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Je patienterais deux heures environ. Ils n’opposeraient aucune résistance. Je savais que papa avait déjà baissé les bras et qu’il était prêt à s’en aller. Ce serait plus difficile avec maman, mais elle prenait tant de somnifères qu’elle s’endormirait vite au milieu des effluves de ses essences de jasmin et de géranium.
Afficher en entierPlus personne n’entendait mes propres pleurs. Plus personne ne s’en souciait. Papa me disait que j’étais forte. Que je survivrais quoi qu’il advienne. Contrairement à maman. La douleur la rongeait intérieurement et elle était comme une enfant dans une maison où la lumière du jour n’avait plus droit de cité.
Afficher en entierJ’avais presque douze ans quand j’ai décidé de tuer mes parents.
J’étais bien déterminée à le faire. J’irais me coucher et j’attendrais qu’ils s’endorment. Ce n’était pas compliqué vu que papa observait toujours le même rituel le soir : il fermait les lourdes doubles fenêtres, tirait les épais rideaux vert bronze et répétait les mêmes paroles après le dîner – lequel à cette époque se résumait pour ainsi dire à un bol de soupe fumant et insipide.
« Il n’y a rien à faire. Tout est terminé. Il faut qu’on parte. »
Afficher en entierImpossible de faire marche arrière. Qu’étais-je devenue ? Comment avais-je pu tomber si bas ? Qu’allais-je faire de leurs corps ? Combien de temps mettraient-ils à se décomposer ?
Afficher en entierJ’ai rôdé dans les pièces de plus en plus petites et sombres, me semblait-il, de cet appartement appelé à ne bientôt plus être le nôtre. J’ai levé la tête vers le plafond inatteignable, longé les couloirs décorés d’images d’une famille en voie de disparition. La lampe coiffée d’un abat-jour blanc dans la bibliothèque de papa éclairait faiblement le couloir où je me tenais, désorientée, pétrifiée. Dans ce rai de lumière, mes mains pâles ont pris une teinte dorée.
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