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La maison habitée



Description ajoutée par tsukki 2015-02-07T22:45:28+01:00

Résumé

Une jeune femme aveugle reçoit en héritage d'un oncle marin une maison isolée sur la côte en Bretagne. Quittant son confort parisien, elle décide d'aller y vivre seule, mais très tôt elle découvre que la maison est... habitée. Le feu s'allume de lui-même dans l'âtre, des spectres se manifestent dans les chambres à l'étage, un autre prépare des plats dans la cuisine... Ces êtres immatériels qu'elle côtoie, les imagine-t-elle ou se trouve-t-elle à la croisée de deux mondes ? Même ses yeux qui étaient morts semblent soudain percer l'obscurité. En suspension dans le temps et l'espace, son existence ne dépend plus que d'une chose : sa capacité

à résoudre l'énigme de la maison, qui est aussi, pressent-elle, celle de sa propre vérité. Un roman inclassable, aux frontières du réel et du fantastique, qui nous offre un voyage fascinant dans les arcanes de l'inconscient.

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Classement en biblio

extrait

Extrait ajouté par tsukki 2015-02-07T22:49:43+01:00

L’arrivée

Je suis arrivée là un jour de janvier. Le vent de Bretagne, pénétrant et humide, traversait ma veste de laine. Étouffant un frisson, j’ai senti venir le grain. Le vent a tourné brusquement, faisant voler mes cheveux courts, puis les gouttes de pluie mêlées de grêle ont fouetté mon visage en une rafale froide. J’ai entendu les branches d’un grand arbre craquer à ma droite. J’ai avancé avec précaution, les mains tendues pour rencontrer l’obstacle du tronc. L’écorce rugueuse et pleine de rigoles de l’arbre a empli mes paumes d’une sensation réconfortante. Un chêne, comme celui que je venais de quitter : c’était un bon signe, ai-je décidé. Comme si mon chêne m’avait suivie du parc Georges-Brassens, où je passais volontiers mes dimanches à Paris, jusqu’à la côte de Bretagne. Après tout, je pourrais me sentir comme chez moi, ici.

Je me suis tournée vers la masse compacte de la maison. Sans la voir, je savais qu’elle était là. Sa présence s’imposait. Les branches du chêne grattaient ses volets, la pluie et la grêle battaient ses murs épais et le vent les contournait en sifflant dans les recoins du toit. Silencieuse, je me suis tenue debout face à elle, évaluant ses proportions au son des éléments qu’elle affrontait. Elle était imposante et, comme les autres maisons de la côte, dissimulait une grande partie de sa masse dans la descente de la falaise.

La pluie tombait toujours, mais la grêle avait cessé. J’étais trempée à présent. Le chauffeur du taxi m’avait déposée devant la maison et était reparti aussitôt. Seule, j’hésitais encore à me diriger vers la porte. Mes jambes criaient leur fatigue après ma journée de voyage. Pourtant, je restais debout dans le jardin, laissant la pluie couler le long de mes cheveux et jusque dans mon cou.

Je ne voyais pas la lumière déclinante. Ma montre m’indiquait en points de braille qu’il était déjà presque vingt heures. J’avais pris le train en gare du Nord ce matin. De Lannion, un bus m’avait conduite à Perros-Guirec où j’avais fini par arriver en après-midi. J’y avais pris un taxi jusqu’au cabinet du notaire chargé d’exécuter le testament de mon oncle. Les formalités avaient été expédiées dès ma rencontre avec ce petit personnage à la voix chantante qui m’avait initiée à mes droits de propriété après m’avoir dûment fait la lecture du testament de Samson Rivet, mon oncle marin, décédé depuis un peu plus d’un an.

Ses funérailles avaient été expédiées en toute simplicité, comme il l’avait exigé. Je n’avais été avertie que six mois plus tard de l’héritage qu’il me laissait. J’avais organisé la suite des événements sans hâte, bien que ma décision ait été instantanée : je partirais et prendrais pleinement possession de mon héritage, quoi qu’il puisse m’en coûter. Je me retrouvais aujourd’hui avec une clé et un acte de propriété devant cette maison inconnue qui était désormais la mienne. J’avais tout laissé derrière moi : mon appartement dans le XV e arrondissement à Paris, mon travail d’interprète à l’ambassade du Canada, mes meubles et même la plus grande partie de mes effets personnels. Cette demeure aux volets fermés sur lesquels j’entendais tambouriner les gouttes de pluie était tout ce qui me restait maintenant.

Je me suis lentement dirigée vers elle en suivant l’allée, me guidant grâce au bruit du gravier crissant sous mes chaussures comme dans mon parc parisien. J’ai tâtonné pour trouver la serrure où j’ai glissé la clé. Elle a tourné avec un déclic. La poignée a suivi le mouvement et j’ai ouvert la porte qui a grincé en s’ouvrant sur le vestibule humide et froid. Je n’ai pas pu me résoudre à entrer immédiatement dans cette demeure qui m’était encore étrangère.

Le sang bouillonnait à mes oreilles et les bruits légers de la maison me sont parvenus à travers un brouillard sonore, une rumeur confuse accentuée par la fatigue et l’émotion. J’ai attendu que la rumeur se calme, me concentrant uniquement sur les odeurs qui m’emplissaient le nez. En premier plan, un insistant relent de renfermé, témoin du long sommeil de la demeure. Derrière, d’autres senteurs, celles de la vie qu’y avait menée mon oncle : le tabac fort des cigarettes qu’il roulait lui-même à longueur de journée et même au cœur de la nuit, les oignons, l’ail et les champignons qu’il sautait dans la poêle le midi pour accompagner son unique repas de la journée et, par-dessus tout, l’odeur particulière de son corps, comme une aura propre à lui que j’aurais reconnue n’importe où.

Il avait indéniablement habité cette maison.

Les souvenirs affluèrent à ma mémoire et les larmes, à mes yeux. Petite fille, puis adolescente, j’avais voyagé avec mon oncle sur son voilier. Chaque été, il venait s’amarrer à la marina de Shédiac. J’étais là pour l’accueillir avec mes parents. Nous dégustions une glace ensemble en descendant la rue Principale et, mes parents et moi, nous nous faisions nos adieux. J’embarquais alors mon sac sur le bateau et nous larguions les amarres. Nous voguions au large des côtes du Nouveau-Brunswick jusqu’à l’Île-du-Prince-Édouard que nous contournions, naviguant jour et nuit, nous relayant aux commandes à partir du moment où mon oncle m’avait jugée capable de diriger seule le voilier.

J’avais un flair inimitable. Il remplaçait largement le sens de la vue qui m’avait toujours manqué. À la barre, je sentais les vents, les marées et discernais les contours de la côte simplement à entendre les cris des mouettes ou le bruit des vagues sur les rochers. Je décelais le chenal à la manière dont la houle prenait une intensité et une direction légèrement différentes ou à l’accélération soudaine que le courant provoquait. Je barrais avec une précision que je n’ai jamais su expliquer, ne voyant ni la direction à emprunter, ni le compas qui l’indiquait. Je sentais les directions dans mon corps, peut-être comme les oiseaux migrateurs qui, dit-on, suivent les courants magnétiques de la terre. Mon oncle avait appris à s’y fier. À part moi, il ne cédait à personne la barre de son navire.

Nous évitions les plages touristiques surpeuplées et mouillions à l’ouest de Cavendish, dans une marina bondée de voiliers de toutes provenances. Nous y restions à peine quelques jours, le temps de faire le plein de nourriture et de réparer les avaries mineures impossibles à remettre en état au large. Nous repartions vers le Nouveau-Brunswick et accostions dans la Péninsule acadienne. Le port de Shippagan était mon préféré. Chargé de bateaux de pêche, il dégageait une odeur puissante d’algues et de poisson. Je la respirais à pleins poumons alors que je me prélassais sur le pont de L’est d’Éden, le voilier de mon oncle. Caraquet, où nous nous dirigions ensuite, m’enchantait aussi. J’entraînais le Capitaine — c’était ainsi que je surnommais mon oncle — au restaurant et nous plongions dans des festins d’huîtres ou de homards.

Mes paupières se sont mises à papilloter sur le seuil de cette maison où avait fini par s’échouer, sur la côte de Bretagne, un ancien marin acadien. Sa santé l’abandonnant, le Capitaine avait échangé son voilier contre une maison juchée comme un rocher sur la mer, presque un navire, en somme. Je sentais trembler légèrement le sol et j’aurais juré, à l’odeur salée, que ce n’était pas seulement la pluie qui frappait les volets du côté de la côte. Les vagues brisées par les hauts rochers envoyaient des milliers de gouttelettes qui se rendaient jusqu’aux murs de la maison, tandis que l’impact terrible de l’eau contre la roche en ébranlait les fondations.

— Les grandes marées approchent, Capitaine, ai-je dit, comme si mon oncle pouvait m’entendre.

J’ai reçu pour toute réponse l’écho de ma voix diffractée contre la pierre. Démultipliée et vidée de sa substance humaine, elle était méconnaissable. Je me suis perçue tout à coup, à l’image de ma voix, comme un vide immense où résonnaient des paroles qui n’étaient pas tout à fait les miennes.

Où suis-je ? Laquelle de ces voix est la mienne ? Y en a-t-il seulement une qui puisse m’exprimer ? me suis-je demandé, silencieusement cette fois.

Encore sur le seuil, j’hésitais à entrer dans la maison malgré la pluie qui trempait le vestibule, portée par les bourrasques maintenant sauvages du vent.

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