Extraits

Why is every single bloody part of me dictated by what men want? Long hair for virgins, short for married women. Even the style: loose hair says you’re a slut, too tight and you’re frigid. Your dress is too short – you look too easy. Your dress is too long – you’re not easy enough. Not enough make-up and men won’t desire you, and what value do you hold if they don’t? Fully made-up and they’ll desire you too much and whatever happens, whatever they do to you, it’s your fault. Gods, everything – right down to my old name – has been decided by men.

And what’s worse is that no man has ever told me these rules. They’ve thought them, of course, but it’s my mother’s voice I hear. It’s the voice of the nymphs saying that Daphne wanted Apollo’s attention – she flirted too much. It’s me clutching a sickle and nodding mutely in the hope it keeps me safe.

Gods, I could scream because there’s no way out. Literally every decision I make is because of men, one way or another.

There were no men on my island and yet I was there because of them.

C'est aussi simple que ça.

En une fraction de seconde, Coré, la petite fille, disparaît.

Je suis désormais celle qui sème le chaos.

Perséphone.

(Chapitre 19, page 170)

Je préfère encore sa colère à son indifférence. À l’entendre, la fin potentielle de mon monde n’est qu’un détail sans conséquence.

Il inspecte son sceptre, un air de profond ennui sur le visage.

Tu pourrais au moins me regarder dans les yeux, espèce de lâche.

– Exactement. Et comme je te l’ai déjà dit, ça me va très bien.

– Quelle façon palpitante de passer l’éternité.

– Inutile d’insister. Tu ne me feras pas changer d’avis.

– Peu importe. Je n’en ai pas besoin. Je tiens juste à souligner que j’ai d’abord demandé gentiment.

Hadès fronce les sourcils.

– Techniquement, tu n’as rien deman…

– J’invoque le lien de xénia au nom d’Hestia.

Même s’il ne peut pas y avoir de vent aux Enfers, je jurerais qu’une brise se met soudain à souffler. Le feu craque plus fort tandis que le pouvoir de la déesse du foyer emplit la pièce. Mes cheveux se soulèvent, ma robe gonfle derrière moi et les mots sortent tout seuls de ma bouche, comme si Hestia elle-même prononçait l’incantation.

– Je suis loin de chez moi et réfugiée sous ton toit. Je réclame ta protection. Je réclame ton hospitalité et une place au coin de ton feu.

À peine ai-je fini de parler qu’Hadès se plante à un mètre de moi, entouré d’un nuage noir. Son visage est tordu d’une fureur indescriptible, comme si je venais de commettre la pire des offenses.

– Tu veux vraiment la jouer comme ça, déesse des fleurs ? grogne-t-il d’une voix sourde.

J’ignore si c’est une menace, mais ça y ressemble. Sa mâchoire est crispée, ses mains tremblent sur son sceptre. La lumière des torches vacille, occultée par la fumée, et le sol se met à vibrer sous nos pieds. Je fais un pas vers lui, contractant mes traits délicats en une expression de défi.

Le pouvoir… quelle sensation incroyable. J’ai passé tant d’années à regretter d’en avoir réclamé, alors que j’avais raison depuis le début. Par les dieux, c’est ça que je veux.

– Tu ne m’as pas laissé le choix. Bien, tu me montres ma chambre ?

Les narines d’Hadès se dilatent à chacune de ses respirations. Je l’ai piégé et il le sait. Enfreindre la xénia l’exposerait à une malédiction qu’aucun immortel n’oserait affronter, bien plus dangereuse que la colère de l’Olympe. Mais j’ai peur qu’il m’humilie, comme Zeus l’a fait autrefois lors de mon amphidromie.

– Crois-moi, tu vas le regretter.

Je pense aux hommes hypocrites qui supplient en ce moment même ma mère de leur accorder ma main. Je pense aux regrets, et je souris.

– Ça m’étonnerait.

Rappel toi, j'ai juré sur le styx de ne pas te faire de mal. Je ne te forcerai jamais à rien. Même une fois marié. C'est très important pour moi que tu me croies, serment ou pas. Je ne te ferai jamais une chose pareille.

Si on t'enlevait à moi, j'incendierais le monde. Je serais tellement en colère que je ne pourrais plus me contrôler. Mais je t'aime justement parce que toi, tu n'es pas comme ça. Parce que en dépit de ton immense pouvoir, tu es doux, gentil et capable de prendre les décisions qui sont trop dures pour nous autres.

Mon amour, je livrerais des dizaines de batailles en ton nom.

Pourquoi est-ce que chaque centimètre carré de notre être doit obéir aux désirs des hommes ? Cheveux longs pour les vierges, courts pour les femmes mariées. Même la coiffure compte : trop souple, on est une traînée, trop serrée, une frigide. Il faut éviter les robes trop courtes, pour ne pas avoir l'air d'une fille facile, et les robes trop longues, qui nous font paraître coincées. Si on ne met pas assez de maquillage, les hommes ne nous remarquent pas - et quelle valeur avons-nous si nous sommes incapables de susciter leur désir ? Mais face à un maquillage outrancier, ils ne peuvent plus se contrôler. Quoi qu'il se passe ensuite, ce sera notre faute. Par les dieux, tout, jusqu'à mon ancien nom, a été dicté par les hommes.

Le pire, c'est qu'aucun homme ne m'a jamais expliqué ces règles. C'est de la bouche de ma mère que je les ai entendues, ou de celle des nymphes racontant que Daphné cherchait trop l'attention d'Apollon, qu'elle n'aurait pas dû flirter avec lui.

Pendant ce temps, je serrais le manche de ma faucille en priant pour qu'elle suffise à me défendre.

Ça me donne envie de hurler. Il n'y a pas d'échappatoire. Tous les choix que je fais, dans un sens ou dans l'autre, sont contrôlés par les hommes.

Il n'y en avait aucun sur mon ile, pourtant j'y vivais à cause d'eux.

(Chapitre 28, page 258)

C’est drôle, tu es certaine de pouvoir changer le monde, jusqu’à ce que quelqu’un soit d’accord avec toi.

– Tu as l’air constipé.

– J’essaie de te séduire !

Tout ça, c’est à cause de son chiton beaucoup trop bien taillé et de l’entité, quelle qu’elle soit, qui lui a dessiné ses pommettes. Et de sa voix grave. Et de son fichu sourire moqueur.