La révolte d'Amadeus Jones

Ce n’était pas une vie, pour une mécanique de cette race, que cette limitation draconienne de vitesse, à 60 miles à l’heure maximum, sur tout le territoire.

Cela faisait du bien au moteur de son jouet, d’ordinaire confiné dans les embouteillages de la Grande Pomme, de galoper de temps en temps.

Cette ancienne route qui longeait l’océan le menait droit aux Hamptons et à la propriété bordée de dunes des Kean.

Sam Bernstein ne traversait pas ce drame sans y laisser des plumes, lui aussi.

L’amitié et l’affection qu’il pensait porter à Martin n’avaient pas tenu longtemps devant les problèmes que celui-ci s’était mis à poser et surtout les menaces qu’il avait fait peser sur le tiroir-caisse.

Martin Kean était le gros vendeur de la société Bernstein, un auteur dont les chiffres de ventes atteignaient les millions d’exemplaires, son crack, son champion. Si celui-là flanchait, c’était la sécurité financière de la maison Bernstein qui était remise en question.

Depuis que Sam, une dizaine d’années plus tôt, avait reçu de son père les commandes des éditions Bernstein & Bernstein, il n’avait jamais éprouvé autant de frayeurs professionnelles que celles qu’il avait endurées pendant toute une maudite semaine, entre l’arrestation et le procès de Martin.