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Extrait ajouté par Laurine-25 2019-10-13T21:35:00+02:00

Sarah avait commencé de s’habiller en garçon lorsqu’elle avait récupéré des vêtements abandonnés par un ancien locataire du White Hart, le bar à gin dont Ellen et elle occupaient désormais la cave. Ruby, la propriétaire, disait que le garçon

était mort parce qu’il était ramoneur. Il était resté coincé dans une cheminée sans que personne ne le sache, et, quand on avait allumé le feu, la fumée venant d’en dessous avait rempli ses pauvres poumons. La culotte était trop roussie pour être convenable, mais les chaussures lui allaient presque, et la casquette était assez grande pour dissimuler la moitié du petit visage de Sarah

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Extrait ajouté par lelette1610 2019-02-20T10:27:37+01:00

Quand Sarah arriva devant la porte vert émeraude de LilY Korechnya, elle se rappela ce que Septimus Harding lui avait dit : elle avait la tête bien faite, et il s'y connaissait dans ce domaine. Cela lui donnait plus d'assurance pour voir Mme Korechnya, car elle ne voulait évidemment pas paraître dépourvue d'esprit devant elle. M. Harding n'avait pas besoin de lui dire de ne pas s'encombrer d'un mari, pensa-t-elle en frappant à la porte à l'aide du marteau en laiton, elle l'avait déjà compris toute seule. Elle se demanda à quoi ressemblait le mari de Mme Korechnya, il avait dû être différent ; et M. Harding, il avait une femme, lui aussi. Peut-être existait-il donc des hommes qui ne craignaient pas les femme dotées d'esprit, contrairement à Jack Thislewite qui prétendait savoir tout sur tout, même quand c'était faux.

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Extrait ajouté par Stephanelefort 2016-12-21T20:15:18+01:00

Neuf des principaux dieux hindous s’étaient ensuite attribué une pierre, et, à compter de ce jour, les pierres étaient devenues le symbole à la fois de la divinité et de la planète régie par cette divinité, comme si la planète, le dieu et le joyau ne formaient plus qu’un. Ces neuf entités étaient connues sous le nom de navaratna. Charles Herbert avait déjà entendu ce mot, pendant leur séjour à Bénarès en qualité d’invités du maharajah, mais il n’y avait guère accordé d’intérêt. Il savait que le navaratna était une chose que son épouse, le maharajah et leur guide traitaient avec autant de respect que la sainte Croix, et, de fait, il tendait à y accorder encore moins d’importance. L’idée même que neuf morceaux de roche colorée puissent posséder des propriétés magiques était profane et inconvenante. Cependant, l’histoire de Bala avait opportunément occupé le reste de leur trajet jusqu’au lieu établi de leur campement, et déjà on entendait le remue-ménage et les cris habituels accompagnant la transformation du désert aride et de l’herbe calcinée en quartiers temporaires composés d’un cellier, d’une salle à manger, d’une chambre, d’un salon et d’une écurie. Quelqu’un aidait Cynthia à descendre de son chameau agenouillé, et ses jupons volumineux paraissaient d’un blanc étourdissant dans le crépuscule surnaturel.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-10T22:38:33+01:00

L’idée de trouver un travail à l’intérieur lui était venue pendant l’hiver glacial de l’année précédente, alors qu’elle était recroquevillée devant un soupirail donnant sur les sous-sols de Paternoster Row. Au-dessous, les moteurs chauds des presses du journal produisaient un bruit semblable à un train à vapeur, et Sarah s’était mise à songer qu’il serait bien confortable de passer les mois d’hiver au chaud, au lieu de rester dans la rue à vendre des pommes et des brins de lavande séchée pour qu’Ellen et elle n’aient pas à voler. Si elle pouvait gagner correctement sa vie, Ellen n’aurait pas non plus à rester dans la rue. Elle pourrait même aller à l’école.

Sarah avait commencé de s’habiller en garçon lorsqu’elle avait récupéré des vêtements abandonnés par un ancien locataire du White Hart, le bar à gin dont Ellen et elle occupaient désormais la cave. Ruby, la propriétaire, disait que le garçon était mort parce qu’il était ramoneur. Il était resté coincé dans une cheminée sans que personne ne le sache, et, quand on avait allumé le feu, la fumée venant d’en dessous avait rempli ses pauvres poumons. La culotte était trop roussie pour être convenable, mais les chaussures lui allaient presque, et la casquette était assez grande pour dissimuler la moitié du petit visage de Sarah.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-10T22:38:25+01:00

Dans la salle de repos située au troisième étage de l’immeuble du London Mercury, Sarah O’Reilly se roula une fine cigarette de tabac St Bruno’s Flake, et elle regarda la rue à travers le carreau poussiéreux de la fenêtre. C’était son moment préféré de la journée, surtout les jours comme celui-ci où elle avait dû effectuer de nombreuses courses pour Septimus Harding. Cela signifiait qu’elle avait dû prendre sa pause cigarette après les autres compositeurs, mais elle avait la petite pièce miteuse pour elle seule. La pièce était nue à l’exception d’un seau en cuivre dans lequel les compositeurs mettaient leurs tasses à thé, une table branlante en bois et quelques tabourets. Epinglées aux murs, il y avait des images découpées dans les revues populaires à un penny : des illustrations, jaunies par le soleil et la fumée de tabac, de femmes à demi vêtues promouvant bas et porte-jarretelles en dentelle.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-10T22:37:49+01:00

Jamais je ne t’oublierai, jamais. Jamais je n’oublierai

Ton souvenir tissé autour des belles choses de la vie.

L’image soudaine de ton visage est telle une blessure

Lorsqu’elle s’impose à moi

Portée par un parfum de jasmin, de lys ou de pâle tubéreuse,

L’une ou l’autre de ces douces fleurs blanches parfumées,

Ces fleurs que dans tes cheveux j’aimais tant tresser.

ADELA FLORENCE COREY

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-10T22:37:36+01:00

Alors qu’il s’éloignait des bruits discordants produits par les clochettes des chameaux et les casseroles, Charles Herbert eut la sensation d’être observé. Mais cela n’était pas nouveau : il s’était habitué à sa propre paranoïa, et il savait que le lieu du campement avait été choisi tant pour sa relative sécurité que pour son paysage. En outre, un petit groupe de cipayes et de porteurs les précédait toujours afin d’allumer un feu, de dégager le terrain et d’alerter tous les animaux susceptibles de rôder dans les parages et qui ne voulaient pas voir leur tête plantée sur le mur du maharajah. Conforté par cette certitude, lord Herbert trouva la mort. Tandis que l’air contenu dans ses poumons implosait – forcé d’y demeurer par ce qui lui sembla être un cordon de soie passé autour de son cou –, il vit les derniers rayons du soleil indien se refléter sur un long couteau, brillant et incurvé comme un croissant de lune. Il songea à Bala le démon, dont les membres sectionnés avaient été jetés aux dieux ; dont la chair avait été changée en corail et dont le sang était devenu des rubis…

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-10T22:37:03+01:00

A présent, d’après leur guide érudit, ils se trouvaient à une journée d’Ayodhya, la cité légendaire censée avoir été bâtie par les dieux. Ils avaient grimpé régulièrement depuis la plaine du fleuve et, tandis que le soleil se précipitait vers l’hémisphère sud derrière les lointaines montagnes de l’Himalaya, ils approchaient enfin de leur camp. Lady Herbert écoutait attentivement un autre de ces contes de fées hindous omniprésents que leur compagnon leur racontait. Cette fois-ci, c’était l’histoire d’un démon idiot nommé Bala qui était allé au ciel dans l’intention de tuer Indra, le roi des dieux, mais qui s’était laissé persuader par celui-ci de se sacrifier à la place. Les dieux avaient démembré l’infortuné Bala, dont le corps avait ensuite été changé en pierres précieuses. Ses dents étaient devenues des perles, son sang des rubis, sa bile des émeraudes, ses os des diamants, ses yeux des saphirs, sa chair des coraux, sa peau des topazes, ses ongles des pierres de lune et ses sécrétions des béryls.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-10T22:36:33+01:00

Par principe, lord Herbert était heureux de laisser la gestion du quotidien à son épouse. Elle avait besoin de s’occuper, il le sentait, et la moindre tentative pour contrarier sa volonté s’avérait tout simplement inutile. Si lady Cynthia avait décidé de parcourir en Inde plus de cent cinquante kilomètres à dos d’éléphant et de chameau pour aller d’une de ces infernales villes saintes à une autre, alors elle le ferait, avec ou sans lui. Sans l’agréable compagnie de leur extraordinaire accompagnateur, qui sur l’insistance du maharajah devait les escorter durant tout le voyage jusqu’à Londres, Charles Herbert était certain qu’il aurait été totalement accablé par l’ennui. Leur long, lent et poussiéreux périple n’était égayé que par l’incomparable savoir de leur guide en matière d’histoire et de mythologie, comprenant des anecdotes assez fantaisistes sur la science hindoue des pierres précieuses. Les joyaux et le mysticisme comptant parmi les distractions préférées de Cynthia Herbert, son épouse était captivée, lui était diverti, et les jours passaient de façon assez plaisante.

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