La Muse du peintre

Ce fut presque à regret, au bout d’une demi-heure, peut-être davantage, qu’elle émergea du lac. Elle se sentait rafraîchie et animée des meilleures intentions pour la fin de cet après-midi. Elle avait prévu de concocter une nouvelle huile essentielle à base de citronnelle, idéale contre les moustiques. Ce serait un baume de soins pour Mme de Laval, qui comptait sur elle afin de lui procurer ce qui était le plus bénéfique à sa santé. Elle s’occuperait aussi de son chien Paco, bavarderait avec sa sœur Eugénie, et la soirée s’écoulerait tranquillement. Peut-être même que toutes deux auraient envie d’admirer les étoiles, assises dans leur jardin…

À cette perspective, Alana sourit. Sous la chaleur, sa peau ruisselante séchait déjà. Elle s’empara de son jupon et l’enfila lentement. Puis elle ajusta son corsage sur sa poitrine au grain encore serré par l’eau fraîche. Elle s’apprêtait à en tirer les lacets de soie lorsqu’elle aperçut une haute silhouette de l’autre côté de la haie de bambous.

Son cœur cessa de battre.

Un homme la regardait.