Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 593
Membres
1 013 051

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

** Extrait offert par Sharon Kendrick **

1.

Le cœur battant, Emma pénétra dans le luxueux bureau. L’homme assis à la table de travail ne prit même pas la peine de lever la tête du dossier qu’il étudiait.

La lumière entrait à flots par la large baie vitrée d’où l’on découvrait l’un des plus jolis parcs de Londres. C’était à cet emplacement, en bordure du parc, que l’hôtel Granchester, un établissement haut de gamme, devait sa notoriété internationale. En cet instant pourtant, la vue du palace laissait Emma indifférente : ses yeux étaient rivés sur l’homme dont l’attention n’avait pas dévié un instant du dossier posé devant lui.

Zak Constantinides.

Dans le pâle soleil de novembre, ses cheveux d’un noir de jais prenaient un éclat singulier, et ses puissantes épaules étaient impressionnantes. Tout à sa concentration, il semblait tendu comme un fauve prêt à bondir et dégageait une virilité brute, primitive, si palpable qu’Emma sentit son cœur s’accélérer.

La nervosité, sans doute. Quoi d’étonnant à cela ? Le grand patron arrivait à Londres sans prévenir et la convoquait de toute urgence dans son bureau. Quelqu’un d’aussi important faisait en général peu de cas d’une simple employée comme elle.

Quand on l’avait prévenue, elle accrochait les rideaux dans une chambre qu’elle venait de rénover. Elle n’avait pas pu se changer, le vestiaire du personnel étant situé au sous-sol, et le bureau du directeur au dernier étage de l’hôtel. Or on ne faisait pas attendre le big boss. C’est donc affublée d’un vieux jean et d’un grand T-shirt informe, sa tenue de travail préférée, qu’Emma était montée. Pour comble de malheur, une mèche de ses cheveux blonds s’était échappée de sa queue-de-cheval faite à la va-vite le matin. Les conditions n’étaient donc pas les meilleures pour une entrevue avec ce patron multimillionnaire. Mais qu’y faire ?

Il ne pouvait ignorer qu’elle venait d’entrer. Pourtant, il continuait à lire. Une stratégie pour qu’elle comprenne d’emblée qui menait le jeu ? Vu les circonstances, c’était inutile, mais Nat avait souvent dit à Emma que son frère Zak aimait faire sentir aux autres son autorité et son pouvoir pour mieux les manipuler.

Rassemblant son courage, la jeune femme s’éclaircit la gorge avant de dire à mi-voix :

— Monsieur Constantinides ?

Il leva enfin la tête et Emma vit son visage très bronzé, aux traits fermes et virils. Un vrai Grec, mais la ressemblance avec le cliché s’arrêtait là, car Zak Constantinides avait des yeux non pas noirs mais gris comme un ciel d’orage. Ces yeux fixaient Emma à présent, et elle se sentit comme hypnotisée par leur étrange éclat.

Quelque chose en elle se crispa, en même temps qu’un sombre pressentiment l’assaillait. L’intimidation sans doute, car les hommes ne la troublaient plus depuis longtemps, et un milliardaire obsédé par le pouvoir n’avait aucune chance de la faire changer, surtout qu’on le disait grand séducteur, entouré en permanence d’un harem de jolies femmes.

Il plissa à peine ses étonnants yeux gris.

— Ne ? Tu thelis ?

Pourquoi s’exprimait-il en grec alors qu’il parlait un anglais parfait ? Pour mieux marquer la distance entre eux ? Emma afficha un sourire incertain :

— Je suis Emma Geary. Vous désiriez me voir, m’a-t-on dit ?

Zak se cala contre le dossier de son fauteuil sans cesser de la fixer.

— En effet, admit-il en lui indiquant le siège face à lui. Asseyez-vous, je vous prie, Mademoiselle.

— Merci.

Sous le regard de son interlocuteur, Emma était de plus en plus consciente de sa tenue négligée. Mais pouvait-on être impeccable quand on avait passé la matinée à suspendre des rideaux ?

Emma était décoratrice, mais ne travaillait pas en free-lance comme beaucoup de ses collègues : elle avait eu la chance d’être embauchée à plein temps par l’hôtel Granchester, dont elle assurait tous les travaux de rénovation et de décoration. Or elle était en plein travail quand son assistante l’avait prévenue que le big boss l’attendait. Au lieu de se ruer dans l’ascenseur pour grimper en vitesse au dernier étage, elle aurait mieux fait de descendre au vestiaire mettre sa tenue de ville ainsi qu’un peu de blush : Zak Constantinides l’aurait attendue quelques minutes, mais peut-être ne l’aurait-il pas fixée ainsi…

Elle porta sur lui un regard contraint :

— Désolée, je n’ai pas eu le temps de me changer, et…

Il la coupa :

— Aucune importance, nous ne sommes pas à un défilé de mode.

Le jean délavé moulait les longues cuisses de cette jeune femme qui devait avoir des jambes ravissantes… Quant à l’opulente rondeur de ses seins, elle restait bien visible sous l’ample T-shirt. Emma Geary possédait sans aucun doute un corps de rêve, même si elle était négligée… Ses mains en revanche étaient soignées, comme Zak aimait les mains de femmes : ongles longs et impeccables, vernis rouge corail dont la couleur lui évoqua soudain les couchers de soleil sur la mer, dans sa lointaine Grèce natale. Avait-elle senti qu’il était sensible à ses mains ? Peut-être, car elle en porta une à sa poitrine, et dans son geste son T-shirt s’étira, soulignant la courbe d’un sein. Contre toute attente, Zak sentit le désir surgir, ce qui le rendit furieux.

— Ce que j’ai à vous dire est plus important que la façon dont vous êtes habillée, reprit-il d’un ton si sévère qu’Emma ne put s’empêcher de souffler :

— Dieu du ciel ! Vous me faites peur !

— Vraiment ? Asseyez-vous, vous ai-je dit.

Emma obéit en baissant les yeux, et quand elle les releva ce fut pour croiser les prunelles couleur de ciel d’orage fixées sur elle avec une expression indéfinissable. Alors, sans comprendre comment, elle fut troublée. Et déconcertée aussi, car elle se sentait soudain terriblement femme sous ce regard étrange.

Son indifférence au sexe qui, depuis des années, la rassurait, semblait s’être évanouie, la laissant vulnérable, fragile, et craintive surtout, devant l’homme qui lui faisait face.

Mais peut-être était-ce l’émotion de se trouver seule avec ce grand patron que l’on connaissait peu, au Granchester. Zak Constantinides se plaisait en effet davantage à New York et abandonnait volontiers la gestion de son hôtel londonien à son directeur, Xenon.

Emma l’avait pourtant aperçu une fois : c’était à l’inauguration du salon Clair de Lune, dont elle avait assuré le réaménagement avec succès. Il s’était montré plutôt aimable et l’avait même félicitée pour son travail. Emma avait mis ses compliments sur le compte de la politesse, et n’y avait rien vu de personnel, connaissant la réputation de son patron : s’il avait en effet à son actif une réussite professionnelle fulgurante, en revanche il était, disait-on, un célibataire endurci doublé d’un redoutable séducteur, qui avait brisé bien des cœurs. Zak Constantinides représentait le genre d’homme à éviter si l’on ne voulait pas avoir d’ennuis. Et quelqu’un comme Emma devait s’en garder plus que quiconque, elle qui semblait avoir un don pour attirer les hommes à problèmes.

Elle avait compris voilà longtemps que, s’agissant du sexe opposé, elle n’avait aucun discernement. Une lacune grave qu’elle avait hélas héritée de sa mère : comme celle-ci, elle avait fait de mauvais choix par le passé, et n’avait eu que ses yeux pour pleurer quand les conséquences s’étaient révélées dramatiques. Depuis, elle maintenait les hommes à distance, au plan physique comme au plan sentimental. La vie était plus facile ainsi.

Elle prit une profonde inspiration pour retrouver son contrôle, et examina l’homme qui lui faisait face.

A l’inauguration du salon Clair de Lune, il arborait un smoking coupé à la perfection qui accentuait encore ses allures de magnat multimilliardaire. Aujourd’hui, il n’était plus le même homme. Le col de sa chemise en oxford beige était ouvert, et il en avait roulé les manches jusqu’aux coudes, dénudant des avant-bras musclés, couverts d’un duvet sombre et dru. Il avait de grandes mains puissantes, et des épaules larges. La quintessence de la virilité, voilà ce qu’il était en cet instant, songea Emma, et il en semblait conscient et très satisfait.

Il posa son stylo, se cala davantage contre son dossier et prit enfin la parole :

— Savez-vous pourquoi je vous ai convoquée, mademoiselle ?

Emma esquissa un haussement d’épaules, essayant de se convaincre qu’elle n’avait rien à craindre.

— Pas du tout, non. Je me suis posé la question en montant, mais en vain. J’espère que vous n’êtes pas mécontent de mon travail, monsieur Constantinides ?

Elle avait un teint à peine rosé, nota Zak, et de longs cils très blonds ourlaient ses yeux verts en amande. Curieux qu’elle ne soit pas maquillée… Ah ! Si seulement son travail ne l’avait pas satisfait, la situation aurait été plus facile : Zak n’aurait eu qu’à la licencier en lui ordonnant de sortir à jamais de la vie de son frère. Hélas, ce n’était pas si simple.

Elle était déjà en poste quand il avait repris l’hôtel, deux ans plus tôt, et il n’avait vu aucune raison de ne pas la garder. Zak avait racheté le Granchester parce que c’était son ultime ambition, pas pour en changer le concept hôtelier qui avait fait ses preuves depuis longtemps. Les rénovations coûteuses juste pour le plaisir, ce n’était pas son fort. L’argent se gagnait et se perdait tout aussi vite, et, si lui-même était généreux, il avait horreur du gaspillage. Emma Geary faisait du bon travail et avait su rénover certaines parties de l’hôtel sans en modifier l’âme, or Zak savait reconnaître le talent. Il ne se séparerait pas d’elle sauf contraint et forcé.

Hélas, c’était peut-être le cas, car il semblait que cette jeune personne au teint de porcelaine, aux cheveux blond pâle et aux ongles corail, avait jeté son dévolu sur son jeune frère.

Elle n’était pas du tout comme Zak l’avait imaginée. Il l’avait pourtant rencontrée une fois, mais n’en gardait qu’un vague souvenir. En outre, les photos envoyées par le détective privé qu’il avait mis sur sa trace montraient une jeune femme vibrante, exubérante dans sa façon de s’habiller. Rien à voir avec celle qu’il avait devant lui. Mal fagotée, avec cet air effacé, ce teint diaphane, ces longs cheveux blond pâle, elle avait l’air fragile, vulnérable, même… En tout cas, elle n’était pas son style, même si Zak savait apprécier les blondes aux seins ronds et généreux et aux longues jambes… d’ailleurs, à mieux y réfléchir, cette Emma Geary n’était pas non plus le style de femme de Nat : son jeune frère aussi aimait les beautés plus éclatantes, plus typées.

Pourtant, on les voyait ensemble de plus en plus souvent. Zak ne s’en serait pas inquiété outre mesure si Nat n’avait pas été sur le point d’entrer en possession d’un héritage important. Zak, qui depuis toujours protégeait son jeune frère, avait alors décidé de mener sa petite enquête sur cette jeune femme inconnue, et ses pires craintes s’étaient vues confirmées.

Il caressa d’une main distraite la surface lisse de son bureau avant de répondre à la question qui lui avait été posée.

— Non, votre travail n’est pas en cause, mademoiselle. Au contraire, tout le monde s’en félicite.

— Heureusement ! souffla Emma, soulagée, et, pour qu’il saisisse combien elle appréciait son poste et son statut de salariée de l’hôtel, elle ajouta : nous avons eu une assez bonne couverture médiatique pour l’ouverture du nouveau bar. Avez-vous vu les coupures de presse que j’ai envoyées à votre bureau de New York ? Je travaille maintenant à la rénovation du jardin d’hiver et il m’est venu quelques idées de promotion : ainsi, nous avons contacté les organisateurs de l’exposition florale de Chelsea pour…

D’un impérieux geste de la main, il coupa net son enthousiasme.

— Je ne vous ai pas fait monter ici pour parler décoration, mademoiselle, déclara-t-il avec froideur. Ce dont je veux vous entretenir est plus personnel. Voyez-vous, j’ai montré votre contrat de travail à mes avocats.

Emma le regarda sans comprendre.

— Vos avocats ?

Zak eut un geste d’impatience.

— Oui, et ils m’ont fait valoir qu’il était très rare qu’une décoratrice ait un contrat de travail à plein temps. En général, ce métier se pratique en profession libérale.

— Mon cas est assez inhabituel, en effet, admit Emma, je dois mon statut à votre prédécesseur.

Zak fronça les sourcils.

— Vous parlez de Ciro d’Angelo ?

— Oui.

Emma n’oublierait jamais le bel Italien qui s’était montré si compréhensif quand elle-même était au plus bas. C’était l’époque de son retour à Londres, et il lui semblait avoir touché le fond. C’est alors que Ciro d’Angelo lui avait proposé ce qui lui avait paru un cadeau du ciel : un job à plein temps lui assurant la sécurité matérielle, et dans lequel elle s’était lancée comme on s’accroche à une bouée de sauvetage.

— Ciro d’Angelo aimait ma façon de travailler, c’est pourquoi il m’a embauchée comme salariée du Granchester. Cela me tranquilliserait, m’avait-il dit. Il s’est montré très… très bon.

« Bon » n’était pas le qualificatif qui venait à l’esprit de Zak lorsqu’il songeait à l’impitoyable homme d’affaires napolitain à qui il avait racheté le Granchester.

— C’est aussi un grand amateur de jolies femmes, et il est très riche, grinça-t-il.

« Et vous donc ! » aurait aimé répondre Emma, au lieu de quoi elle ouvrit de grands yeux et rétorqua :

— Excusez-moi, mais quelque chose m’échappe, monsieur Constantinides : quel est le rapport entre mon contrat et la vie privée de M. d’Angelo ?

— Vous ne voyez pas ?

Feignait-elle cet air fragile si féminin ? Etait-ce pour l’attendrir ? Possible, mais dans ce cas, elle perdait son temps, et Zak allait le lui faire comprendre sans plus attendre. Il poursuivit donc, féroce tout à coup :

— Eh bien, je vais vous éclairer. Il se trouve que je me suis renseigné sur vous.

A ce point, il marqua une pause avant de reprendre d’un ton devenu sévère :

— Il semblerait que vous ayez une réputation de femme fatale, mademoiselle Geary.

Emma soutint son regard, mais la peur s’insinuait en elle en même temps que se réveillaient certains échos longtemps refoulés de son passé.

— Je… je ne sais pas de quoi vous parlez.

— Vous en êtes sûre ?

Elle mentait, Zak l’entendait à sa voix, et elle était devenue livide. Sous sa peau si transparente, il pouvait voir la fine veine bleutée qui battait à sa tempe. Pour une obscure raison, il se demanda si elle avait la peau aussi délicate partout, et cette pensée le rendit furieux contre lui-même.

— Je trouve étonnant, reprit-il, qu’un homme d’affaires aussi avisé que Ciro d’Angelo ait consenti à vous signer un contrat permanent. On peut se poser la question, avouez-le, et beaucoup de gens en viendraient vite à la conclusion qui s’impose.

Emma frémit sous l’insulte et réagit avec force :

— Eh bien, ils se tromperaient.

— Il n’y a pourtant pas de fumée sans feu, dit-on.

— On dit bien des choses, monsieur Constantinides, mais elles ne sont pas toujours fondées.

— Quoi qu’il en soit, M. d’Angelo appartient au passé, il m’a vendu son hôtel et est reparti vivre à Naples. Or depuis son départ, vous êtes devenue très proche de mon jeune frère, m’a-t-on dit.

En parlant, Zak s’était penché pour mieux guetter la réaction d’Emma.

Celle-ci se tendit, troublée de le sentir si proche que les effluves citronnés de son eau de toilette lui parvenaient.

— Vous voulez parler de Nathanaël ?

— Je n’ai qu’un frère, mademoiselle.

Le cœur de la jeune femme battait très vite, mais elle ne paniquerait pas, non ! Nat ne lui avait-il pas dit que son frère était un vrai dictateur qui obtenait tout ce qu’il voulait sans se soucier des « dommages collatéraux », comme il disait ? Mais elle lui tiendrait tête.

— Et si ce que l’on vous a dit était vrai ? interrogea-t-elle, regardant Zak bien en face. Fréquenter quelqu’un n’est pas un crime, il me semble ?

— En effet, mais quand une jeune femme connue pour ne s’intéresser qu’à des hommes riches semble avoir jeté son dévolu sur mon petit frère, ça ne me fait pas très plaisir.

Emme le regarda sans ciller :

— Ce sont vos avocats qui vous ont conseillé de me traiter de croqueuse de diamants, monsieur Constantinides ? demanda-t-elle d’un ton égal.

Cette façon qu’elle avait de le défier hérissa Zak. Nat avait-il été assez fou pour lui dire le montant de son héritage ?

— Vous perdez votre temps, mademoiselle, assena-t-il, contrôlant sa voix de son mieux.

— Que voulez-vous dire ?

— Inutile d’écarquiller vos beaux yeux verts ou de secouer vos cheveux blonds : sachez seulement que mon frère Nathanaël n’est pas à prendre. Vous pouvez d’ores et déjà le laisser en paix et abandonner tout espoir.

Si l’homme n’avait pas été aussi hautain et désagréable, Emma aurait éclaté de rire avant de lui expliquer à quel point il se trompait. Car oui, ils se voyaient très souvent avec Nat, mais leur relation était amicale, rien de plus. Oh ! bien sûr, un jour Nat avait fait des avances à Emma, comme il en faisait sans doute à toutes les femmes, mais elle lui avait fait tout de suite comprendre que c’était sans espoir, et ils étaient restés bons amis.

Emma tenait à cette amitié : au début, elle y avait trouvé du réconfort dans le désarroi de son retour à Londres. Maintenant qu’elle avait recouvré son équilibre, elle appréciait la compagnie de Nat, et s’amusait beaucoup avec lui. Alors de quel droit ce tyran lui ordonnait-il de ne plus le voir ?

Elle se prit soudain à regretter de n’avoir pu parler avec Nat avant de monter voir Zak. Mais où aurait-elle trouvé le temps ? A moins que Zak n’ait fait exprès de la convoquer d’urgence pour qu’elle ne puisse pas contacter son frère ? Possible.

— Nat est-il au courant de votre démarche ? demanda-t-elle, articulant bien chacun de ses mots. Sait-il que vous prenez à sa place des décisions concernant sa vie privée ? Parce qu’il me semble que c’est à lui de décider de ses fréquentations.

— Vous perdez votre temps avec lui, répéta Zak, ignorant sa réponse. Nat n’est pas à prendre, et surtout pas par une femme comme vous.

Emma se raidit : de nouveau, ce regard gris si dur l’effraya. Et puis, tout à coup, elle comprit : elle était démasquée ! Son passé la rattrapait !

— Quelqu’un comme moi ? répéta-t-elle d’une voix blanche.

En voyant la culpabilité dans le regard de la jeune femme, Zak éprouva un sentiment de triomphe.

— Pourquoi ne travaillez-vous pas sous votre nom de femme mariée ? interrogea-t-il. Est-ce délibéré ? Et pourquoi y a-t-il dans votre CV un vide correspondant à un certain nombre d’années ?

Il se tut pour consulter une feuille de papier devant lui avant de lancer encore :

— Car vous vous appelez Emma Patterson, n’est-ce pas ? Vous avez bien été l’épouse du chanteur de rock Louis Patterson ?

Emma crut défaillir. Oui, c’était la triste vérité, et ce passé sordide qu’elle avait espéré enterré à jamais revenait la poursuivre. Comment avoir été assez naïve pour croire que le présent l’effacerait quand ses griffes sinistres n’avaient cessé de guetter dans l’ombre le moment de se refermer sur elle ?

— Je ne me trompe pas, n’est-ce pas ? interrogeait à présent Zak Constantinides.

La jeune femme avala sa salive.

— Non.

Il porta sur elle un regard triomphant.

— Et votre ex-mari est mort d’une overdose. Alors dites-moi, madame Patterson, vous êtes toxicomane, vous aussi ?

Afficher en entier

** Extrait offert par Sharon Kendrick **

Emma's heart thundered as she stepped into the minimalist penthouse office, but the man sitting at the desk didn't even bother to lift his dark head.

Light streamed in from the enormous windows which overlooked one of London's loveliest parks. It was a view for which the world-renowned Granchester was famous—and which helped make the prices of the landmark hotel so eye-wateringly high. But the magnificence of the view paled in comparison with the formidable man who sat working, his attention fixed on the pile of papers before him.

Zak Constantinides.

The watery November sunshine highlighted the coal-black tumble of his hair and emphasised the musculature of his body. His broad shoulders were hunched and tense. Raw masculinity seemed to pulsate from his powerful frame and the thunder of Emma's heart now became an unsteady beat as she stared at him.

She was nervous. More nervous than she'd been in a long while—and maybe that wasn't surprising. Her boss was making an unscheduled London appearance and she'd been summoned up to see him in his private lair, with no warning whatsoever. And someone as powerful as the Greek tycoon didn't normally bother with people like her.

She'd been halfway up a ladder when the summons had come—and it showed. Beneath her faded jeans and loose T-shirt she was hot and sticky—and strands of hair were falling out of her ponytail. It wasn't exactly the best way to present herself to the powerful billionaire—but there wasn't a lot she could do about it, given that her comb was sitting in her handbag, tucked away in a staff locker somewhere in the bowels of the building.

He must have known she was standing there but he just carried on working as if the room were empty, leaving her feeling as if she were somehow invisible. Unless that was a deliberate ploy on his part. A way of showing her just who was in the driving seat. As if he needed to—when the sense of influence and privilege in the air was so heavy you could almost reach out and touch it. But hadn't his brother told her that Zak was a total control freak who enjoyed the weight of his own power?

Feeling like a rookie politician about to make her maiden speech, she cleared her throat. 'Mr Constantinides?'

At this, he lifted his ebony head to reveal hard, rugged features and gleaming olive skin. So far, so Greek. But Zak Constantinides broke the mould with eyes which were grey, instead of the more predictable brown. They surprised her and everyone else who saw them because they were as unsettling as a stormy sky.

They flicked over her now and captured her in their strange, pewter light.

And something inside her tightened. Something she didn't recognise but which filled her with a certain feeling of foreboding. Probably just nerves. Because what else could it be? She didn't do men and she certainly didn't do control-freak billionaires who were rumoured to have harem amounts of women dotted around the globe.

His eyes narrowed. 'Ne? Ti thelis?'

Emma tried an uncertain smile. Had he spoken in his native tongue to distance himself even further, when she knew that his English was as fluent as hers? If so, it had worked, because now the palms of her hands were growing clammy. 'I'm Emma Geary. I believe you wanted to see me?'

Zak leaned back in his chair, his slow scrutiny never faltering as he drifted his gaze over her. 'Indeed I do,' he said softly as he indicated the chair in front of him. 'Please sit down, Miss Geary.'

'Thank you,' she said, horribly aware of the safety pins which were attached to the front of her T-shirt and a strand of hair which was now clinging to her sticky cheek. Was that why his expression was so unsettling—because she looked scruffy, as anyone would look if they'd been standing on a ladder hanging curtains for most of the morning?

As the Granchester hotel's in-house interior designer, she'd been busy working on one of the smaller bedrooms on the seventh floor when she'd received the call from his assistant. 'Get up to the boss's penthouse office immediately,' she'd been told. There had barely been time to draw breath before taking the elevator up here in response to his imperious command—and suddenly she wished she'd had time to put on a little make-up. Or substitute a less casual top. Or something. Something which would mean he wouldn't look at her with those stormy eyes boring into her.

Rather self-consciously, she fixed him with an apologetic look. 'I'm sorry I didn't have time to change—'

'Don't be. This isn't a fashion show,' he drawled, his gaze automatically taking in the way the faded denim clung to her slim legs, and the baggy T-shirt, which couldn't disguise the provocative curve of her breasts. Only her hands looked groomed—and Zak liked his women to look groomed. Her nails were long and neatly painted in a bright coral, which made him think about the spectacular sunsets of his native Greece and the soft lap of the nearby sea. Had she known he was looking at them and was that why her hand suddenly fluttered to her chest, drawing attention to the lush jut of her breasts? Unexpectedly, he felt a kick of lust, followed by the slow simmer of fury, but he kept his face impassive. 'What you wear won't have any effect on what I'm about to say to you.'

'Gosh.' She attempted another smile. 'That sounds ominous.'

'Does it?' came his unhelpful response.

Emma's smile wavered as she slid onto the chair facing him and she could do nothing to prevent the whisper of awareness from creeping over her skin as she met that cool grey gaze. But she felt bewilderment, too—because she didn't do the instant-attraction thing. Not any more. She was like one of those women who hadn't eaten chocolate in so long that just the thought of it now made her feel sick. And so it was with her and men. Or rather, that was the way it usually was.

Just that right now her normal indifference seemed to have deserted her—leaving her feeling strangely vulnerable in front of the hard-faced man who was staring at her so intently. Maybe it was because she'd never been alone with him before. Or maybe because it seemed strangely intimate to find the Greek tycoon working diligently at his desk, casually dressed in shirtsleeves. Especially here.

Because Zak Constantinides usually stayed away from the London side of his worldwide operations—leaving the day-to-day running of his Granchester hotel to others. Happier in New York City, he was known to the staff of the hotel more by reputation than association.

Apart from one brief conversation, Emma had only ever really seen him in passing—for he was not known for engaging with his staff at a personal level. He left that to Xenon, his aide, and, to a lesser extent, to his younger brother, Nat. The last time she'd crossed paths with him had been at an official function here, at the opening of the refurbished Moonlight Room—an operation which she had overseen and been proud of.

She remembered being introduced to him—when his manner towards her had been decidedly lukewarm. His smile had been perfunctory as he'd thanked her for her creative input and she'd got the distinct impression that he'd simply been going through the motions of being polite. But Emma hadn't cared. She hadn't taken it personally because she knew what people said about him. She knew about his meteoric rise in the world of business, his cold heart and the legions of women who lusted after him.

Zak Constantinides was something of a legend—both in and out of the boardroom. He was the kind of man that any sensible woman would steer clear of if she wanted to avoid trouble. Particularly someone like her—who seemed to attract troublesome men, like a moth to the flame.

A long time ago, Emma had realised that she was useless when it came to the opposite sex—a trait which, sadly, she seemed to have inherited. Just like her mother, she'd made bad choices in the past, and had lived to regret the consequences. These days she kept men at a distance and protected her heart and her body from anyone who seemed as if they might be interested in one or either. It was easier that way.

Trying to deep breathe her way to a feeling of calmness, she studied the man sitting in front of her. On the night of the Moonlight's opening, he'd been wearing a black tux—and the exquisite cut of the formal suit had made him look like the powerful tycoon he was.

But today he looked different.

His rough cream cambric shirt was unbuttoned at the neck and rolled up to his elbows to reveal a pair of hair-roughened forearms. His hands were large and strong and his shoulders broad and powerful. It occurred to her that she'd never seen anyone look so unashamedly mas- culine before. He didn't look remotely like a tycoon—but as if he'd be more at home toiling the land. Or at least doing something more physical than attending to the pile of papers which were placed in front of him.

He put his pen down and leaned farther back in the chair and Emma was suddenly made acutely aware of the heavy material of the shirt straining across the muscular expanse of his chest.

'Any idea why you're here?' he questioned idly.

She gave a little shrug, telling herself she had nothing to feel nervous about. 'Not really. I've been racking my brains about it on the way here, but no.' There was a pause as she met the pewter gleam of his eyes. 'I hope you're not dissatisfied with my work, Mr Constantinides?'

Zak noted the faint flush which had stained her cheeks and the pale blond lashes which framed her green eyes, interested to note that she wasn't wearing make-up. Wouldn't it be easier if he was dissatisfied? If he could just pay her off with the obligatory inflated fee and tell her to get t...

Afficher en entier
Extrait ajouté par SuBla65 2019-07-05T09:27:32+02:00

— Et vous comptez m’envoyer où ? En Mongolie, peut-être ?

— Nous n’avons pas encore ouvert d’hôtel dans ce pays, rétorqua Zak avec aisance, mais cela se fera un jour. Non, je vous mute dans un endroit beaucoup plus cosmopolite.

— Suis-je autorisée à savoir où ? Vous ne comptez pas me faire prendre l’avion les yeux bandés, tout de même ?

Zak fit un effort pour se contrôler : il n’aimait pas qu’on lui tienne tête, et l’impertinence de cette femme avait le don de le mettre en fureur. Ah, comme il aurait aimé la soumettre de la façon la plus simple, la plus primitive qui soit !

— Cela vous plairait d’aller à New York ? demanda-t-il de sa voix la plus douce.

Emma se figea. Etait-il sadique en plus du reste ? Il ne pouvait ignorer qu’elle avait vécu à New York sa courte vie de femme mariée, et que la ville n’évoquait pour elle que des souvenirs pénibles ? Mais elle ne lui en dirait rien : manipulateur comme il était, il profiterait de sa moindre faiblesse. Elle feignit donc un enthousiasme modéré pour s’exclamer

— New York ? Merveilleux ! La ville qui ne dort jamais.

Le cliché éculé arracha une grimace à Zak qui rétorqua :

— C’est ce qu’on dit, en effet. Votre place est retenue sur un vol demain et une voiture passera vous prendre pour vous conduire à l’aéroport. De toute façon, ma secrétaire vous donnera tous les détails. On se revoit donc là-bas.

Sur ses mots, il tourna les talons, laissant Emma abasourdie. Comptait-il aller à New York lui aussi ? Et si oui, pourquoi ? Pour la surveiller ? S’assurer qu’elle ne contactait pas Nat ?

Comment savoir ? En cet instant, elle s’en moquait. Seule comptait pour elle cette étrange excitation qui faisait battre son cœur à toute allure et qu’elle préférait ne pas analyser.

Afficher en entier
Extrait ajouté par SuBla65 2019-07-05T08:54:15+02:00

Son indifférence au sexe qui, depuis des années, la rassurait, semblait s’être évanouie, la laissant vulnérable, fragile, et craintive surtout, devant l’homme qui lui faisait face.

Mais peut-être était-ce l’émotion de se trouver seule avec ce grand patron que l’on connaissait peu, au Granchester. Zak Constantinides se plaisait en effet davantage à New York et abandonnait volontiers la gestion de son hôtel londonien à son directeur, Xenon.

Emma l’avait pourtant aperçu une fois : c’était à l’inauguration du salon Clair de Lune, dont elle avait assuré le réaménagement avec succès. Il s’était montré plutôt aimable et l’avait même félicitée pour son travail. Emma avait mis ses compliments sur le compte de la politesse, et n’y avait rien vu de personnel, connaissant la réputation de son patron : s’il avait en effet à son actif une réussite professionnelle fulgurante, en revanche il était, disait-on, un célibataire endurci doublé d’un redoutable séducteur, qui avait brisé bien des cœurs. Zak Constantinides représentait le genre d’homme à éviter si l’on ne voulait pas avoir d’ennuis. Et quelqu’un comme Emma devait s’en garder plus que quiconque, elle qui semblait avoir un don pour attirer les hommes à problèmes.

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode