Extraits

« _ Phoenix Bennet, s’était-il présenté en me tendant la main.

J’avis réajusté ma casquette sur ma tête, histoire de masquer un peu mon regard, avant de la prendre.

_ Harley Nelson.

_ Harley ? avait-il souri, légèrement moqueur. Comme la moto ?

_ Phoenix ? avais-je rétorqué sur le même ton. Comme la ville ? »

Je le rappelai quand il commença à se perdre dans la foule, terrorisé à l’idée de ne plus jamais le revoir.

Évidemment, il ne m’entendit pas.

Alors je compris pourquoi il avait mis son casque.

Pour ne pas faire demi-tour quand je me mettrais à crier son nom.

L'amour est égoïste. Il est vicieux et manipulateur. Et il s'insinue là où on ne l'attend pas à un moment où on ne l'aurait jamais imaginé.

J'explosai de rire. Pas de joie, non, plutôt de tristesse. Un rire qui coulait comme des larmes, comme un cri perdu qui ne servait à rien.

Nous étions devenus adultes en chemin et, sans doute étions-nous différents de ce que nous pensions devenir dans la candeur de nos quinze ans. Lorsque nous nous étions promis de nous aimer pour toujours, de ne jamais nous quitter.

Comment vit-on, dépouillé de morceaux de soi ?

Parler, je n'y arrivait pas trop. Il me manquait le souffle nécessaire pour ça.

Harley était beau. D'une beauté un peu effacée, un peu démodée aussi. Comme un cliché en sépia qui aurait été pris à une autre époque.

« Après tout, il suffisait souvent d’une seule seconde pour tout changer. Rien qu’un instant pour que tout devienne différent. Juste le temps d’une collision, d’un regard, de mains qui s’accrochent par inadvertance, des yeux qui se rencontrent par-dessus la foule. »

- C'est égoïste.

- Ouais! m'accorda-t-il. Et alors? L'amour est égoïste. Il est vicieux et manipulateur. Et il s'insinue là où on ne l'attend pas, à un moment où on ne l'aurait jamais imaginé. Et quoi? Tu vas passer ta vie dans une gare parce que tu as l'impression que le train va trop vite?