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Quand les témoins disparaissent, quand plus personne n'est là pour affirmer et raconter, l'urgence s'impose car les bribes de mémoire qui nous sont parvenues s'évanouiront après nous.
Afficher en entierLa faim lancinante entraînait des vertiges, de l'hébétude, des dégradations physiques qui, « par degrés, réduisent l'homme au rang de la bête », écrit Roger Gompel, qui ajoute, lucide lui aussi, que c'était « un acheminement implacable vers la mort selon une méthode pour humilier, avilir, abrutir, épuiser, jusqu'à la complète extinction de toute personnalité humaine [...] une sorte de pogrom à froid » . L'image est glaçante, mais illustre bien la lente agonie des internés ou déportés.
Afficher en entierLes récits des rafles de l'époque commencent tous par la même manière, à quelques détails près. Il était entre 5h30 et 7h du matin, quand Léonce et Marguerite Schwartz, mes grands-parents, furent tirés du lit. Forcément de mauvaise nouvelle, mais avait-il un autre choix que d'aller ouvrir ?
Afficher en entierJ’ai pleuré aux récits des rescapés, de Primo Levi à Imre Kertesz ou Marceline Loridan, mais à Auschwitz, je n’ai pas été submergée par l’émotion à laquelle je m’attendais. Compiègne non plus ne m’évoqua rien, sinon une incroyable proximité avec Paris, par la nationale qui passe en bordure du camp, aujourd’hui avenue des Martyrs de la Liberté, hier, simplement route de Paris à Saint Quentin.
Afficher en entier« Cette histoire me hante depuis l’enfance. Et pourtant , si les sagas familiales interpellent ceux qui avancent en âge , la mienne ne m’a d’abord intéressée que de loin, l’immédiateté ayant eu longtemps , dans ma vie de journaliste , plus d’attrait que les histoires du passé » ..
Afficher en entierLéonce restera donc comme une ombre qui passe dans ce récit. Mais l'effort pour retrouver sa trace durant ces mois de 1941-1942 m'aura permis d'entrer par effraction dans une tragé- die déchirante et mal connue,et me donner la volonté d'entransmettre le récit à mes enfants et petits-enfants. Il ne me restait plus qu'à écrire les pages que vous venez de lire pour essayer de donner à mon tour à cette « rafle des notables », à ce « camp de la mort lente », à ces déportés, à ces hommes tragiquement assassinés, un peu de noblesse, et de manière bien illusoire, un nouveau moment de vie.
Afficher en entierÀ Compiègne, les noms des internés du camp, sauvés ou déportés, sont gravés sur une stèle de verre, à l'entrée du mémorial. Je n'y ai pas vu le nom de mon grand-père, absent de la vitre-souvenir autant que de ma mémoire. Demander à ce que le nom de Léonce Schwartz soit à l'avenir incrusté à côté de tous ceux passés dans ces lieux est pour moi, avec ce livre, le seul geste que je puisse encore faire pour me rattacher à lui.
Afficher en entierIls se jettent dessus comme des loups affamés, une scène épouvantable,indigne d'un être humain. La famine règne à tel point qu'on ferait n'importe quoi pour un bout de pain.
Plusieurs détenus en effet. au fur et à mesure des jours qui passent, évoquent un climat où chacun ne pense plus qu'à soi, où ne règne plus la camaraderie des débuts.
Afficher en entierFrançois Mauriac, dans une critique émue, publiée à la sortie du livre de Jean-Jacques Bernard décrivait ce camp « sans travaux forcés, sans tortures, sans extermination, mais (ou) le bourreau demeurait invisible : il ne s'agissait que de laisser ses victimes mourir peu à peu de faim ». Et Serge Klarsfeld d'insister
« La faim et la maladie faisaient les mêmes ravages que dans les camps en Pologne. Mais seul dans l'Europe occupée à n'avoir pas de politique active d'extermination, et où il y avait une population à peu près également éduquée, Compiègne fut un camp où l'on écrivit beaucoup. C'était un des seuls moyens de ne pas devenir fou
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