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— Ce n’est pas un souci. Ça fait plusieurs mois que je prépare ma succession, au cas où. J’ai formé Alex Winfiled, et il est parfaitement apte à me remplacer au pied levé. Tu dois comprendre qu’un poste d’ambassadeur va m’ouvrir de nouvelles portes, Lillian. Celles de Washington, par exemple, ajouta-t-il en feuilletant le journal. Ça me permettra de nouer de précieux contacts, et, une fois de retour aux Etats-Unis avec un titre d’ambassadeur sur ma carte de visite, je pourrai entamer la carrière politique dont j’ai toujours rêvé.
Afficher en entierIls possédaient un bel appartement à Galveston avec une vue à couper le souffle sur le golfe du Mexique. Lillian aurait eu tout le loisir d’y passer les week-ends, mais ça ne lui disait rien. Là-bas, elle se sentait seule, isolée. A quoi bon regarder un magnifique coucher de soleil si l’on n’avait personne avec qui partager son émerveillement ?
Afficher en entierLillian Trask leva la cafetière et attendit pour le servir. En plus du café et des jus de fruits, le chariot du petit déjeuner était chargé d’œufs brouillés, de bacon, de croissants et d’une collection de gelées et de confitures artisanales. Elle-même se contentait d’un fruit et d’un yaourt le matin, mais son mari aimait prendre un repas copieux avant d’attaquer la journée.
Afficher en entierElle posa sur le visage de Jason un regard plein d’affection. Ils s’étaient rencontrés aux Beaux-Arts, douze ans plus tôt, et, depuis, ils ne s’étaient pratiquement jamais quittés. Ce jour-là, Jason posait nu pour le cours de dessin. Erica avait appris plus tard qu’il était lui-même étudiant, mais qu’il s’était proposé comme modèle parce que… Parce que c’était le genre d’excentricité qui lui plaisait.
Afficher en entierErica non plus n’aurait pas pu s’en sortir sans l’aide de Jason. C’était lui qui avait eu la brillante idée de leur partenariat. Il avait tout de suite compris le potentiel de son amie et était venu lui en parler à un moment particulièrement sombre de sa vie. A cette époque, en effet, elle vivait cloîtrée dans sa maison, sous antidépresseurs, et ses créations finissaient immanquablement au fond d’un placard. Sans Jason et sa farouche détermination, Erica se demandait combien de temps il lui aurait fallu pour réintégrer le monde des vivants. Il l’avait convaincue que, avec sa propre habilité de vendeur et son talent à elle, ils auraient été stupides de ne pas monter une société. Et le temps lui avait donné raison. Apparemment, ils étaient sur le chemin d’un beau succès commercial.
Afficher en entier— Tu t’imagines sans doute que le premier venu peut avoir sa bobine à la une d’un journal comme celui-là ? Eh bien, tu te fourres le doigt dans l’œil, ma jolie. Et, même si tu as du mal à croire que tu es sur le point de jouer dans la cour des grands, d’autres en sont convaincus pour toi.
Afficher en entierL’article ne concernait pas seulement Erica. C’était un papier sur l’atmosphère particulière de ce quartier de Houston appelé le Village. On y trouvait de nombreux commerces, du magasin de luxe à l’échoppe populaire, et des produits de toutes sortes. Lorsqu’ils avaient décidé d’ouvrir une boutique pour vendre les vestes et les plaids dessinés par Erica, leur choix s’était porté sur le Village tant pour l’ambiance qui y régnait que pour la situation géographique du quartier, à la lisière de River Oaks et de ses riverains fortunés.
Afficher en entierIl n’avait pas tort en affirmant qu’ils n’auraient jamais eu les moyens de s’offrir pareille publicité. Une grande photo au centre de la page la montrait en train d’arranger la vitrine de leur boutique du Village. Elle se souvenait très bien de cette journée. Après avoir cherché une veste et un plaid aux tissus coordonnés, elle avait négligemment posé le plaid – également l’une de ses créations – sur un fauteuil ancien emprunté à un antiquaire de la rue aux pieds du fauteuil se trouvait un grand vase rempli de fines branches nues et noueuses, ramassées en bordure d’une route de campagne. Des cailloux de rivière étaient disséminés sur le sol, comme jetés au hasard, ajoutant une dernière touche artistique à cet amalgame étrange et éclectique. Le photographe avait insisté pour la prendre en train de travailler dans la vitrine. Sur le moment, Erica s’était demandé si c’était une bonne idée. Mais, à présent, elle devait admettre que le résultat était vraiment intéressant.
Afficher en entierLa sonnerie du téléphone déchira le silence du matin pour la quatrième fois, mais Erica Stewart n’avait aucune envie de quitter le sommeil douillet qui l’enveloppait mieux qu’une couverture. Le répondeur finira bien par s’en charger, songea-t-elle, à demi assoupie, tandis qu’elle s’efforçait de renouer le fil de son rêve. A la cinquième sonnerie, son chat Willie vint se frotter la tête contre sa main. Ronronnant bruyamment, il grimpa sur sa poitrine et se mit à pousser sur les pattes avant, l’une après l’autre, comme s’il massait le magnifique plaid qui faisait office de dessus-de-lit. Avec un soupir résigné, la jeune femme se redressa sur un coude et s’arracha aux limbes du sommeil pour décrocher en maugréant :
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