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Il est impossible de se souvenir de l'obscurité. Voila pourquoi les spéléologues désirent retourner dans ces profondeurs invisibles d'ou ils reviennent à peine. C'est une accoutumance. Personne n'est jamais satisfait. L'obscurité ne satisfait jamais. Surtout si elle emporte avec elle quelque chose, ce qu'elle fait presque à chaque fois.
Afficher en entierCeci n'est pas pour vous.
Afficher en entier27 juillet 1991
Ne vous y trompez pas, ceux qui écrivent d'énormes livres n'ont rien à dire.
Bien sûr, ceux qui en écrivent des courts ont encore moins de choses à dire.
(p.551)
Afficher en entierPareil au glacier Khumbu au pied du mont Everest où séracs et gouffres bleus changent de façon inattendue tout au long du jour et de la nuit, l'endroit que Navidson vient d'explorer se révèle être une structure des plus instables. Mais à la différence du glacier, ses parois ne présentent pas la moindre fissure, même infime. Absolument aucun détail visible ne permet d'expliquer ni même de prouver ces terrifiants changements qui peuvent en quelques instants seulement refaçonner un simple chemin pour en faire un réseau d'une extrême complexité.
Afficher en entierVous lutterez de toutes vos forces pour ne pas faire face à la chose que vous redoutez le plus, et qui est maintenant, qui sera, qui a toujours été là avant, la créature que vous êtes réellement, la créature que nous sommes tous, enfouie dans l'obscurité anonyme d'un nom.
Et alors les cauchemars commenceront.
Afficher en entier« Au milieu de nulle part se dresse cette maison, apprenez à l'aimer. »
Afficher en entierNavidson passe un bras autour de [Tom] : «Viens.
– Au moins, quand on est saoul, ajoute Tom en s'essuyant rapidement les yeux, on a toujours le sol comme meilleur ami. Tu sais pourquoi ?
– Il est toujours là pour vous», répond Navidson, ses propres joues s'empourprant soudain sous le coup de l'émotion alors qu'il aide son frère vacillant à se rendre dans la cuisine.
«C'est juste, murmure Tom. Exactement comme toi.»
Afficher en entierDans "American Photo", Kaduna Ashbeckie écr[ ]t : «La mort de la lumière donne naissance à une créature-obscurité que peu de gens peuvent accepter comme une pure[ ]absence. Ainsi, malgré des object[ ]ions rationnelles, l'échec de la technologie est dépassée par l'agression du mythe.»
[...]
Sauf que le Vandale baptisé Mythe détruit toujours la Raison si celle-ci chancelle.
Afficher en entierNotre perception des labyrinthes est ainsi intrinsèquement instable : changer de perspective et le labyrinthe semblera changer.
Afficher en entier[...] Plus tard, le Dr Nowell et d'autres experts lui expliqueront que son fils a des trous dans le cerveau. Il ne survivra pas. Il ne peut survivre qu'avec l'aide de machines. Elle va devoir le laisser partir. Mais la mère résiste. Elle passe la journée avec lui. Puis elle passe la nuit avec lui. Elle ne dort jamais. L'infirmière l'entend qui lui parle à voix basse. On l'entend lui chanter des chansons. Un deuxième jour s'écoule. Une deuxième nuit. Mais elle ne dort toujours pas, les mots ne cessent de sortir de sa bouche, les mélodies bercent l'enfant, veillent sur lui.
L'infirmière en chef a l'impression d'assister à un miracle. Quand son tour de garde prend fin, elle refuse de partir. La rumeur s'ébruite. De plus en plus de gens se mettent à passer par l'USI. Cette mère remarquable est-elle toujours éveillée ? Lui parle-t-elle encore ? Qu'est ce qu'elle chante ?
[...] Quand le troisième jour s'écoule sans que la mère ait même fermé les yeux, de plus en plus de gens laissent entendre que le bébé va guérir. Le bébé va grandir, vieillir, devenir sage. Des aides soignants apportent à manger et à boire à la mère. Hormis quelques gorgées d'eau, elle ne touche à rien.
Bientôt même le Dr Nowell se retrouve embarqué dans cette hystérie chuchotante. Il a sa propre famille, ses propres enfants, il devrait rentrer chez lui, mais il ne peut pas. Quelque chose dans cette scène réveille peut-être en lui des souvenirs personnels. Toute la nuit, il s'active auprès des autres prématurés, gardant de loin un œil sur la mère et l'enfant pris dans un écheveau de câbles et de tubes, partageant un language secret qu'il peut entendre mais ne peut jamais tout à fait déchiffrer.
Finalement, le matin du quatrième jour, la mère se lève et se dirige vers le Dr Nowell.
" Je pense qu'il est temps de le débrancher", dit-elle calmement, sans jamais lever les yeux du sol.
"Bien sûr", bafouille-t-il enfin.
Un nombre anormal de médecins et d'infirmières se rassemblent autour du garçon, et bien qu'ils prennent soin de dissimuler leurs sentiments, ils sont plus d'un à croire que l'enfant va vivre.
Le Dr Nowell fait de son mieux pour expliquer la marche à suivre à la mère. [...] La mère acquiesce et demande à rester encore un moment auprès de son enfant.
"Je vous en prie", dit le Dr Nowell le plus gentiment possible.
Le personnel recule. La mère se tourne vers son garçon et passe doucement ses doigts sur le sommet son crâne. Pendant un moment tout le monde jurerait qu'elle a cessé de respirer, ses yeux ne cillent plus et restent fixés sur lui. Puis elle se penche en avant et dépose un baiser sur son front.
"Tu peux partir à présent", dit-elle tendrement.
Et là, sous les yeux de tous, avant même que le Dr Nowell ou quiconque puisse tourner un bouton ou abaisser un interrupteur, le ECG présente un tracé plat.
Asystolie.
L'enfant n'est plus.
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