Extraits

"Nous devons douter, chercher, afin de nous mettre debout. Crier la souffrance pour trouver l'Espérance. Tu es libre de choisir la colère et la rébellion contre l'injustice. C'est le choix que font la plupart des gens. Mais elles ne guérissent rien."

"Je ne crois pas qu'au soir de sa vie se retourner sur son parcours et les êtres croisés puisse être néfaste à l'adieu. Le chemin parcouru nous forge et les rencontres sont tantôt ses écueils tantôt ses balises lumineuses, des voies sans issue autant que des boussoles."

"Seule dans ce champ de désolation, on se sent vite coupable d'être en vie. Les survivants portent ce fardeau-là. Je pousse un cri silencieux de rage et pleure pour toutes ces âmes enfouies."

"J'ai survécu au siège de Dubrovnik. Ce feu m'a dévorée de l'intérieur en brûlant mes rétines de tant d'horreurs et de misère imprimées sur des kilomètres de pellicules. En quelques semaines, il a consumé mon innocence, mes velléités de renommée, changé à jamais mon regard."

"La caméra se détourne, je n'écoute pas le commentateur tellement les images me bouleversent, je ne suis qu'yeux, cœur et chagrin, des uns directement aux autres par la certitude de l'inexorable."

Obachan regarde une photographie de groupe annotée au dos ; « Negishi, oct. 66 ». Des femmes japonaises avec de jeunes enfants sont assises sur de gros rochers, à l’ombre des pins. Des hommes occidentaux en bras de chemise, tous dépenaillés. Quelques Japonais dont l’un porte des vêtements étrangers. Tous sont souriants, au milieu des reliefs de repas.

Kane s’approcha du jeune Satow pour remplir sa coupe de sake. Avec son air juvénile et sa fine moustache blonde, elle le trouvait avenant. Depuis un peu plus d’un an dans le pays, le secrétaire du consulat parlait déjà un japonais presque courant. Elle versa le sake les yeux baissés, humbles,mais tout dans ses gestes mesurés et délicats dégageait de la sensualité. Elle aperçut du coin de l’oeil le regard jaloux de Charles.