Extraits

— Certains penseront que c’est faire offense à une femme que de lui proposer un tel rôle, commença-t-elle.

— Au contraire, les gens estimeront que ce rôle officiel est la marque du respect que je te porte. Il serait bien plus insultant que je ne te voie qu’en secret, comme si j’avais honte de toi. En tant que maîtresse du souverain du Dhurahn, tu auras un statut et une position. Sans compter que financièrement…

— Non ! le coupa Sam avec rudesse. Je ne veux pas d’argent de ta part. Si j’accepte c’est parce que je te veux toi, pas ton argent.

— Je refuse de devoir regagner tes quartiers à la nuit tombée, dans le plus grand secret, pour devoir les quitter avant le lever du jour, comme un voleur. A la place, je te propose de devenir ma maîtresse officielle. Ainsi, tu retourneras au Dhurahn avec moi et tu auras tes propres appartements au palais royal. Ton statut sera reconnu et respecté. Aux yeux de mon peuple, c’est un grand honneur pour une femme d’être choisie comme maîtresse du souverain. Tu partageras ma vie et mon lit aussi longtemps que nous le souhaiterons, et personne n’osera poser la moindre question sur notre relation.

La mémoire de cette inconnue était comme gravée à jamais dans son cerveau et il n’arrivait pas à s’en débarrasser, même si ce souvenir lui faisait horreur. Il n’avait pas pu faire une nuit complète depuis, refusant de tomber dans un sommeil profond car il redoutait ses propres rêves. Il fournissait une telle énergie pour se contrôler dans la journée qu’il se doutait que cela lui reviendrait la nuit comme un boomerang. Il était déjà suffisamment difficile de constater que, chaque fois qu’il relâchait la vigilance, elle revenait hanter ses pensées, pour le tenter…

Elle n’était pas le genre de femme à se laisser si violemment emporter par ses émotions ou ses désirs. Comment un simple baiser l’avait-il à ce point métamorphosée ? Elle n’avait pourtant pas l’habitude de fantasmer sur le coup de foudre et la recherche de l’âme sœur !

Il aimait cerner à la fois les situations et les personnes afin d’être en mesure de les dominer, et l’entêtement de Sam à ne pas entrer dans ce moule le mettait hors de lui.

Elle mentait quand elle affirmait avoir oublié leur baiser, c’était une évidence ! Le souvenir qu’elle en avait était inscrit dans chacune de ses paroles, chacun de ses regards. Le prenait-elle pour un idiot ? Et si ce n’était encore qu’une manœuvre de sa part pour le provoquer et le pousser à recommencer ?

Ce baiser, était-ce un piège ? Et pensait-elle réellement qu’il serait trop vulnérable pour ne pas s’en remettre ? Pour qui le prenait-elle donc, si elle estimait qu’il manquait à ce point de principes et de fierté pour désirer ce qu’elle était si prompte à lui offrir ?

En tant que jumeaux, lui et son frère étaient naturellement proches, mais l’accident de voiture qui avait emporté leurs parents avait encore renforcé le lien qui les unissait. Aux yeux du monde, c’était à Vere qu’il revenait, en tant qu’« aîné », de marcher sur les traces de son père, mais lui comme Drax savaient que leur père avait toujours souhaité qu’ils règnent tous les deux sur le Dhurahn. Cependant, tout pays étant censé n’avoir qu’un chef, ce devoir lui revenait.

Avant aujourd’hui, il n’avait éprouvé qu’une seule fois une envie aussi impérieuse de voir le désert et d’y trouver le réconfort que ce lieu lui apportait : c’était juste après la mort tragique de ses parents, la disparition de sa mère l’ayant profondément affecté. A cette pensée, il se sentait envahi par la détermination féroce de maîtriser les sentiments qui l’assaillaient.

Il était tout à fait impensable, en effet, qu’un désir charnel pour une de ces Occidentales avides qui venaient dans le golfe faire commerce de leur corps ait pu l’affecter au point qu’il considère que la seule façon d’y échapper était de se réfugier dans le désert, là où il avait cherché une consolation après la mort de sa mère.