Ajouter un extrait
Liste des extraits
Jasper se tint avec les mains sur les hanches et tourna sur lui-même, observant les alentours : la cabane à cochons, l’arrière du chalet, la clairière dans laquelle se trouvait le chalet, et le chemin plein d’ornières qui menait à la route située à plus d’un kilomètre et demi d’ici, et qui finissait par déboucher sur l’autoroute et le monde extérieur.
Il ne vit aucune femme. Ni aucun enfant. Personne.
Il regarda à nouveau l’empreinte, s’accroupit et la toucha du bout des doigts, comme s’il essayait de lui soutirer quelques secrets. Mais si c’était ce qu’il essayait de faire, cela ne fonctionna pas.
Bobber arriva et renifla l’endroit où se trouvait l’empreinte. Si Jasper espérait que le gros chien noir traque la personne qui avait laissé cette mystérieuse empreinte jusque dans la forêt, il fut profondément déçu. Au lieu de cela, Bobber se laissa tomber sur le dos et réclama une caresse sur le ventre. Sacré traqueur qu’il avait là ! Sacré chien de garde, aussi.
Alors que Jasper caressait vivement le ventre de Bobber, faisant grogner de plaisir le gros chien, il repensa à la nuit précédente et admit finalement que quelqu’un était entré dans son chalet. Il ne se rappelait pas la dernière fois qu’il avait reçu des visiteurs. Qu’ils soient invités ou non. Et comme l’empreinte de pas ne correspondait pas du tout à la sienne, qu’était-il censé en déduire ?
La grande question était : qu’était-il supposé faire maintenant ?
Afficher en entierIl vit Timmy qui regardait fixement le sol avec un air perplexe. Une fois que Jasper fut enfin installé dans sa chaise à bascule, qu’il eut récupéré sa tasse de café sur la rambarde de la terrasse et qu’il l’eut confortablement placée sous son menton, Timmy dit :
— Je pensais aller mieux, mais ce n’est peut-être pas le cas. Soit je suis en train d’halluciner, soit il y a deux cochons qui dorment au milieu de tes chiens et tes chats. De mignonnes petites choses.
Jasper éclata de rire.
— Ce ne sont pas des hallucinations. Ils sont le commencement d’un magnifique troupeau de Yorkshire. J’imagine que dès qu’ils atteindront la puberté, ils se mettront au travail. Mais pour l’instant, ils ne sont que… mmh… des animaux de compagnie.
— Des animaux de compagnie ?
— Des animaux de compagnie. J’ai pris cette décision ce matin. Ou plutôt, ils l’ont prise. Je ne suis pas vraiment sûr de savoir qui a pris cette décision. Enfin bref, maintenant, ils sont des animaux de compagnie. Apparemment.
Timmy observa longuement et curieusement Jasper. Il ne semblait pas très convaincu par ce qui se déroulait devant ses yeux.
— Alors, tu es un éleveur de cochons.
Jasper laissa échapper un grand éclat de rire.
— Grand Dieu, non ! Je suis écrivain. Les cochons sont une activité secondaire. Je me suis juste dit que ce serait marrantde fabriquer mes propres saucisses, pour changer. Bien entendu, je ne toucherai pas à ces deux cochons-là. Je les considère déjà comme faisant partie de la famille. Mais dans un an ou deux, leurs descendants pourraient être délicieux.
Il regarda alors affectueusement Harry et Harriet, qui étaient toujours en train de grogner et de remuer dans leur sommeil.
— Enfin, ils le seront si ces deux-là finissent un jour par grandir et s’accoupler.
Timmy observa l’homme de l’autre côté de la terrasse. Mon Dieu, Jasper Stone était vraiment gentil. Timmy ne rencontrait pas beaucoup de personnes gentilles dans son secteur d’activité.
Afficher en entierJasper vit une goutte de sueur se frayer un drôle de chemin sur le visage de Bateman, passant et contournant les creux formés par sa peau, comme la berline le faisait en évitant les nids-de-poule sur le chemin. Avant de pouvoir s’en empêcher, il nota dans un coin de sa tête qu’il devrait utiliser cette comparaison dans le roman qu’il était en train d’écrire une fois qu’il serait de retour au chalet, puis il se rendit soudainement compte qu’il mettait la charrue avant les bœufs. Mieux valait attendre de voir s’il allait survivre à cette journée.
Afficher en entier