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Il la regarde, et il aperçoit davantage que le visage d'une très jeune enfant. Il voit des paysages, des matins lumineux, la marche lente et paisible des buffles dans les rizières, l'ombre ployée des grands banians à l'entrée de son village, la brume bleue qui descend des montagnes vers le soir, à la façon d'un châle qui glisse doucement sur des épaules.
Afficher en entierToujours il y a le matin
Toujours revient la lumière
Toujours il y a un lendemain
Un jour c'est toi qui seras mère.
Afficher en entierIl la regarde et il aperçoit davantage que le visage d'une très jeune enfant. Il voit des paysages des matins lumineux la marche lente et paisible des buffles dans les rizières l'ombre ployée des grands banians à l'entrée de son village, la brume bleue qui descend des montagnes vers le soir, à la façon d'un châle qui glisse doucement sur des épaules.
Afficher en entierDésormais, le vieil homme dès qu’il se lève attend ce moment où il ira rejoindre son ami. Il se dit dans sa tête «son ami», car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le gros homme est devenu son ami, même s’il ne parle pas sa langue, même s’il ne la comprend pas, même si le seul mot dont il se sert est «Bonjour». Ce n’est pas important. D’ailleurs, le gros homme ne connaît lui-même qu’un seul mot de la langue de Monsieur Linh, et c’est le même mot.
Grâce à Monsieur Bark, le pays nouveau a un visage, une façon de marcher, un poids, une fatigue et un sourire, un parfum aussi, celui de la fumée des cigarettes. Le gros homme a donné tout cela à Monsieur Linh, sans le savoir.
Afficher en entierOn ne peut jamais s’envoler vers ce qu’on a perdu, songe alors Monsieur Linh.
Afficher en entierNe restent en elle que les jolis moments et les belles heures, tout ce qu'il y a de plus doux et d'heureux. Les autres souvenirs, ceux qui coupent, ceux qui blessent, ceux qui entaillent l'âme et la dévorent, tous ceux-là disparaissent, dilués dans l'eau comme une goutte d'encre dans l'océan.
Afficher en entierPage 25 - 26
Il s'aperçoit soudain qu'ils ne sont plus seuls sur le banc : un homme s'est assis qui le regarde et regarde la petite aussi. Il doit avoir le même âge que Monsieur Lihn sans doute, peut-être un peu moins vieux tout de même. Il est plus grand, plus gros, et porte moins de vêtements. L'homme esquisse un sourire.
"Pas chaud, hein ?"
Il souffle sur ses mains, prend un paquet de cigarettes dans une de ses poches, tape sur le fond avec un geste précis qui fait jaillir une cigarette. Il tend le paquet à Monsieur Lihn, qui fait non de la tête.
"Vous avez raison, dit l'homme, je devrais arrêter... Mais avec tous ce qu'on devrait arrêter !"
Il met la cigarette entre ses lèvres, d'un geste simple et doux. Il l'allume , en aspire longuement la première bouffée, ferme les yeux.
"C'est tout de même bon", finit-il par murmurer.
Afficher en entierQuant aux rires, ce sont des couteaux, des couteaux affûtés qui trouve son coeur et l, écorchent.
Afficher en entierIl avance. Il se cogne contre les années et contre les gens qui courent on ne sait où, qui courent toujours, comme si le propre de l’homme était de courir, courir vers un grand précipice sans jamais s’arrêter.
Afficher en entierLe vieil homme s'approche de la fenêtre. Le vent n'agite plus le grand arbre, mais la nuit a fait éclore dans la ville des milliers de lumières qui scintillent et paraissent se déplacer. On dirait des étoiles tombées à terre et qui cherchent à s'envoler de nouveau vers le ciel. Mais elle ne peuvent le faire. On ne peut jamais s'envoler vers ce qu'on a perdu, songe alors Monsieur Linh.
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