Extraits

Les entends-tu, Lino ? Les bruits de ton cœur qui se brise en mille morceaux ?

Ma moue de chien battu a toujours son petit effet. Lino attrape la crème, puis en dépose une noisette dans le creux de sa main. Je déteste que l’on me masse d’habitude. Néanmoins, pour sentir mon Italien caresser ma peau, je suis prêt à faire un effort. Nous nous mettons sur le côté de la route pour laisser d’autres touristes passer. Au moment où ses doigts se posent sur mes pectoraux, ma langue humecte mes lèvres, presque malgré moi. Ses pupilles ne quittent pas les miennes et même s’il fait déjà très chaud, ma température corporelle monte encore d’un cran.

C’est tellement sensuel que j’ai presque l’impression qu’il me fait l’amour devant tous ces gens.

Il m’oblige à me retourner et s’applique à réaliser le même massage sur mon dos. Je clos les paupières tant le supplice est délicieux. Tout à coup, des images beaucoup plus intimes s’immiscent dans mon esprit. J’imagine les mains de Lino sur d’autres parties de mon anatomie et…

Merde, mon cerveau a attrapé un coup de soleil !

Un coup d’amour.

Un coup de « Je t’aime ».

Ferme ta gueule, Richard Cocciante !

- Ne fais pas cette tête, ce n'est pas grave, annonce-t-il, le plus sérieusement du monde. Tu devrais être en train de danser, te déguiser en Dalida et chanter Gigi l'Amoroso, bordel ! Ce n'est pas ce que font les gays de nos jours ?

Dîtes-moi qu'il blague.

Il s'enfile la fin de son cocktail d'une traite, comme s'il ne venait pas de dire la chose la plus bête qu'il m'ait été donné d'entendre ces vingt quatre dernières années.

- Je n'ai jamais fait l'amour avant. Je veux dire par là que... je baise, d'habitude. Ça ne signifie rien du tout. Je ne suis pas habitué à faire l'amour, tu comprends ?

Bordel.

Je ne m'attendais pas à cette déclaration. Parce que c'en est une, j'en suis certain. Il vient de faire voler un "je t'aime " jusqu'à mon coeur et je ne suis pas loin de me liquéfier sur place.