La Marche de l'enfant-saule

Une maladie mystérieuse. Un traitement bizarre. Une forêt inconnue. Voilà ce qui est beaucoup trop pour un enfant de neuf ans. Voilà qui est effrayant pour Vitor. De quoi parlent ses parents et ce médecin bizarre ? Doit-il suivre les conseils de ce dernier ? Comment traverser une forêt inconnue et touffue, quand on n’a que neuf ans ? Quelle est cette maladie dont il souffre ? Une maladie qui rend ses parents tristes et les fait murmurer d’effroi. Comment abandonner ses deux petites sœurs qu’il aime et qui le lui rendent bien ? Son crâne est le terreau d’une plante. Il doit se cacher de tout le monde. La marche dans la forêt inconnue que lui a prescrit le médecin est-elle un bon remède?

Le sentier est bien long qui mène à la guérison. Vitor quitte son cocon pour se lancer à l’aventure. Marcher devient sa seule raison de vivre. Il n’a pas de choix. Vitor va découvrir de curieux personnages qui feront un bout de chemin avec lui. Qui lui permettront de se découvrir. De repousser ses limites. Avec une écriture fluide, l’auteur, à sa manière, nous sensibilise à la nature. Au respect de cette dernière. A vivre en osmose avec elle. De plus, cette histoire, ce conte, apprend aux enfants à croire en eux. En leur force morale. À savoir repousser leurs limites. Ce beau conte est parsemé d’illustrations en noir et blanc qui aident le lecteur à s’immerger avec plaisir au sein de l’histoire.

Pour guérir, Vitor doit « suivre le sentier » et ne jamais le quitter. Pourquoi ? Traverser seul une vaste forêt inconnue demande beaucoup de courage à un enfant de neuf ans. Mais, dans la vie, il faut savoir faire des choix et surtout les assumer. C’est ce qu’apprend Vitor le jeune marcheur. Sa maladie arboricole l’oblige à cela. Les rencontres faites durant cette marche lui apprennent beaucoup sur lui-même. Va-t-il guérir ? Retrouvera t-il ses parents et ses deux sœurs ? Parfois, il se sent si seul et démuni. Cette quête l’a fait douloureusement mûrir. Il est prêt à affronter son destin et à en accepter les conséquences. Est-ce normal, à son âge ? Parsemé de superbes croquis en noir et blanc, le récit alpague merveilleusement le lecteur qui accompagne discrètement Vitor dans son aventure.

C’est un joli conte initiatique que nous livre l’auteur, dont le texte est régulièrement illustré par des dessins en noir et blanc. Le style recherché et poétique nous plonge vraiment dans cet étrange univers végétal.

Nous suivons Vitor, un enfant atteint du mal de l’errance. Une excroissance de saule pousse sur sa tête et le condamne à entreprendre un voyage dans la forêt d’Ulween afin d’espérer guérir. Marcher sans cesse, ne jamais s’arrêter, car c’est alors que les dangers sont les plus importants.

Vitor y croisera d’autres êtres en errance comme lui, à commencer par Tima, une jeune femme éprise de liberté au franc-parler et aux manières de charretier. Melios, poète mélancolique, complète le trio tout en cachant ses secrets. Vitor quant à lui garde l’innocence et les illusions propres aux enfants et qu’ont perdues ses deux compagnons de route, ce qui donne des dialogues ou des situations parfois rafraîchissants.

Forêt peuplée de croyances et de légendes, Ulween nous invite à être les témoins de moments étranges : les pierres parlent, une partie d’échecs absurde se joue à échelle XXL, le bois des condamnés se révèle effroyable et un château surgi au beau milieu de cette forêt donne les plus belles réceptions.

Cette forêt est également hantée par une histoire, celle, dramatique, de Myrda et du chevalier Rindell de Stellieu, que l’on découvrira sous différents points de vue. Tous ces éléments révèleront une terrible vérité à nos marcheurs.

Vitor découvrira la cupidité, la jalousie (la sienne et celle des autres) et la lâcheté. Au final, le plus courageux c’est bien lui. Il ne lâche rien, motive les autres et surmonte chaque épreuve. Parce que c’est un enfant et qu’il veut vaincre le mal qui le ronge ? Parce que tous les espoirs lui sont encore permis ? On s’attache très facilement à son combat et à son envie de retrouver ses sœurs et ses parents.

Le monde est imaginaire, mais quelques allusions à la mythologie grecque pointent ici et là.

Ce livre est un vaste terreau duquel chacun pourra en tirer quelque chose, tant il est riche et traite de nombreux sujets !