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A ce moment, un tambourinage discret retentit derrière la porte. Une servante pénétra, pieds nus, dans le salon et dit à Nicolas que la barynia désirait le voir tout de suite. Nicolas jeta à son père un regard effrayé et partit en courant. Quand sa femme l’appelait ainsi, à l’improviste, il redoutait toujours un malaise, une crise de larmes. Mais Sophie reposait, lasse et calme, dans son lit, à la lueur d'une veilleuse. Elle avait entendu l'arrivée de la voiture et voulait savoir qui était ce visiteur nocturne.

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Il haletait de fureur. Une idée se précisait dans son cerveau. La mort du petit Serge était un châtiment divin. Le Seigneur punissait Nicolas parce qu’il avait, épousé, contre la volonté de son père, cette étrangère, cette catholique. Jamais — il en était convaincu — un pareil malheur ne fût arrivé si la mère avait été russe. Mort à quatre jours, Serge n’avait certainement pas été baptisé. Un prêtre avait-il du moins béni son corps avant l’inhumation ? Inutile de le demander. « De toute façon, il est parmi les chérubin songea-t-il. Et moi qui voulais planter un sapin pour marquer sa naissance ! » Un voile de larmes passa devant ses yeux.

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Était-il juste qu’on l’empêchât de connaître le visage de son petit-fils ? Brusquement, il eut l’impression qu’on lui mentait, que cet enfant, dont il ne pouvait même pas voir la dépouille, n’avait jamais existé, que c’était un leurre, une invention de Nicolas. Puis, sans transition, il s’emporta contre son fils et sa belle-fille, qui n’avaient pas su préserver de la maladie l’ange que Dieu leur avait envoyé du ciel.

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Michel Borissovitch demeura un instant immobile, sans tête pour penser, sans jambes pour soutenir son corps. Instinctivement, il s’appuya d’une main au dossier d’un fauteuil. Les pulsations de son sang emplirent le silence. Il hurla :

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Michel Borissovitch repoussa Antipe d’un revers du bras, traversa le vestibule et entra dans le salon, où une lampe à l’abat-jour vert brûlait sur un bureau. Comme il parcourait du regard cette pièce grande, peu meublée et vétuste, une porte s’ouvrit, droit devant lui, et son fils parut.

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Un quinquet à la flamme mourante éclairait le départ d’un large escalier de marbre. Michel Borissovitch gravit les marches, en soufflant, jusqu’au premier palier. Là, il frappa du poing au vantail. Un tonnerre secoua la maison. « Je suis fou ! pensa-t-il aussitôt. Je vais réveiller le bébé, la mère !... » Mais cette perspective l’amusait plus qu’elle ne lui donnait du scrupule. Ne recevant pas de réponse, il cogna encore. Des pas traînants se rapprochèrent. La porte s’entrebâilla. Une main s'éleva lentement, tenant une chandelle allumée. Dans ce halo surgit la face d’un domestique roux et lippu. Michel Borissovitch reconnut le serf Antipe, qu’il avait cédé à Nicolas. Les prunelles d’Antipe s'arrondirent, sa mâchoire se décrocha, il se signa le creux de la poitrine. Se fût-il trouvé nez à nez avec un fantôme, qu’il n’eût pas reculé plus précipitamment dans l’antichambre.

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Une litière de paille était étalée sur toute la largeur de la chaussée pour amortir le bruit des roues. Sans doute Sophie était-elle encore souffrante. La maison, datant de Catherine II, avait appartenu à Olga Ivanovna, la femme de Michel Borissovitch. Elle l’avait léguée par testament à son mari et à ses deux enfants. Depuis qu’elle était morte, ils étaient restés dans l’indivision, mais, conformément aux dispositions de la défunte, Michel Borissovitch percevait seul les loyers, en vérité assez modiques. Tous les appartements avaient été donnés à bail, sauf celui du premier étage. Nicolas et Sophie s’y étaient réfugiés après le malentendu qui les avait éloignés de Kachta-novka.

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Des coupoles d’église défilèrent dans le brouillard sombre. La voiture aborda une rue aux façades élégantes et au pavé sonore : la Grande Morskaïa. Puis, vinrent la perspective Nevsky, la perspective Liteïny... La fin du voyage approchait. Michel Borissovitch tira un peigne de sa poche et le passa dans ses cheveux, dans ses moustaches, dans ses favoris, pour se donner un air présentable. C’était bien le moins s’il tenait à ne pas effaroucher sa bru !

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Il glissa les papiers entre deux boutons de sa tunique et repartit en boitant vers le poste de garde. Michel Borissovitch Ozareff s’appuya au dossier de la banquette, allongea ses jambes et ferma les yeux. Il avait mis quatre jours à peine pour venir de sa propriété de Kachtanovka à Saint-Pétersbourg, et, malgré l’incommodité du voyage, il ne sentait pas sa fatigue. Sans doute le bonheur lui donnait-il une seconde jeunesse ! Dès qu’il avait reçu la lettre de son fils annonçant la naissance du petit Serge, il avait décidé de prendre la route. Pouvait-il encore témoigner de l’hostilité à sa bru, sous prétexte qu’elle était française, catholique et qu’il avait jadis refusé son consentement au mariage ? En mettant au monde un enfant mâle, héritier du nom des Ozareff, elle s’était placée au-dessus des reproches de son beau-père. Après quatre ans de séparation, il se félicitait de l’occasion qui leur était offerte à tous deux de se réconcilier, sans que ni l’un ni l’autre eût à souffrir dans son amour-propre. Au fond, il n’avait jamais cessé d’estimer cette femme. Il s'aperçut qu’il pensait moins à son fils qu’à sa belle-fille dans l’affaire. C’était, paradoxalement, Sophie et non Nicolas qu’il avait hâte de revoir. Il tira une montre de son gousset : dix heures du soir. N'était-il pas trop tard pour tomber dans la demeure d’une jeune accouchée? Il n’avait pas jugé utile d’annoncer sa venue : la missive fût arrivée en même temps que lui. Un rire silencieux lui monta aux lèvres. « Et le petit, comment est-il ? Brun comme sa mère, ou blond comme son père ? Cet imbécile de Nicolas ne le décrit même pas dans sa lettre !» Il imagina un bébé robuste et hilare, une sorte d’Hercule enfant, étranglant des serpents dans son berceau. L’invalide rapporta les papiers :

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La sonnette retentit. Quatre invités se présentèrent ensemble. Tous des militaires. Ils avaient dégrafé leurs ceintures et posé leurs épées dans l’antichambre. Le plus imposant de ces officiers était Hippolyte Roznikoff, qui avait été l’ami intime de Nicolas à Paris. Devenu aide de camp du général Mi-loradovitch, gouverneur de Saint-Pétersbourg, le « bel Hippolyte » avait gagné de l’embonpoint et de l’assurance. Grand et fort, frisé, moustachu, il éclatait de rire pour un rien et prétendait que la température montait de trois degrés dès qu’il entrait dans une pièce. Avec lui, étaient venus le petit Youri Almazoff, lieutenant au régiment de Moscou, Volodia Kozlovsky, cornette aux gardes à cheval, et l’énorme Dimitri Nikitenko, qui servait dans les dragons. Peu après, arrivèrent encore le capitaine Shé-drine, du régiment Ismaïlovsky, et un homme d’une trentaine d’années, aux cheveux blonds coupés en brosse, au regard déformé par d’épaisses lunettes et au menton replet. Il se nommait Stépan Pokrovsky, se disait poète, et était employé à l’administration des douanes.

Les domestiques de Kostia s’empressèrent. Un samovar fumant apparut sur une table, mais sa présence n’était que symbolique. La véritable réserve de boisson était constituée par une batterie de bouteilles : tous les alcools du monde à portée de la main ! C’était Platon, le vieux laquais de Kostia, qui remplissait les verres. Chaque fois que l’un de ces messieurs lâchait un gros mot, Platon devait crier : « Salem alëikoum, que la paix soit sur vous ! » et offrir une coupe d’expiation au coupable. La coupe d’expiation contenait obligatoirement un mélange de champagne et de cognac. Le premier qui eut à l’avaler fut Kostia lui-même, pour avoir décrit en termes crus les charmes d’une actrice de sa connaissance. Puis ce fut Youri Almazoff qui raconta une anecdote scabreuse sur l’archimandrite Photius, coqueluche des dames mystiques de Saint-Pétersbourg.

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