La première fois, j'avais six ans...
Auteur
- Isabelle Aubry (Écrivain)
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Classement en biblio - 85 lecteurs
extrait
Il y a dans Paris, la nuit, des voitures discrètes qui sillonnent les rues éclairées ou désertes avec, à leur bord, des couples bien sous tous rapports. Des hommes et des femmes souriants, excités d’avance par le plaisir qui les attend, un peu plus loin. C’est vers la porte Dauphine que tous se dirigent.
Moi aussi, j’y vais, parce que l’homme qui m’y conduit en a décidé ainsi. Tout à l’heure, avant que nous partions, Renaud m’a dit qu’il allait me faire une jolie surprise. Jolie ou pas, je n’ai pas d’autre choix que de le suivre. Lui, c’est le genre colérique, tendance violent. Ses mains robustes et noueuses écrasent les cigarettes d’un geste vif, surprenant, et envoient les claques de la même façon. Voilà longtemps que Renaud me fait peur, mais aujourd’hui, ça va, il chantonne. La petite sauterie qu’il s’est concoctée le réjouit autant qu’elle m’inquiète.
Porte Dauphine, le ballet des voitures commence. Elles se suivent, se doublent, tourbillonnent autour du rond-point. Les conducteurs et leurs passagères se toisent, évaluant la marchandise du véhicule d’à côté. Appels de phares en direction de Renaud : l’occupant de la voiture voisine témoigne vivement de son intérêt. L’affaire est faite et Renaud s’engage à sa suite dans les ruelles. Paris, banlieue, parking, ascenseur, couloir : je ne sais pas encore où je vais, mais la boule qui se forme dans mon estomac m’indique que nous touchons au but. La fameuse surprise, je le pressens, n’est pas un cadeau. Nous entrons dans le petit appartement de Monsieur Tout-le-monde. Un poste de télévision, une moquette marronnasse, une table basse, Madame Tout-le-monde décolorée et un long canapé sur lequel l’assemblée s’assoit. Chacun sait apparemment pourquoi il est là. Je le devine aussi, et mon angoisse monte d’un cran quand on me laisse seule, porte fermée, avec cet homme. Que je ne connais pas. Qui ne me connaît pas. Qui commence à me déshabiller. Qui détache les boutons de son jean en caressant mes seins.
Je rêve de m’enfuir, tout de suite, avant que n’arrive ce qui doit arriver. Je reste parce que Renaud, parti dans la chambre d’à côté avec la blonde, l’exige.
C’est long. Mon regard s’accroche au plafond tandis que mon corps s’enfonce dans les coussins sous le poids de l’homme chauve, inconnu. Ses va-et-vient me donnent la nausée. Les minutes passent, j’ai de plus en plus chaud, mon supplice semble n’avoir pas de fin. Renaud revient avec sa conquête et il faut encore s’emmêler, à quatre, sur ce canapé-lit râpé, devant la télé éteinte.
Je me concentre très fort pour ne rien ressentir. Mon corps devient un paquet de coton dont chacun fait ce qui lui plaît. Quand les hennissements se taisent, enfin, j’ai juste envie de mourir.
J’ai treize ans et demi et je viens de vivre ma première partouze.
Il y en aura d’autres. Beaucoup d’autres. À quatre personnes, à six, à vingt. Non content de me mettre dans son lit, Renaud va faire de moi, l’enfant brune et timide, une pute rentable et silencieuse. Il va me salir, longtemps, souvent, porte Dauphine et ailleurs. Écolière le jour, joujou soumis la nuit, voilà ma vie. Une dizaine, parfois une quinzaine de types défilent sur moi. Je ne compte pas. Je ferme les yeux, inerte. Je me débranche.
Une fois, l’un de ces types m’interpelle :
« Ça n’a pas l’air de te plaire… », a-t-il remarqué.
Perspicace, le gars.
Afficher en entierCommentaires les plus appréciés
Témoignage très émouvant, et même difficile à croire tellement l'horreur des actes commis par un père à sa fille sont inimaginables.
Quel courage de l'auteur d'avoir écrit une telle partie de sa vie pour que le silence des victimes ne soit plus.
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Témoignage poignant sur l'inceste
De nombreux passage sont difficiles à lire tant l'horreur est impensable!
Afficher en entierCommentaires récents
Ce témoignage permet d'ouvrir les yeux sur ce qu'est l inceste bien au delà du viol: au sein du cercle familial, des milieux médicales, des instances judiciaires, de la société en général ... l auteur nous met également face a nos responsabilités concernant l inceste, afin d'être un acteur vigilant et une opinion publique dont le poids peut faire avancer les choses.
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Isabelle, une petite fille de 6 ans, va débuter son enfance avec un homme abject qui abusera d'elle au gré de ses envies.
Un témoignage terrible, Isabelle a eu un courage incroyable pour écrire le calvaire quotidien qu'elle a vécue étant enfant.
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Par où commencer..
J’ai décroché 4 fois durant la lecture en 4 jours.. je me suis forcée à le finir..
Autant l’histoire de cette femme est horrible, sordide et il n’y a pas de mot pour dire que la justice est pourrie.. autant je n’ai pas ressenti de réel émotions à cause de l’écriture..
l’histoire est lourde et à mes yeux mal écrite.. on va sur de la répétition..
en tout cas.. j’ai eu du mal..
alors si le sujet vous intéresse et que vous voulez être choquée je vous conseil de le lire sinon on laisse tomber..
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ce témoignage sur l'inceste m'a beaucoup toucher, je l'ai lue étant ado j'avais 14 ans, je m'en souviens encore car il m'a marquer. Il est émouvant, poignant, elle a du courage d'expliquer son vécut dans ce livre.
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J'avais une curiosité morbide sur le sujet, je suis servi. Et j'en ai pleuré durant la moitié de la lecture. Quatre heure, quatre longue heure où mon cerveau me répétait en boucle que tout ceci était réel. De l'horreur à l'état pure, et la preuve que l'humain peut être horrible des fois. Je n'imagine pas le courage qu'il faut avoir pour partager son témoignage... Donc, après des larmes, un peu de honte et une grande colère, j'ai fini ce petit livre qui fait vivre une grande détresse.
Je pense tout les jours, au moins une fois, à Isabelle Aubry et au milliers d'enfants concernés...
Ayez le cœur solide et fort pour supporter cette lecture.
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Un très touchant témoignage. Des passages très émouvants, une femme qui dit ses émotions avec justesse. Et la justice qui elle ne fait pas son boulot de reconstruction de la victime.
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Un livre émouvant, auquel on ne peut pas rester indifférent. Seulement la transcription de la réalité, c'est dure ...
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Un livre dure et difficile. l'auteur a écrit la vérité, une vérité dure et cruelle et pourtant vrai. On ne peut pas lire ce livre sans s'arrêter de temps en temps pour ne pas pleurer. Isabelle Aubry a su avoir assez de force pour s'exprimer. Ce livre raconte l'horreur d'une vie. Cette histoire est réelle et tellement poignante. Cette enfer qu'elle a vécu, elle nous le raconte.
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Livre relatant une histoire vraie d'une enfant ayant été victime de l'inceste. Ce livre est poignant et nous oblige parfois à s'arrêter car la douleur est vive et bien transmise. Je ne peux que dire un grand bravo à cette femme d'avoir eut le courage d'écrire sur ce sujet car les victimes sont marquées à vie et mettent du temps à voir dans l'avenir. J'espère qu'un jour on pourra dire que ce délit n'existera plus dans notre société, mais, je vois que cela existe encore et même parfois au tour de nous et bien sûre dans la discrétion. La victime elle reste avec des traces à jamais. Une petite pensée pour toutes ces victimes d'un jour
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Dates de sortie
La première fois, j'avais six ans...
- France : 2008-09-18 (Français)
- France : 2010-01-01 - Poche (Français)
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Résumé
En France, chaque année, des milliers d'enfants sont abusés sexuellement. Trois fois sur quatre par un membre de leur famille. Presque toujours, l'enfant et son entourage se taisent.
Victime de cette loi du silence qui a brisé sa vie, Isabelle Aubry raconte son calvaire.
"Dans le lit de mon père, j'ai laissé mon enfance, mon équilibre, ma santé, mes études. Beaucoup d'enfants endurent aujourd'hui le cauchemar que j'ai supporté. C'est pour eux que j'ai décidé de raconter mon histoire."
Le courage, la force de caactère et la détermination d'Isabelle Aubry lui ont permis, petit à petit, de se reconstruire. Elle est aujourd'hui une mère, une épouse et une combattante hors pair. Elle a créé l'Association Internationale des Victimes de l'nceste et se bat pour que chaque victime réussisse à survivre, pour que chaque bourreau soit reconnu coupable.
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