Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 473
Membres
1 012 272

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:33:20+01:00

Un an déjà que la famille Nevers faisait partie de L’Abord-à-Plouffe sans, toutefois, s’être rapprochée des paroissiens ni des voisins, dont mademoiselle Cardinal. Madame Nevers allait à la messe chaque dimanche avec son époux et leur fille, mais fait étrange, elle ne communiait jamais. Ce qui avait fait naître quelques ragots de la part des dames patronnesses. On se demandait si la femme de l’avocat n’était pas, par hasard, protestante. Peut-être venait-elle dans leur église seulement par politesse, ou dans le but précis d’éviter le fiel de certaines mauvaises langues? Sûr qu’on se questionnait, d’autant plus qu’elle n’adressait la parole à personne, et qu’elle ne répondait aux salutations que d’un très léger signe de tête. Camille, qui n’avait jamais porté attention à ce détail, la questionna un certain dimanche.

Afficher en entier
Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:33:11+01:00

Jeannette et Germain Nevers s’étaient rendus à la messe à l’église Saint-Maxime.. Un lieu sacré qui datait de 1928 et qui, encensé, laissait dans l’âme une spiritualité dont l’odeur s’ancrait au cœur. Les paroissiens, la première fois, les avaient dévisagés de la tête aux pieds. On savait qu’il était avocat, qu’il était riche et que sa femme, distante et froide, n’avait pas le sourire facile. C’est à peine si le curé réussit à lui dessiner un petit pli au coin de la lèvre, en tentant un brin d’humour avec elle.

Afficher en entier
Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:32:52+01:00

Luce avait certes aperçu l’épicier venu livrer la commande. Elle avait vu ses yeux rieurs, ses biceps dont celui tatoué, le hâle du soleil d’été sur son visage, sa carrure, ses belles manières... Elle s’était aussi rendu compte de l’effet qu’elle avait eu sur lui. C’était, d’ailleurs, la première fois de sa vie qu’un homme la regardait dans les yeux avant de fixer son fauteuil. Mais elle s’était dérobée à son sourire.

Afficher en entier
Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:32:37+01:00

L’Abord-à-Plouffe, de village en 1915, était devenu une ville au gré du temps. Mais pour Jeannette Nevers, c’était encore «la campagne» lorsqu’elle songeait à Montréal, à sa rue Marquette, à ses restaurants préférés de la rue Mont-Royal et à ses grands magasins de la rue Sainte-Catherine. Ce n’était certes pas dans son petit patelin qu’elle pourrait trouver les dernières nouveautés de Dupuis & Frères et aller voir, avec ses amies d’antan, le film le plus récent de Fred Astaire. Prisonnière de «son île» comme elle appelait son site, elle en était réduite à regarder les vagues, les remous, les canards, les nageurs des alentours et les canots, elle qui n’aimait pas l’eau.

Afficher en entier
Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:32:20+01:00

Deux jours plus tard, d’une langue vinaigrée, celle de mademoiselle Cardinal, tout L’Abord-à-Plouffe ou presque, savait que la fille aînée de l’avocat était handicapée. Pire, paralysée, à la merci de sa mère pour tous ses besoins de propreté. Ce qui, sans qu’on le sache, se révélait exact. Mais, personne à partir du banquier jusqu’au garagiste, n’osait parler à Germain Nevers quand on le croisait, de «l’infirmité» de sa fille. Ce n’est que six mois après leur arrivée, alors que madame Nevers avait appelé un taxi pour se rendre chez la coiffeuse, que le chauffeur lui avait dit: «C’est vous, la mère de la fille en chaise roulante? Paraît qu’a joue de la musique? Moi, j’suis nouveau dans l’quartier.»

Afficher en entier
Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:32:02+01:00

Depuis un an, presque jour pour jour, la famille Nevers habitait dans sa très belle résidence du bord de l’eau, à L’Abord-à-Plouffe. L’adaptation n’avait pas été facile et la mère, après un dur et triste hiver à boire plus que de coutume, regrettait encore sa maison de la rue Marquette et ses amies de «cartes» qu’elle n’avait pas revues. Elle avait même refusé de leur divulguer son nouveau numéro de téléphone. Pour elle, il était préférable de couper les ponts, de s’oublier les unes les autres, car se parler et ne pas se voir, c’était plus lamentable que de se perdre complètement de vue. Or, seule avec Luce à longueur de journée, Jeannette avait davantage noyé son ennui dans le gin qu’elle faisait venir d’un chauffeur de taxi de la place. Germain, qui avait espéré la voir diminuer de boire vu la distance entre elle et la Commission des Liqueurs, s’était vertement fourvoyé.

Afficher en entier
Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:31:49+01:00

Parce que les deux amies de madame Nevers, la femme de l’avocat, étaient des femmes sans classe et sans manières qui, comme elle, buvaient et fumaient tout en jouant au poker. La seule idée de les savoir loin d’elle avait pesé dans la balance lorsque Germain avait décidé de traverser la rivière et de s’installer là où les tramways de la rue Saint-Laurent et même les autobus ne se rendaient pas. Et comme Jeannette ne savait pas conduire, elle serait désormais confinée à ses tâches ménagères tout en surveillant Luce et sa « chaise». Et elle boirait sans doute moins, la Gommission des Liqueurs étant située à des milles de leur nouvelle résidence.

Afficher en entier
Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:30:37+01:00

Sur ce, Germain Nevers tourna les talons, sauta dans sa luxueuse voiture et reprit la route jusqu’au pont Lachapelle qu’il emprunta pour regagner Montréal. La maison serait prête! C’est tout ce qui comptait! Surtout pour la quiétude de Luce, sa fille aînée, handicapée, qui, de son fauteuil roulant, pourrait jouer du violon à longueur de journée sans déranger le voisinage. Luce qui, à vingt-cinq ans depuis janvier, blonde comme les blés, belle comme un cœur, avait été confinée à sa chaise roulante après avoir vaincu de justesse, à l’âge de seize ans, une forme de polio virulente qui lui avait finalement tout redonné, sauf l’usage de ses jambes. Luce qui jouait Paganini comme seul un ange aurait pu le faire. Luce, l’adorée de son père qui la comblait de son affection malgré son vilain caractère. La très hautaine mademoiselle Nevers qui méprisait sa mère parce qu’elle fumait comme une cheminée tout en buvant son gin qu’elle camouflait dans son ginger ale. Luce qui, de son fauteuil, donnait des ordres à sa cadette de dix ans de moins qu’elle, parce qu’elle pouvait se servir de ses deux jambes et qu’elle était aussi blonde et aussi jolie qu’elle. La douce et pure Camille qui, avec ses quinze ans atteints le 12 février, faisait soupirer bien malgré elle, tous les garçons de son âge de la rue Marquette où la famille habitait. Camille qui étudiait dans un collège prive dans le but d’être un jour enseignante. Camille qui peignait déjà des toiles superbes. Des oiseaux de préférence, des oiseaux de toutes les couleurs, inertes sur des branches ou aux ailes déployées dans de sublimes envols. De jolis tableaux qui ornaient les murs de la maison à revenus que l’avocat possédait depuis son mariage. Mais les garçons avaient beau tourner autour d’elle, elle se montrait désintéressée. Elle n’avait été victime, à ce jour, que d’un seul baiser furtif dérobé sur ses lèvres à son insu. Le baiser volé d’un garçon qui avait parié avec ses copains qu’il parviendrait à l’embrasser. Un baiser si fugitif qu’elle n’en saisit aucune essence, pas même l’effleurement de ses lèvres sur les siennes. Pas même le goût de menthe qu’il dégageait de sa bouche pour la circonstance. Luce, quant à elle, n’avait jamais vu le moindre garçon lever les yeux sur elle. Sur son fauteuil, oui, sur ses jambes inertes, oui, mais jamais sur son doux visage ou sur sa bouche sensuelle. Parce qu’une « infirme» en ce temps-là, en ce début de la Seconde Guerre mondiale, aussi jolie fut-elle, n’avait rien des filles qui dansaient lejitterbug comme Betty Grable, tout en imitant les coiffures hautes à chou frisé de Lucille Bal.

Afficher en entier
Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-24T22:29:57+01:00

– Pour ça, vous n’avez rien à craindre, monsieur l’avocat, on voit à tout mon frère et moi. Pis des maisons comme celle-là, on n’en bâtit pas à tous les coins de rue. À c’prix-là surtout! Mais ça va être du solide! Le bois est de meilleure qualité de nos jours, les tuyaux aussi... On est en 1940, Monsieur Nevers, pas en 1920! Pis ici, à L’Abord-à-Plouffe, près du bord de l’eau, ça va avoir l’air d’un château! Avec le terrain que vous avez, vous serez pas dérangé par les voisins; la plus proche maison, c’est la p’tite bleue en haut de la côte pis y’aura pas grand bruit qui va venir de là, c’est la maîtresse d’école, mademoiselle Cardinal qui l’habite. Une vieille fille qui vit toute seule. Mais vous allez être assez loin de l’église par exemple, c’est pas...

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode