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Certes, beaucoup d’anciens refusaient d’abdiquer complètement. Ils déambulaient sur le boulevard du Roi-Saül, échangeaient des anecdotes de vétérans, dispensaient des conseils inutiles et, d’une manière générale, se montraient parfaitement nuisibles. Et puis, bien sûr, il y avait Shamron, l’éternel, le Buisson-ardent. Shamron avait façonné le Bureau à son image. Il lui avait donné son identité, son langage, et considérait qu’il avait un droit de regard divin sur ce qui s’y tramait.
Afficher en entierIl connaissait son odeur, la façon dont il se déplaçait, entrait ou sortait d’une pièce. Comme son homonyme, Saladin boitait bas à cause d’une blessure d’obus hâtivement soignée dans une immense maison proche de Mossoul, dans le nord de l’Irak. Cette démarche hésitante était maintenant sa carte de visite. On pouvait facilement changer d’apparence, se couper ou se teindre les cheveux, passer entre les mains d’un chirurgien esthétique, mais une claudication comme celle-là, c’était pour la vie.
Afficher en entierIl avait déjà traversé de mauvaises passes. En dépit de son allure, de ses costumes irréprochables et de son nom de famille, il n’était pas vraiment anglais. Certes, il avait un passeport britannique, mais il était allemand de naissance, français par son éducation et juif de confession. Seuls quelques amis de confiance savaient qu’il était arrivé comme réfugié, en 1942, après avoir franchi les Pyrénées en plein hiver, avec l’aide de bergers basques.
Afficher en entierÉtudiantes en art, conservatrices en herbe, réceptionnistes, jolies filles qui prenaient les enchères par téléphone chez Christie’s ou Sotheby’s, il les avait toutes aimées. Il n’avait rien d’un joueur, il croyait à l’amour comme il croyait à l’art. Au coup de foudre, à l’amour éternel, jusqu’à ce que la mort les sépare.
Afficher en entierLe vénérable théâtre Garrick avait traversé deux guerres mondiales, la crise de 1929, l’abdication d’un roi et la guerre froide, mais n’avait jamais rien connu de semblable à ce qui se déclencha ce soir-là à 20 h 20, quand cinq terroristes firent irruption dans la salle et se mirent à tirer sur le public.
Afficher en entierGraham Seymour connaissait bien Thames House, le siège du MI5 au bord de la Tamise. Il y avait travaillé plus de trente ans avant de prendre la tête du MI6. En remontant le couloir de l’étage directorial, il fit une pause sur le seuil du bureau qui avait été le sien du temps où il était directeur général adjoint. Miles Kent, l’actuel tenant du poste, était là. C’était sans doute le seul Londonien à avoir encore plus mauvaise mine que Seymour.
— Graham, dit-il en levant les yeux de son ordinateur. Qu’est-ce qui t’amène dans cet obscur recoin du royaume ?
— À toi de me le dire.
— Si je te réponds, fit Kent à voix basse, la reine mère me virera aussi sec.
— Comment va-t-elle ?
— Tu n’es pas au courant ?
Afficher en entierC'était une opération délicate sur le plan politique, et tout avait été mené avec une grande discrétion. Chose remarquable, le secret avait été conservé jusqu'au bout.
Afficher en entierTrès vite, il avait compris qu'il ne pourrait pas passer douze heures par jour dans une pièce sans tableaux autour de lui. Il en avait accroché un ou deux des siens, non signés, et d'autres de la main de sa mère, une artiste célèbre en Israël. Il avait même ajouté une grande toile abstraite que sa première femme, Leah, avait peinte quand ils étaient tous deux étudiants à l'académie d'art et de design Belazel de Jérusalem.
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