avait connu.

Le garçon que je connaissais était parti.

Celui qui était enfermé devant moi était un monstre.

Et j'étais celle qui devait le tuer.

Traduction par ©TheLegionFrance

- Montez le son, a-t-elle réclamé.

- Alexa Sears, Lauren Richman, Kelly Emerson, Rebecca Turner, Cameron Anders, Mary Williams, Sarah Edelman, Julia Smith…

Je n’ai pas écouté la suite. Je connaissais déjà tous ces noms par cœur.

Shannon O’Malley, Christine Redding, Karen York, Marie Dennings, Rachel Eames, Roxanne North, Catherine Nichols, Hailey Edwards, Lucy Klein – elles sont toutes mortes. Par ma faute. 

 Je ressentais un tourbillon d’émotions : bonheur de le revoir, honte de m’autoriser à éprouver ce bonheur, douleur de son absence, peur de le perdre. 

Ce n'était qu'un rêve.

Ce que j'avais fait dans la vraie vie était, en revanche, bien pire que mettre le feu à une maison remplie d'innocents.

J'avais libéré un démon

Mes battements de coeur ont accéléré à mesure que l'esprit vengeur se matérialisait. Des tennis crasseuses et un jean maculé de boue... des mains ensanglantées autour d'un manche en bois... la lame émoussée et sanguinolente d'une hache. Le visage de la femme a mis un temps à se solidifier, ses traits ont pris une expression mortelle. La haine s'y lisait clairement.

Et tout ce sang...