Extraits

Incapable de quitter des yeux la femme qui lui faisait face, Lucaine Herrick tentait de retrouver son calme. Bon sang, s’il était venu au Texas, c’était pour trouver une guérisseuse, pas son âme sœur !

Il ne savait pas si cette Samantha Warren serait capable ou non de sauver la fille de son meilleur ami, ce dont il était sûr en revanche, c’est qu’à cet instant précis il ne pensait qu’à une chose en la regardant : laisser parler la bête en lui. Il voulait hurler, se changer en loup, perdre sa peau humaine et pouvoir sentir la terre humide sous ses pattes, laisser la force de la nature envahir ses membres, n’être plus que muscles et tendons. Et enfin courir, courir comme un fou, de plus en plus vite, de plus en plus loin.

Au lieu de cela, il se contenta de la regarder et de lui sourire.

Il lui sourit comme si de rien n’était, comme si son cœur n’était pas en train de battre à tout rompre, comme s’il ne savait pas ce qu’elle était.

Si sa meute avait vu juste, cette femme était plus que précieuse, car elle était ce que la légende appelle une guérisseuse, mi-humaine, mi-louve, apte à guérir d’autres loups mais incapable de se transformer elle-même.

Un simple coup d’œil avait suffi à Luc pour comprendre qu’elle n’avait aucune idée du pouvoir qui était le sien et de la manière dont elle pouvait l’utiliser.

Mais ce qu’il avait lu en elle lorsque leurs regards s’étaient croisés était d’une tout autre nature : elle était sa promise, l’unique femme à lui être destinée.

Dans la panique, Carson se précipita pour empêcher son ami de commettre l’irréparable, mais il perdit l’équilibre et le percuta accidentellement.

Le coup fut si violent qu’il projeta Luc contre le mur. Il cogna sa tête contre une table de nuit, avant de retomber lourdement sur le sol, inconscient.

Folle d’inquiétude, Sam hurla son nom et voulut courir à son secours mais le couteau de Michael l’en dissuada aussitôt.

Il fit le tour de la voiture pour lui ouvrir la portière et l’aider à sortir. Sam, qui était encore endolorie par l’accident, lui en fut reconnaissante et le remercia d’un petit geste.

Me voilà enfin arrivée, se dit-elle avec l’étrange sensation d’être face à son destin.

Luc la prit doucement par le bras et l’escorta dans l’allée. Mais, avant qu’ils n’aient atteint le porche, la porte d’entrée s’ouvrit soudainement et un homme blond et élancé en sortit. Son visage était grave et marqué par la fatigue et l’inquiétude.

Sam s’abandonna totalement au flot de sensations qui s’emparait d’elle. Jamais elle n’aurait imaginé être capable de ressentir autant de plaisir. A mesure que la jouissance montait en elle, le ciel se déchirait et la tempête grondait au-dehors. Son corps tout entier se cabrait et était secoué de spasmes. Elle enveloppa Luc de ses bras et de ses jambes, cria son nom et le serra contre elle, jusqu’à ce qu’enfin elle exulte et perde tout contrôle.

Luc succomba à son tour au plaisir de la posséder. Encore tremblant, il relâcha ses muscles et chuchota son prénom d’une voix brisée.

Luc savait que l’Etat d’Arkansas était réputé pour ses tempêtes de neige mais il se souvenait aussi avoir lu un article sur de violentes tornades de glace qui paralysaient des villes entières. Les bourrasques étaient si puissantes qu’elles gelaient les lignes électriques et étaient capables d’arracher des arbres et de soulever des maisons.

Des gouttes de pluie géantes commencèrent à s’abattre bruyamment sur la fenêtre. Les premiers éclairs déchirèrent le ciel noir, suivis de près par le grondement du tonnerre.

Fou de rage, il avait du mal à comprendre cette interdiction. Incapable de contenir son anxiété et son impatience, il avait fini par faire fuir l’aide-soignante qui le tenait informé.

Désespéré, il faisait les cent pas dans les couloirs de l’hôpital, en essayant de se calmer. Il lui semblait que son cœur allait exploser dans sa poitrine. Ne pouvaient-ils pas comprendre qu’il avait besoin d’être avec elle ? Qu’elle était son âme sœur et qu’il sentait au plus profond de son être qu’il pouvait lui être utile, d’une manière ou d’une autre si seulement ils le laissaient passer.

Car Sam n’avait aucune envie qu’il la laisse tranquille, justement. Plus il la touchait et mieux elle se sentait. Confuse, elle finit par s’abandonner tout entière contre lui. Elle plongea dans ses effluves virils et se délecta du bien-être que lui offrait le contact de son torse robuste. Curieusement, plus elle était en contact physique avec lui, plus elle sentait ses forces revenir, comme si Luc lui insufflait un peu de sa propre énergie. Comment était-ce possible ?

Elle se sentit bien vite assez forte pour se tenir debout et le dit à Luc.

Ce que cherchait Luc, c’était une guérisseuse pour Lucy, pas quelqu’un qui savait soigner les animaux. Mais, dans ce cas, pourquoi la croyait-il capable d’un tel miracle ? Qui lui avait mis cette idée en tête ?

Sam avait beau chercher, elle ne trouvait pas de justification plausible à sa demande. La seule explication qui s’obstinait à revenir sans cesse était absurde et impossible. Même si ce louveteau avait réussi à s’échapper de sa cage et à sortir tranquillement de la clinique, Sam refusait de croire à cette histoire de loup-garou.

Son désir d’adoption avait pris tellement de place dans son esprit et sa vie qu’il en devenait presque palpable, allant jusqu’à l’empêcher de dormir la nuit.

L’espace d’une seconde, elle s’imagina enceinte. Mais elle chassa aussitôt cette pensée. Eric et elle avaient passé tellement de tests, donnant tous les mêmes résultats aberrants et inexplicables, qu’elle avait fini par se convaincre qu’elle était stérile. Cet épisode douloureux avait marqué la fin de ses espoirs de mettre un enfant au monde et sonné la fin de son mariage.

Les problèmes avaient commencé lorsqu’un groupe d’adolescents effrayés et hystériques avait prétendu voir un homme se métamorphoser en loup dans un coin reculé près du lac. Sur le moment, personne n’avait voulu les croire. On avait décrété qu’ils étaient forcément sous l’emprise de l’alcool ou d’une drogue, et on avait enterré l’histoire.

Jusqu’à ce que Charles Pentworth, en personne, confirme les dires des adolescents.