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ISBN : 2070744833
Éditeur : Gallimard 1997
On dit que la vie n'est pas simple et que le bonheur est rare. Pour Philippe Delerm, il tient en trente-quatre "plaisirs minuscules". Il évoque ici tour à tour, sous forme de petites séquences, la satisfaction immense qu'il tire tantôt de petits gestes insignifiants, tantôt d'une bienheureuse absence de gestes. Toutes les saisons sont évoquées dans ce petit ouvrage délicieux qui s'apparente presque à un manuel du bonheur à l'usage des gens trop pressés. Les plaisirs de la table y ont une place privilégiée et, tout comme les plaisirs d'un autre ordre, font ressurgir avec humour et nostalgie l'univers de l'enfance, chez le narrateur comme chez le lecteur, rendus complices par la merveilleuse banalité des situations décrites. Grâce à ce traité de vie simple, Delerm nous rappelle que prendre le temps, socialement ou à part soi, n'est pas une perte de temps. Certaines séquences sont toutefois ambiguës, comme celle sur Le Dimanche soir. S'ouvrant sur la description d'une joie, elles s'achèvent avec gravité sur une sensation douloureuse, comme pour nous rappeler que le bonheur, s'il n'est pas rare, est tout de même précieux
Afficher en entierIl faut savourer comme un moment de fête ce livre inclassable : une trentaine de récits de deux à trois pages consacrés aux bonheurs quotidiens les plus insignifiants. Mais quel art pour les faire partager !La première personne est proscrite, au profit de « on ». On, c'est vous, c'est moi, invités à nous griser délicieusement d'une odeur, d'un éclairage, d'une promenade ou d'une rencontre. Colette savait ainsi faire respirer l'odeur des pommes tombées de l'automne... De l'humour aussi dans quelques chroniques villageoises : la boutique de la marchande de frivolités, l'arrêt du Bibliobus. Des esprits chagrins pourront faire un mauvais procès à l'auteur pour un style très précieux. Mais quel plaisir de lire cet hymne aux joies simples, exprimées avec une sensualité rafraîchissante.Cette petite musique à l'agréable parfum du passé rappelle tout à fait les « bulles de temps pur » de Sundborn ou les jours de lumière.
Afficher en entier« C’est facile, d’écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s’ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l’ongle de l’index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt. La dernière est si minuscule... L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer, mais pour suivre le cours, à léger contretemps. Il y en aurait pour cinq minutes mais c’est bien de prolonger, d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées. On passe les mains dans les boules écossées qui remplissent le saladier. C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës font comme une eau vert tendre, et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées. Un long silence de bien-être clair, et puis il y aura juste le pain à aller chercher. »
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