Extraits

Je suis en cavale, et c'est moi que je fuis.

Il m'a toujours manqué quelqu'un, au plus profond de moi, jusqu'au jour où j'ai décidé de ne plus attendre personne.

"Tu comptes mettre cela ?

- Elle n'est pas bien cette robe?

- Cela n'est pas à moi de te le dire.

- Qu'est-ce qu'elle a?

- Si tu ne le vois pas, c'est que tu es encore prisonnière des schémas qui emprisonnent la femme.

- Mais elle est toute neuve.

- Tu t'abaisse à sexualiser ton corps en t'habillant pour plaire aux regards des autres. Tu es dépendante de la perception des hommes. Cela n'est pas digne de toi."

La déception dans son regard est la pire chose sur terre. C'est pour lui plaire que je l'ai achetée. Et quel mal y a-t-il à être regardée, à susciter du désir plutôt que de la pitié?

" Les vêtements ne sont que superficialité, ils couvrent ton enveloppe charnelle, ne laisse pas obscurcir ton esprit.

- Je l'ai eue en soldes ..."

Son bras se lève, puis s'abat. C'est parti tout seul, comme les plombs d'une carabine. La première claque, on n'y est pas préparée, on ne la sent pas. Elle tombe la première fois. où l'autre devine qu'il ne nous possède pas, qu'on a gardé un quant-à-soi. Elle vient juste après la colère et avant les excuses. La première claque, elle frappe le visage mais pas encore la conscience. Si l'autre s'y prend bien, il peut même la faire passer pour un geste d'amour, le signe de la passion. "Je t'aime tellement, tu es tout pour moi, l'idée que l'on puisse essayer de te faire du mal me fait perdre pied." Il y a toujours une bonne raison, on l'écoute, on se met à la soupeser. "Pardonne-moi, je ne suis rien sans toi"; on est attendri même. Puis viennent les larmes. Les meilleures pleureuses professionnelles de Calabre ne feraient pas mieux. À genoux, au sol il m'agrippe les mollets et pleure de tout son saoul contre l'étoffe neuve de ma robe. "Cela n'arrivera plus, je te le promets"; on est secouée, mais à l'intérieur de soi on commence déjà à oublier que la main qui caresse peut aussi frapper.

Diane DUCRUET, La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose. Page 178,179

Les bêtises d'adultes, ça change la vie des enfants.

Moi, fille de personne, je n'arrive pas à m'imaginais devenir un jour mère de quelqu'un.

C'est ça les hôpitaux, on entre par la porte des urgences en entier, on en ressort par une autre, il manque un bout de corps ou d'âme, quelque chose de brisé.

Il faut avoir l'esprit bien étroit pour voir dans les astres des ustensiles de cuisine.

Je me mets à pleurer parce que mes cheveux ne veulent pas danser. Pourquoi mes cheveux ne m'aiment-ils pas ? Peut-être sont-ils morts ? Oh mon Dieu ! Je suis si triste.

Plus d'un million de jeunes de ma génération, tous, comme moi, touchés par la rage.

Je ne cherche plus à comprendre pourquoi ma vie entière ressemble à une punition, il y a la vie des autres, puis il y a moi.