Ajouter un extrait
Liste des extraits
- Les roses ont besoin de leurs épines. Sinon, elles seraient trop parfaites.
Afficher en entier- Puis-je faire quelque chose ?
- Demander, c’est déjà beaucoup. Merci.
Afficher en entier- Je leur ai dit que je n’avais jamais été mère avant de les avoir. Et j’ai ajouté : « J’apprends a être votre maman, de la même manière que vous, vous apprenez à être mes fils. »
Afficher en entierNous avons toutes les deux continué à garder nos secrets. Je ne lui ai pas avoué que j'ignore qui je suis, désormais. Ou que mes racines arrachées m'ont laissé assoiffée. En me rendant en Inde, je fuis pour ma survie.
Afficher en entier— S’il te plaît… tu ne peux pas y aller.
Maman joint ses mains, comme si elle priait.
Ma décision de partir en Inde est venue naturellement. Durant les jours qui ont suivi ma conversation avec Patrick, je me répétais constamment ses mots : « Elle me parle. » Ils résonnaient dans ma tête. Je me suis égarée si longtemps que je me suis persuadée que fuir était la solution. Les fausses couches m’ont dépouillée de mon identité. Mon envie désespérée d’avoir un enfant a exclu tout le reste – moi y compris.
Quand j’ai demandé à ma chef un congé de longue durée, elle m’a proposé de tenir une rubrique pour raconter mon voyage, sur le blog de l’une de ses amies. Enthousiasmée à l’idée de continuer à écrire, j’ai accepté avec reconnaissance.
Afficher en entierJe m’assieds et masse mon cou douloureux. Pour cause : je me suis endormie dans le salon, la tête posée sur l’accoudoir du canapé. Les heures s’écoulent, le temps passe. Je n’ai pas parlé à Maman depuis notre dispute, il y a deux jours. Et je ne compte pas le faire.
Mon pied bute sur une canette de soda light vide, juste au moment où j’enlève un bout de fromage collé à mon tee-shirt. Je ramasse les ordures et les jette à la poubelle. Alors que je fais volte-face, mes pieds se dérobent sous moi. Je m’agrippe au plan de travail pour maintenir mon équilibre. En une seconde, tout devient noir. Les images des enfants à qui je n’ai pu donner naissance emplissent mon esprit. Mes forces m’abandonnent et je glisse le long du mur jusqu’au sol.
Afficher en entierQuand j’avais sept ans, j’ai voulu apprendre à faire du vélo. Ma mère m’en a acheté un avec des roulettes, mais je les ai enlevées. Mes pieds atteignaient à peine les pédales. Chaque jour, je montais dessus et chaque jour, je tombais. L’une de ces chutes a été particulièrement brutale, et j’ai récolté dix points de suture au front. Alors, Maman a enfermé mon vélo dans le garage. Quand nous en avons discuté, elle m’a laissé le choix entre abandonner ou attendre de grandir un peu pour réessayer. J’ai refusé de l’écouter et j’ai ressorti le vélo du garage en cachette. Le jour suivant, je me cassais le bras et m’ouvrais la lèvre en dévalant une pente. Elle a immédiatement offert mon vélo à l’un de nos voisins.
Quand j’ai exigé de savoir pourquoi, elle m’a répondu : « Jaya, parfois, c’est mieux de laisser tomber les choses qui nous font du mal. »
Afficher en entierMalgré son envie d’alléger mon fardeau, nous savons tous les deux que rien ne rendra ma mère moins indifférente.
Il pince ses lèvres, se retenant d’exprimer le fond de sa pensée. L’écart entre nous a commencé à se creuser quand nous avons voulu avoir un enfant. Patrick s’est renfermé, alors que les années de FIV et nos problèmes de fertilité me faisaient perdre patience. Nos discussions ne tournaient qu’autour de ce qu’il fallait faire pour que je tombe enceinte. Lorsque enfin, ça a marché, c’était comme si ces mois d’éloignement n’avaient jamais eu lieu. Ensemble, nous avons célébré la nouvelle et nous avons rêvé de ce bébé. Quand j’ai fait une fausse couche, douze semaines plus tard, je me suis effondrée, et lui s’est éloigné. Mon chagrin est devenu omniprésent, ne laissant aucune place à notre vie de couple. Il en a été de même pour mes deux autres fausses couches.
Afficher en entierJ’avais cinq ans quand j’ai supplié ma mère de m’offrir un chien. La race ou la taille n’avaient aucune importance : je voulais juste avoir un compagnon qui soit bien à moi, à aimer et à câliner. Trois jours après ma requête, ma mère m’a fait la surprise : un chiot en laisse m’attendait à la maison. C’était le bonheur. Je l’emmenais partout et il dormait dans mon lit. Quelques mois plus tard, il s’est enfui et nous ne l’avons pas retrouvé. Assise sur mon lit, j’ai pleuré pendant des heures sous les yeux de ma mère qui demeurait silencieuse, dans l’embrasure de ma chambre. Je me suis finalement endormie, épuisée de chagrin. Ce n’est qu’au matin que j’ai compris que pendant la nuit, elle avait tiré la couverture sur moi et avait éteint la lumière. Jamais elle ne m’a adressé un mot à propos de cette douloureuse perte.
Afficher en entierVingt pour cent des femmes font un jour une fausse couche. Parmi elles, quatre-vingts pour cent perdent leur bébé au cours du premier trimestre de grossesse. Les risques sont de douze pour cent à trente ans – une probabilité qui augmente avec l’âge.
Je peux réciter par cœur ces statistiques, et bien d’autres encore. J’ai lu tout ce qui était à ma portée, dès le jour où on a décidé d’avoir un enfant.
C’était il y a cinq ans. Depuis, j’ai passé un nombre incalculable d’heures à la bibliothèque et sur Internet, dans l’espoir de trouver une nouvelle étude, un nouveau médicament, qui multiplierait mes chances d’arriver à terme. Mais peu importent mes lectures, j’en viens toujours à la même conclusion : certains bébés naissent, d’autres pas. Pour chaque femme dépassée par la maternité, une autre rêverait d’entendre les pleurs d’un bébé. Pour chaque couple qui agrandit son foyer, un autre doit renoncer à devenir parents.
Afficher en entier