Extraits

Reed & Eve

— Quand tu parles de ramener le coupable, c’est genre « mort ou vif » ?

— Mort.

— Mort façon sang partout et tripes dehors ou une sorte de mort magique ?

— Il n’y a rien de magique là-dedans.

Il posa la main sur celles d’Eve dans un geste qui se voulait réconfortant.

— Parfois c’est crade, parfois non. Tu apprendras la différence. L’entraînement est aussi intensif que complet.

— M’entraîner à la chasse aux Infernaux ? Non merci, répondit-elle en secouant la tête.

— Certains Marqués trouvent le boulot très glamour.

— Pour moi, le glamour, c’est boire du champagne vêtue d’une jolie petite robe noire.

Reed esquissa un sourire.

— J’ai hâte de voir ça.

— Comment m’extirper de ce truc ?

— De la robe ? T’en fais pas, je t’aiderai.

Il sourit intérieurement en remarquant qu’elle avait préféré ignorer la pique envers Caïn. La première fois qu’il l’avait vue, Eve était habillée de manière stricte et très professionnelle. Seuls ses cheveux détachés dénotaient une certaine touche de fantaisie dans sa tenue. Son attitude « on regarde mais on ne touche pas » avait attisé son intérêt, mais c’était au moment où leurs regards s’étaient croisés qu’il avait dépassé la simple envie d’énerver Caïn. Le responsable du cliché voulant que les femmes asiatiques soient timides et réservées avait vraiment dû fumer la moquette.

« — J’adore quand tu frémis pour moi, ronronna Sara en faisant courir ses ongles le long de son dos.

Reed garda les yeux fermés en imaginant que la chair soyeuse autour de ses doigts en mouvement appartenait à une autre femme.

« Je… Je ne fais pas ce genre de choses d’habitude… »

La voix tremblante d’Eve résonnait en boucle dans son esprit. Elle l’ignorait – et il n’était pas certain de lui en parler un jour – mais leur étreinte dans l’escalier avait été d’une incroyable intensité, et pas seulement du point de vue sexuel. Il l’avait attirée hors de la foule mais, une fois seuls, n’avait rien fait pour l’obliger à rester près de lui. Il n’en aurait pas été capable, trop concentré qu’il était sur elle : son parfum, la chaleur de son contact, son désir profond. Il n’avait jamais connu rencontre plus intime.»

(...)

« Malgré sa beauté tout angélique, Sara geignait comme une star du porno durant leurs ébats. De quoi réveiller l’animal en lui, l’exciter jusqu’à la fièvre.

Mais on était toujours très loin de ce qu’il avait éprouvé dans la cage d’escalier.

Sur le plan des émotions, Sara et lui étaient sur deux continents différents. Paupières closes, elle avait rejeté la tête en arrière et gardait ses pensées pour elle. L’esprit de Reed était tourné vers Eve, son énergie sexuelle focalisée sur elle, son âme animée par le désir d’apaiser la peur qu’il percevait en elle.

Le rythme de ses hanches vacilla lorsqu’il la sentit qui lui répondait en pensée, un contact chaste, comme une main prenant la sienne dans l’obscurité. L’esprit de la jeune femme effleura à peine le sien, telle la caresse d’une volute de fumée, et pourtant il en fut bouleversé. Il jouit dans un rugissement et Sara frissonna sous l’effet d’un deuxième orgasme accompagné d’un cri aigu.

Eve l’avait mis à genoux, malgré la présence de Sara qui lui griffait le dos et les heures qu’il allait encore devoir passer à s’occuper d’elle. Une fois la jouissance dissipée, il tenta de reprendre son souffle, saisi par l’envie de prendre une douche.  »

Le Diable se cache dans les détails.

"Alec se tenait derrière la porte, tout sourire.

_Ange? appela-t-il avec cette voix aussi chaude et caressante que du velours. C'est ton gentil voisin.

Ouvrant la porte, elle lui fit signe d'entrer de sa main armée. Il portait ses lunettes de soleil, un débardeur, un short Dickies qui s'arrêtait aux genoux et une bonne dose de sex-appeal. Sur ce plan, il était inégalable.

Il releva ses lunettes et sourit.

_Tu seras bientôt plus redoutable que ce revolver.

_J'aime toujours la sensation qu'il me procure quand je le tiens, répondit-elle en levant son arme d'un geste plein de respect. Lourd, solide.

Une main sur le montant de la porte, Alec se pencha vers elle. Elle le regarda faire, comme hypnotisée. Il s'arrêta à quelques millimètres de ses lèvres.

_ J'ai quelque chose de lourd et solide, murmura-t-il dans un souffle caressant. Tu veux monter dessus?

_ C'est super vulgaire... chuchota-t-elle en retour. Je crois bien que ça m'excite.

Il l'embrassa.

_Je parlais de ma moto, précisa-t-il.

Eve fit la moue.

Je veux te sortir un peu, dit-il. Allons nous amuser et nous détendre un moment.

_On peut s'amuser ici.

_ Et nous le ferons, assura-t-il, un éclat prometteur dans les yeux. Plus tard.

_Pourquoi pas maintenant?

Alec se mit à rire.

_Même si j'adore coucher avec toi - et tu sais à quel point j'aime ça -, nous n'avons jamais eu un vrai rendez-vous.

_Un rendez-vous? demanda Eve en fronçant les sourcils.

_Toi. Moi. Dehors. Au soleil. A faire en plublic des trucs pour lesquels on ne risque pas d'être arrêtés."

"Même malade comme un chien, le corps d'Eve avait faim de lui. Comment pouvait-elle être excitée dans un moment pareil?

_ Alec... Qu'est-ce qui m'arrive?

_ Tu deviens comme moi.

_ Mon Dieu... Qu'on m'abatte tout de suite! maugréa-t-elle tandis que la marque à son bras s'enflammait douloureusement.

_ Encore quelques jours, petit ange. Tu es forte. Et tu le seras encore plus une fois que ce sera terminé.

_ Quelques jours? Depuis combien de temps je...

_ Trois jours.

Trois jours?

Et il était toujours là.

Elle voulut lutter pour demeurer éveillée mais sans succès. Elle sombra de nouveau."

- J'ai besoin d'un amuse-gueule, gronda-t-il d'une voix si gutturale qu'elle le comprenait à peine. Tu feras l'affaire.

- T'as essayé les nachos ? suggéra-t-elle tout en serrant les poings.

Elle sentit le pouvoir s'éveiller au plus profond de son être, ainsi qu'une émotion où se mêlaient la faim et l'agressivité. Des pulsions primaires, animales, très différentes du genre de violence élégante qu'elle aurait imaginé voir Dieu employer pour détruire ses ennemis. La vague de sensations était déstabilisante...et addictive.

- Les chips sont un peu rassies et le fromage sort d'une boîte de conserve, mais ce serait beaucoup moins dangereux pour ta santé, ajouta-t-elle.

- Tu n'as pas l'impression que c'est comme de demander à une étudiante en médecine de faire de la chirurgie du cerveau alors qu'elle a simplement lu un bouquin sur le sujet?

- Tu te sous-estimes, poulette.

« — Je dois y aller, haleta-t-il.

Le beau visage de Sara était transpirant, ses lèvres rouges et gonflées bien qu’il ne l’ait pas embrassée.

— Tu ne pourras pas sauver ton Marqué, dit-elle. Et si tu pars avant que nous ayons fini, tu ne pourras pas la sauver, elle non plus.

Reed tendit la main vers son pantalon.

— Elle ?

— Evangeline, répondit-elle avec un sourire qui ne remontait pas jusqu’à ses yeux. Tu t’imagines qu’une femme ne s’aperçoit de rien quand l’homme avec qui elle couche pense à quelqu’un d’autre ?

— Sara… dit-il sur un ton d’avertissement, les poings crispés.

— Il est trop tard pour sauver Takeo et tu le sais bien. Tu souhaites simplement atténuer ta culpabilité en étant auprès de lui durant ses derniers instants.

Elle planta un ongle rouge parfaitement verni sur son pectoral.

— Je veux que tu vives avec cette culpabilité. Que tu te rappelles que tu n’as pas pu être présent pour ton Marqué parce que tu jouais au gigolo pour l’amante de ton frère.

Il la gifla.

— Tu ne sais pas de quoi tu parles !

Elle rit et frotta la marque rouge laissée par sa paume. Puis elle écarta les jambes, laissant apparaître les replis roses et luisants de son sexe.

— Au travail, ordonna-t-elle. Avant que je décide que tu n’en vaux pas la peine. »

"Le péché est tapi à ta porte ; son désir se porte vers, toi, mais tu te dois de le maîtriser."

Le Seigneur à Caïn, Genèse, IV, 7