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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T14:01:33+01:00

Les hommes sont bêtes et ignorants. De là vient leur misère. Au lieu de réfléchir, ils croient ce qu’on leur raconte, ce qu’on leur enseigne. Ils se choisissent des chefs et des maîtres sans les juger, avec un goût funeste pour l’esclavage.

Les hommes sont des moutons. Ce qui rend possibles les armées et les guerres. Ils meurent victimes de leur stupide docilité.

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T14:01:02+01:00

Vingt millions, tous de bonne foi, tous d’accord avec Dieu et leur prince… Vingt millions d’imbéciles… Comme moi !

Ou plutôt non, je n’ai pas cru à ce devoir. Déjà, à dix-neuf ans, je ne pensais pas qu’il y eût de la grandeur à plonger une arme dans le ventre d’un homme, à me réjouir de sa mort.

Mais j’y suis allé tout de même.

Parce qu’il eût été difficile de faire autrement ? Ce n’est pas la vraie raison, et je ne dois pas me faire meilleur que je ne suis. J’y suis allé contre mes convictions, mais cependant de mon plein gré – non pour me battre, mais par curiosité : pour voir.

Par ma conduite, je m’explique celle de beaucoup d’autres, surtout en France.

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T13:59:50+01:00

Il n’existe pas pour moi d’état intermédiaire entre le plaisir et l’ennui. Or, je ne peux bien faire que ce que je fais avec plaisir, et je ne peux trouver de plaisir qu’à une fonction qui m’occupe l’esprit, l’état militaire est de tous les états celui où l’esprit a le moins à s’employer. Il faut qu’il en soit ainsi pour que l’armée puisse recruter ses cadres et les reconstituer aisément lorsqu’ils sont décimés. Toute la force de l’armée réside dans le principe du garde-à-vous, qui détruit chez les subordonnés la faculté de raisonner. On comprend cette nécessité. Que deviendrait l’armée si les soldats s’avisaient de demander aux généraux où ils les mènent et se mêlaient d’en discuter avec eux ? Cette question embarrasserait les généraux, car un chef ne doit jamais se trouver contraint de répondre à un inférieur : « Je n’en sais pas plus que vous ! ».

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T13:59:17+01:00

Au matin, nous entendions vibrer l’air, et, dans l’azur aveuglant où le soleil dissipait les restes de la brume qui annonce la grande chaleur, un avion monta en tournoyant comme une alouette. Nous le suivions longtemps des yeux jusqu’à ce que l’atmosphère l’eût dilué, ou qu’il ne fût plus, au loin, qu’une étincelante plaque de mica balancée par le vent. Nous envions cet homme qui faisait la guerre dans la pureté du ciel, cet ange armé d’une mitrailleuse.

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T13:58:45+01:00

Napoléon serait lui-même. Il construirait sur les données de 1914 comme il construisait sur celles de 1800. Alexandre. César, Napoléon étaient des penseurs. Il n’existe aujourd’hui que des spécialistes, dont l’esprit est faussé par des doctrines, une longue déformation professionnelle.

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T13:57:57+01:00

Les généraux étaient comme des diplômés sortant d’une école : de la théorie et pas de pratique. Ils sont venus à la guerre avec un matériel moderne et un système militaire qui retardait d’un siècle. Ils apprennent maintenant, ils expérimentent sur nous. Les peuples d’Europe sont livrés à ces tout-puissants et présomptueux ignorants.

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T13:56:53+01:00

En fouillant hors des boyaux, je découvris dans le sous-sol d’une maison deux cadavres allemands très anciens. Ces hommes avaient dû être blessés par des grenades et murés ensuite, dans la précipitation du combat. Dans ce lieu privé d’air, ils ne s’étaient pas décomposés, mais racornis, et un récent obus avait éventré cette tombe et dispersé leurs dépouilles. Je demeurai en leur compagnie, les retournant d’un bâton, sans haine ni irrespect, plutôt poussé par une sorte de pitié fraternelle, comme pour leur demander de me livrer le secret de leur mort. Les uniformes aplatis semblaient vides. De ces ossements épars ne subsistait vraiment qu’une demi-tête, un masque, mais d’une horreur magnifique. Sur ce masque, les chairs s’étaient desséchées et verdies, en prenant les tons sombres d’un bronze patiné par le temps. Une orbite rongée était creuse, et, sur ses bords, avait coulé, comme des larmes, une pâte durcie qui devait être de la cervelle. C’était le seul défaut qui gâtât l’ensemble, mais peut-être y ajoutait-il, comme la lèpre de l’usure ajoute aux statues antiques dont elle a entamé la pierre. On eût dit qu’une main pieuse avait fermé l’œil, et, sous la paupière, on devinait le contour lisse et le volume de son globe. La bouche s’était crispée dans les derniers appels de la terrible agonie, avec un rictus des lèvres découvrant les dents, grande ouverte, pour cracher l’âme comme un caillot. J’aurais voulu emporter ce masque que la mort avait modelé, sur lequel son génie fatal avait réalisé une synthèse de la guerre, afin qu’on en fît un moulage qu’on eût distribué aux femmes et aux enthousiastes. Du moins, j’en pris un croquis que je conserve dans mon portefeuille, mais il n’exprime pas cette horreur sacrée que m’inspire le modèle. Ce crâne mettait dans le clair-obscur des ruines une grandeur dont je ne pouvais me détacher, et je ne partis que lorsque le jour qui déclinait entoura d’ombres indistinctes les reflets du front, des pommettes et des dents, le transforma en un Asiatique ricanant.

Je revins en hésitant, dans le crépuscule traversé de coups de feu et d’obus, qui annonçaient l’inquiète querelle de la nuit, où les hommes tirent pour se rassurer plus que pour détruire. Au fond de notre abri, un ancien me dit : – Petit gars, tu as tort de rester dehors. Il t’arrivera malheur ! Mais j’étais fier de ma trouvaille de l’après-midi et de penser qu’en une journée de front j’avais déjà découvert une chose que les gens de l’arrière ne pouvaient imaginer : ce masque pathétique, ce masque d’un Beethoven qu’on aurait supplicié.

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T13:55:37+01:00

Mais ce mort était comme le gardien d’un royaume de morts. Ce premier cadavre français précédait des centaines de cadavres français. La tranchée en était pleine. (Nous débouchions dans nos anciennes premières lignes, d’où était partie notre attaque de la veille.) Des cadavres dans toutes les postures, ayant subi toutes les mutilations, tous les déchirements et tous les supplices. Des cadavres entiers, sereins et corrects comme des saints de châsses ; des cadavres intacts, sans traces de blessure ; des cadavres barbouillés de sang, souillés et comme jetés à la curée de bêtes immondes ; des cadavres calmes, résignés, sans importance ; des cadavres terrifiants d’être qui s’étaient refusés à mourir ceux-là, furieux, dressés, bombés, hagards, qui réclamaient la justice et qui maudissaient. Tous avec leur bouche tordue, leurs prunelles dépolies et leur teint de noyés. Et des fragments de cadavres, des lambeaux de corps et de vêtements, des organes, des membres déparés, liés, des viandes humaines rouges et violettes, pareilles à des viandes de boucherie gâtées, des graisses jaunes et flasques, des os laissant fuir la moelle, des entrailles déroulées, comme des vers ignobles que nous écrasions en frémissant. Le corps de l’homme mort est un objet de dégoût insurmontable pour celui qui vit, et ce dégoût est bien la marque de l’anéantissement complet.

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T13:55:01+01:00

On a apporté aussi un débris humain si monstrueux que tous, à sa vue, ont reculé, qu’il a étonné ces hommes que plus rien étonne. J’ai fermé les yeux : je n’ai que trop vu déjà, je veux pouvoir oublier plus tard. Cela, cet être, hurle dans un coin comme un dément. Notre chair soulevée nous suggère qu’il serait généreux, fraternel de l’achever.

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Extrait ajouté par Villanelle 2017-02-04T13:54:24+01:00

Je crois peu à ces cœurs qui ressentent profondément la souffrance des autres. Il faudrait qu’ils fussent d’une matière bien rare. On ne souffre véritablement que dans sa chair, et dans la chair de sa chair on souffre déjà beaucoup moins, exception faite pour quelques natures particulièrement sensibles.

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