Ajouter un extrait
Liste des extraits
"Je promets de supporter le feu, les chaînes, les coups, la mort par le fer."
Serment des gladiateurs.
Afficher en entierIl était venu me voir la veille et, me pressant la main, avait déclaré que mon enfant serait une fille. "La première de toute une marmaille d'affreux rouquins. Ce sera amusant, n'est-ce pas ? Bonne chance, ma chère", avait-il achevé en m'embrassant sur la joue.
Une fille. Ce serait bien d'avoir une fille. Née au pays des Brigantes.
- Qu'est-ce que tu as ? demanda Arius en me voyant sourire.
- Plus tard.
Il valait mieux ne rien lui dire avant la fin du voyage : il se serait beaucoup trop inquiété.
Afficher en entier"J'aime comme tu frottes la cicatrice sur le dos de ta main quand tu es inquiet. J'aime la façon dont tu fais d'une épée une partie vivante de ton corps. J'aime quand tu poses sur moi un regard brûlant, comme si tu me voyais pour la première fois. J'aime en toi la noirceur qui veut tuer le monde entier, et la douceur qui le regrette ensuite. J'aime ta façon de rire, comme si tu t'étonnais simplement de pouvoir le faire. J'aime quand tu m'étouffes sous tes baisers. J'aime ta façon de respirer, de parler, de sourire. J'aime que tu me serres si fort que j'en ai le souffle coupé. J'aime ta façon de faire de la mort une danse. J'aime la confusion que je lis dans tes yeux quand tu t'aperçois que tu es heureux. J'aime chaque muscle et chaque os de ton corps, chaque repli de ton âme. Je t'aime tant que je ne peux pas le dire à voix haute en plein jour. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime."
Afficher en entier"Il est né après que j'ai été vendue, lui avait dit Thea tandis qu'ils se racontaient les années perdues. Je ne lui ai jamais dit... je ne pensais pas qu'il te connaîtrait un jour."
A présent, il regardait Vix avec des yeux neufs.
"Dis à ton fils de laisser mes chevaux tranquilles", lui avait lancé deux semaines plus tôt un homme qui déchargeait des tonneaux d'une charrette à la porte de la réserve de Flavie.
"Ce n'est pas mon fils, avait répondu Arius, amusé. Un petit démon pareil !"
Il n'avait jamais rêvé d'avoir un fils. Jamais cru vivre assez longtemps pour cela.
Il comprenait maintenant ce que le charretier avait vu : les cheveux fauves de Vix, ses yeux clairs, sa main gauche plus forte. Ses réflexes, sa robustesse, son adresse diabolique.
Mes faiblesses même... Comment ai-je pu ne rien voir ? pensa-t-il.
Et Thea l'avait appelé Vercingétorix.
Le monde vacillait. La femme qu'il aimait était vivante, l'espoir existait et il avait un fils.
Vix fit un pas vers lui.
- Par l'enfer ! Qui es-tu donc ?
- Approche, lui dit Arius d'une voix émue. Viens ici.
Et, les mains sur les épaules de Vix, il se mit à parler.
Afficher en entierPénélope entra en coup de vent dans ma chambre.
- Thea, fit-elle d'une voix exaspérée. Thea, ton fils est encore en train de frapper celui de Chloé !
Je descendis en hâte dans l'atrium, vêtue de ma seule tunique de nuit, mais les hurlements de Vix, qui se battait à coups de poing avec le fils de Chloé, emplissaient déjà toute la maison :
- Répète-le, que ma mère est une vulgaire putain ! D'abord, elle est pas vulgaire ! Elle est très chère ! Elle est la meilleure ! La tienne, on peut l'avoir pour RIEN !
Ils tombèrent avec fracas dans le bassin de l'atrium. Vix émergea en crachant et en rugissant. Je le tirai de l'eau par les poings qu'il continuait de brandir, fis les excuses appropriées et l'emmenai avec moi.
- Tu ne peux pas continuer à te battre comme ça avec tout le monde ! Qu'est-ce que le fils de Chloé t'as dit ?
- Que tu étais la putain de l'empereur !
- C'est ce que je suis, Vix, dis-je en l'entraînant à l'intérieur de ma chambre.
- Oui, mais il a dit que tu n'étais pas chanteuse ! Que tu ferais n'importe quoi pour une pièce de cuivre ! Que...
- Ce n'est pas une excuse. Penche-toi.
Je sortis la baguette d'osier usée, et Vix poussa un hurlement à glacer le sang.
- Je t'en prie, Vix, je ne t'ai même pas encore touché !
- Alors, vas-y, répliqua-t-il en souriant.
J'appliquai une dizaine de coups sur son derrière mouillé, pendant qu'il poussait des cris de cochon qu'on égorge. Non que je lui fasse vraiment mal : il criait par principe. D'ailleurs, je n'étais pas réellement fâchée et je le frappais par principe moi aussi. Il fallait faire quelque chose pour montrer que j'étais sa mère !
Afficher en entier- Tu chantes bien.
- Merci, César.
- Je ne dis pas cela pour te flatter. Je loue la voix que les dieux ont placée dans ta gorge. Athena. Pourquoi un nom de scène grec pour une Juive ?
- Mon maître a pensé qu'Athena me conviendrait. Un nom sérieux, digne.
- Oui, c'est ce que tu es.
- Merci.
- Je n'aime pas les Juifs.
- Ce n'est guère original, César. Personne ne les aime.
- Mon frère Titus, lui, les aimait. Il avait une maîtresse juive. Bérénice, reine de Judée.
- Ah, oui. "Le beau Titus et sa putain juive." Ou, du côté des Juifs : "La reine Bérénice et son jeune amant étranger." Nous l'avons toujours un peu méprisée pour cela.
- Les Juifs méprisaient donc Titus ?
- Bien sûr. Après tout, nous sommes le Peuple élu et il n'était qu'empereur.
- Il a toujours été l'enfant chéri.
- Étais-tu jaloux de lui ?
- Tu es bien impertinente ! Un peu de vin ? reprit-il en me tendant sa coupe.
- Merci, César.
Afficher en entierGrisée, je levai la tête en riant et vis que nous étions en mer. Je n'avais même pas remarqué le moment où Rome avait disparu derrière nous.
Afficher en entier- Puis-je t'emprunter ton couteau ?
- Pour quoi faire ?
Je cueillis le couteau dans le foureau à sa ceinture et, avant qu'Arius ait pu me l'arracher des mains, m'entaillai le poignet d'un geste souple.
- Thea !
- Non, c'est fini.
Souriante, je tendis la main par-dessus le bastingage et fis tomber une unique goutte de sang dans le Tibre avant de refermer la blessure.
- C'est la dernière fois. Je te le jure, ajoutai-je devant son regard.
Comme je levais la main en signe de promesse, il saisit mon poignet et arrêta du pouce le filet de sang. Sa main libre plongea dans mes cheveux et il m'embrassa.
Afficher en entier- Apprends-moi ! Répéta-t-il, essouflé.
Arius leva une épaule et l'envoya bouler. L'instant d'après, il avait un genou posé sur la poitrine du garçon et une main autour de sa gorge. Il sentait les côtes plier sous son poids, mais les petits poings durs le frappaient au plexus. Il se tourna pour esquiver et lui coupa la respiration. Le visage du garçon s'empourpra sous son hâle, mais il ne demanda pas grâce.
Brusquement, Arius le lâcha et s'assit à côté de lui. Le garçon se redressa.
- J'ai pris ta garde en défaut, hein ? fit-il d'une voix rauque.
- Reviens demain, dit Arius en se levant.
Le garçon bondit sur ses pieds.
- Pourquoi pas tout de suite ? Je m'appelle Vix.
Afficher en entier— Bon, ce n’est pas la peine, alors, dit Thea en croisant les bras. Tu réponds quelque chose ? Elle est fâchée, elle n’arrête pas de me demander pourquoi tu ne dis rien.
— Elle a des yeux de fouine. Dis-lui que j’ai dit ça.
Thea éclata de rire.
— Elle me giflerait à m’assommer... mais ça en vaudrait la peine !
Afficher en entier