Extraits

Il se détourna, sachant déjà qui il allait voir. Asher. Qui traversait la cour comme un homme après une semaine de marche en terrain impraticable.

Il entendit Dathné hoqueter. S’écarta et la regarda rejoindre l’autre homme. Se dresser devant lui, fine et usée par l’inquiétude.

— Matt m’a raconté, dit-elle. Tu vas bien ?

La question sembla surprendre Asher, comme s’il lui paraissait tout à fait inouï qu’on s’inquiète pour lui. Il haussa les épaules.

— Oui.

— Et le prince ?

— Il vivra. Je l’ai couché dans la Tour.

— Barl soit louée. (Elle regarda ses pieds puis son visage.) Et c’est vrai ? Ils sont vraiment morts ?

— Oui, répéta-t-il. Ils sont vraiment morts.

Comme si le fait de le prononcer à voix haute était une sorte de catalyseur, sa façade impassible se fissura. Son visage se froissa, perdit quelques années, devint le visage d’un garçon au chagrin incommensurable. Matt sentit son propre visage se tordre de compassion.

Dathné tendit les bras pour serrer Asher contre elle. Il la rejoignit avec joie, férocement, se cramponna à elle comme pour ne pas tomber. Elle le serrait tout aussi désespérément.

La vision de leur étreinte fit chuter le cœur de Matt et souleva une horde de frayeurs. Le visage de Dathné lui était caché, et il en était heureux ; ce qu’il lisait sur celui d’Asher lui apprenait tout ce qu’il avait besoin de savoir. Tout, et bien plus.