Extraits

- Peut-être le vaisseau n'utilisait pas les radiations comme une arme à ce moment là. S'il absorbe des atomes d'hydrogène à vitesse quasi luminique et qu'il produit toutes ces radiations, il doit les expulser d'une façon ou d'une autre, surtout s'il veut ralentir. Il ne peut pas les évacuer par l'arrière comme il le fait normalement : cela lui imprimerait une poussée massive. Or il ne veut pas accélérer. Il veut décélérer. Il doit donc se débarrasser autrement de ce qu'il a accumulé.

- Donc le poste de pesage a été détruit par les gaz d'échappement des hormigas ?

- On peut dire ça comme ça. C'est l'inconvénient de leur système. Le vaisseau ne cesse jamais de collecter de l'hydrogène. Et, quand il décélère, ça devient un problème parce qu'il n'y a pas d'autre issue à ce trop-plein que leurs armes. Alors, elles l'évacuent dans toutes les directions, et pas de bol pour ce qui se trouve à proximité par hasard quand elles dégazent."

Ces hommes approchent la mort de très près pour nous rejoindre, capitaine. Nous les poussons jusqu'à ce que nous estimons être le point de rupture, et nous continuons à pousser, deux fois plus loin. C'est même un miracle que nous ayons des recrues, tant l'élagage auquel nous procédons pendant la formation est sévère. Mais certains s'en sortent, d'une façon ou d'une autre. Des hommes qui ne savent pas renoncer, qui sont prêts à subir n'importe quelle souffrance physique, à faire n'importe quel sacrifice. On ne devient pas SAS pour impressionner les filles dans les bars. Il faut avoir une motivation en béton. Il faut le vouloir au point même que le risque de mourir ne vous en ôte pas l'envie. Et une fois qu'ils sont là, une fois que ces hommes ont intégré nos rangs, ils appartiennent à une fraternité si forte que rien ne peut la briser."

Le tampon était une technique employée par les grosses sociétés, les copros, même si elle n'y était mentionnée nulle part. L'équivalent spatial du vol de concession. Leurs vaisseaux approchaient discrètement de sites exploités par des indépendants et les en chassaient. Il s'agissait d'assauts coordonnés qui nécessitaient beaucoup de technologie, mais ça marchait. Les indépendants étaient rarement assez forts pour se défendre, et, si l'on choisissait bien son moment, les puits étaient déjà creusés. Les petits faisaient donc l'essentiel du travail, et les copros récoltaient les bénéfices. C'était sournois, mais un trajet de huit mois pour atteindre le deuxième astéroïde le plus proche était tout bonnement inenvisageable."

La culpabilité est l'arme la plus puissante car elle frappe au cœur et ses blessures guérissent rarement.

C'est la raison d'être du GOM mon colonel. La guerre fait toujours plus de victimes chez les innocents. Notre rôle consiste à mettre fin au chaos avant que d'avantage d'innocents ne périssent.

Bienvenue mon capitaine. Je suis le major Manaware. Dommage que votre première visite à Auckland soit si humide.

Pas du tout major. J'adore la pluie. Elle convainc l'ennemi de rester au sec plutôt que de sortir nous faire la peau.

Je ne suis pas ingénieur, répondit Lem avec un sourire enjoué. M'expliquer le problème n'en hâtera pas la résolution. Je ne veux pas vous détourner plus que nécessaire de cet objectif. Vous en serez d'accord, votre temps serait bien mieux employé à chercher la solution.

Vous me surprenez, Lem. Je vous aurais plutôt vu sur le terrain de l'éthique. Partir en guerre ne colle pas avec votre style.

Nous sommes des hommes d'affaires, Chubs. L’éthique se plie à notre géographie.

Etait-il inconcevable que deux adolescents de sexe opposé aient de simple liens d'amitié ? Les adultes avaient-ils une si piètre opinion des ados pour croire qu'une fille de seize ans et un garçon de dix-sept ne pouvaient avoir de relation que motivée par le sexe ?

Le Makarhu n’était pas conçu pour la recherche scientifique et encore moins pour la guerre. C’était un vaisseau minier, propriété de la Juke Limited, la plus grande société minière spatiale du système solaire. Mais Lem Jukes – heureux diminutif de Lemminkainen Joukahainen, héritier de la fortune Juke Limited et commandant du vaisseau – était prêt à faire n’importe quel usage du Makarhu si cela lui permettait de transformer une mission poussive en réussite aux yeux du conseil d’administration.