Extraits

De la compagnie

Barda se réveilla en fin de matinée et Lief put dormir à son tour. Il ouvrit les yeux en milieu d'après-midi. Le ciel était de plomb, et la terre oppressée. Une douleur lui vrilla le crâne lorsqu'il s'assit. Son sommeil, profond, avait été peuplé de rêves confus et inquiétants. Barda et Jasmine attachaient leurs sacs.

- Jasmine et moi sommes d'avis de reprendre la route, Lief, dès que tu seras prêt, annonça le colosse. Il fait presque aussi sombre qu'en pleine nuit et si nous tardons, nous couvrirons peu de distance avant l'arrivée de la pluie.

Jasmine scruta le paysage à travers les taillis.

- L'autre village que nous avons croisé à l'aller ne doit pas être loin, ajouta-t-elle. Si nous y parvenons avant la tombée du jour, nous convaincrons peut-être quelqu'un de nous faire traverser la Tor.

Lief vit rouge. Barda et Jasmine avaient discuté pendant qu'il dormait et fait des plans sans lui ! Sûr qu'ils devaient attendre impatiemment son réveil et le traiter de lève-tard. Bon sang ! Ne voyaient-ils pas à quel point il était épuisé ? Même s'il avait dormi plusieurs heures, il se sentait encore exténué - si fati­gué qu'une semaine de sommeil, semblait-il, ne suf­firait pas à le remettre sur pied.

Presque aussitôt, il se rendit compte que son irri­tation était due à sa fatigue, justement. Il considéra les yeux lourds de Jasmine et les rides grisâtres qui creusaient les traits de Barda. L'un et l'autre étaient aussi las que lui. Se forçant à sourire, il hocha la tête et rassembla ses affaires.

Lorsqu'ils atteignirent le village suivant, l'obscurité était plus dense, bien que la nuit ne fût pas encore tombée. Les compagnons franchirent avec précaution la porte ouverte du mur d'enceinte.