Extraits

Yukirin vit le regard du jeune homme s’assombrir et elle retint son souffle. Son corps entier s’embrasa sans prévenir. Toute trace d’oxygène déserta ses poumons. Il y avait si peu d’espace entre eux et son brusque mouvement de recul ne l’avait pas empêchée de sentir sa peau contre la sienne et son souffle frémir contre son cou offert. Se retrouver si proche de cet homme lui fit l’effet d’une explosion de sensations impossibles à décrire. Elle sentit chacune de ses respirations qui résonnèrent dans sa poitrine comme si elles étaient synchronisées aux siennes, et soudain ce fut trop. Elle devait dire quelque chose – n’importe quoi – sinon elle allait littéralement exploser.

« Nous n’existons que pour vivre

Et nous ne vivons que pour mourir »

« Ne pleure pas, princesse. J’ai vécu des siècles. Durant cette longue période, j’ai observé le monde et je l’ai vu se détruire par d’incessantes discordes. Brise cette règle, unis les peuples et transmets ta lumière. Tu porteras mon essence. Lorsque tu seras assez puissante pour la transmettre à la terre, reviens... et apprends... Ne pleure pas, Ayvana. Ce n’est pas une fin... c’est un commencement. »

Sous le crépuscule du ciel, j’ai levé les yeux vers toi,

Au fond de ma poitrine, mon cœur palpitait de joie.

Je voulais te voir,

Et enfin garder espoir.

L’espoir de te rejoindre,

Là où je n’aurais plus rien à craindre.

Mais ta silhouette me demeurait invisible,

J’ai cru que mon cœur allait en mourir.

Le jour laissait place aux astres de la nuit,

Qui étendait son voile jusqu’à l’infini.

Le vent distillait mes faiblesses,

Il te racontait ma maladresse.

Je voulais des ailes,

Pour enfin atteindre le ciel.

Des ailes pour être à tes côtés,

Et enfin laisser tes bras me serrer.

La brise du soir me transportait,

Je savais que je pouvais encore espérer.

Sur ma nuque ton souffle me faisait frémir,

Ton absence près de moi allait me détruire.

Sans toi, ma vie n’avait plus de sens,

Je préférerais encore renier mon existence.

Les ténèbres allaient bientôt m’envelopper,

Si sur cette terre je continuais d’errer.

Au fond de la nuit, mon cri parvint jusqu’au ciel,

Et dans mon dos s’élevèrent enfin mes ailes.

"Les monstres l’avaient retrouvée.

Sans plus réfléchir, elle s’enfuit en courant. Le souffle court, elle se précipita à l’aveugle à travers les bois. Les feuilles mortes du sentier craquèrent sous les semelles de ses bottes, les branches cinglèrent son visage et griffèrent ses mains. Elle trébucha sur une racine comme elle l’avait redouté un instant plus tôt mais poursuivit sa course sans s’arrêter. Elle voulait mettre le plus de distance possible entre ses agresseurs et elle. Le cœur au bord des lèvres, elle n’entendait plus que sa respiration haletante et le goût acide de sa peur sur sa langue. Ses yeux la brûlèrent tandis qu’elle essayait de percer l’obscurité. Ses pensées s’étaient éparpillées dans un tourbillon de panique. Elle ne pensa plus à rien hormis à fuir, survivre à l’enfer qui avait envahi sa vie sous l’apparence de créatures aux yeux d’ébène.''