Extraits

- C'est quoi un roman?

- Un livre issu de l'imagination de son auteur. Ce n'est pas une histoire vraie!

- Ce n'est pas très intéressant alors.

- Si, car souvent, si elles sont bien écrites, ces histoires peuvent nous toucher davantage qu'une histoire vraie. Elles permettent au lecteur de s'identifier aux héros qu'il découvre. Le temps du roman, il quitte sa condition et vit par procuration celle d'un autre.

"Et n'oubliez jamais que la lecture d'un livre n'est pas un devoir et que l'abandonner au bout d'une cinquantaine de pages barbantes n'est pas un sacrilège mais un impératif!"

"J'aime la tranche des livres. Lorsqu' ils sont rangés dans les rayons, on les regarde avec la tête légèrement inclinée, comme si nous les respections avant même de les avoir ouverts."

J’ai mis longtemps avant de savoir vivre au présent, et pourtant, il n’y a pas d’autre temps à vivre que le présent… Le passé est parti, le futur, pas encore là. Si l’on ne vit pas le présent, on ne vit que de nos souvenirs et de nos attentes, avec le risque de la mélancolie et de la frustration.

Lorsque nous croisons la trajectoire d'un livre, c'est que nous avons rendez-vous. Qu'il était temps que la rencontre ait lieu. Quand nous parlons d'un livre, ce n'est pas seulement de ce que nous avons lu que nous parlons mais de nous-même.

Le risque d'un couple, c'est que chacun fige l'image de l'autre tel qu'il était à l'origine de la rencontre. Cela peut être à la fois très rassurant de considérer son partenaire comme un être immuable, aux défauts comme aux qualités éternelles. Mais c'est compter sans tout ce que chacun peut mettre en oeuvre pour changer, mais aussi tout ce que la vie provoque d'adaptations subies ou joyeusement choisies.

Vivre en pleine conscience est une injonction qui peut sembler à la mode mais dont je reconnais que l'urgence a augmenté avec l'accélération et la saturation du temps. En réduisant le temps de nos trajets, en annulant celui de la recherche d'une information, en multipliant les écrans qui nous attirent et nous relient au monde entier, nous avons fait naître un humain hyperconnecté sauf à lui-même.

Le risque d'un couple, c'est que chacun fige l'image de l'autre tel qu'il était à l'origine de la rencontre. Cela peut être à la fois très rassurant de considérer son partenaire comme un être immuable, aux défauts comme aux qualités éternelles. Mais c'est compter sans tout ce que chacun peut mettre en œuvre pour changer, mais aussi tout ce que la vie provoque d'adaptations subies ou joyeusement choisies.

Reconnaître l'autre dans son mouvement, c’est lui permettre aussi ce mouvement. Cela suppose parfois de l'accompagner. Un peu comme ces danseurs qui suivent le geste de leur partenaire sans que les corps se touchent. Ce n'est pas quelque chose de simple. Les mouvements peuvent parfois aller dans un sens où, soi-même, on ne veut pas, on ne peut pas aller. Certains couples parviennent à laisser de grands espaces libres pour des explorations propres à chacun, ne sentant pas de menace dans ces territoires explorés en solo. D'autres vivent mal ce qu'ils considèrent comme des chemins qui se séparent. Et c'est parfois vrai que l'on peut perdre un compagnon non pas parce qu'il a changé mais parce qu'il n'a pas changé alors que soi-même on devenait une autre.

Qu'est-ce qu'une librairie ?

Une banque centrale d'une très particulière espèce. On n'y fabrique pas de la monnaie. Ou alors celle qui permet de se rêver puis de se vouloir LIBRE.

Toute mon histoire, de lectrice comme de libraire, me permet d’attester que les livres soignent plus en profondeur que des antidépresseurs. Ce sont eux qui peuvent réveiller le désir de vie. Ils produisent des déplacements intérieurs qui peuvent ensuite provoquer des mises en mouvement. Comme il est intime le rapport entre un lecteur et un livre ! Le temps de sa lecture, chacun est totalement libre de faire vibrer les mots parcourus et de laisser son imagination vagabonder. Libre de s’arrêter sur un mot, de traîner sur une phrase, voire de s’y endormir. Certains mots ont la douceur d’un oreiller en plumes, d’autres ont la rusticité de la terre.

Les livres peuvent faire disparaître les barreaux des prisons. Au sens propre comme au figuré.