La religion en miettes ou la question des sectes

Ce livre porte une réflexion sur la question des sectes et plus précisément comment la France paraît se poser cette question. Danièle Hervieu-Léger rédige cet ouvrage moins d’un an après le vote de la loi contre « les groupements à caractère sectaire » comportant le délit de « manipulation mentale » afin d’expliquer à l'opinion publique et aux lecteurs ce qu’est la question d’une secte et de s’interroger sur le fondement même de son existence et de comment la démanteler.

Mais elle ne fait pas que cela, Danièle Hervieu-Léger s’interroge aussi sur la laïcité française, son contenu et sa possible transformation, mais également sur le fait religieux tel qu’il est vécu en France à l’époque contemporaine de cet ouvrage, soit au début des années 2000. D’autant plus que quelques années avant cet ouvrage, dans les années 1990, le monde est frappé par les images des victimes de secte telles que celles de Waco, du Temple solaire ou de la secte d’Aum. L’auteure se porte alors garante de nous éclairer au maximum sur un sujet si difficile, celle de la question des sectes.

Dans ce livre, l’auteure nous fait la synthèse de quatre principaux éléments qu’elle décline dans six chapitres.

Ainsi, dans ce livre, Danièle Hervieu-Léger nous livre tout un argumentaire sur la question des sectes et nous éclaire sur le débat public en France. Elle nous explique également que la question des sectes ou des groupes religieux est mal envisagée du fait de la loi de Séparation de 1905. Cette Loi, qui sépare l’Etat et les Eglises, concernait à l’époque de sa promulgation, uniquement les juifs, les protestants et les catholiques. Cependant, la pluralisation religieuse dans le nouveau paysage religieux contemporain rompt désormais cet équilibre. La neutralité, que devrait avoir l’Etat à l’égard de tout groupe culturel quel qu’en soit la croyance, n’est plus. Cette inégalité soulève donc un réel problème. D’autant plus que la présence de l’Islam complique encore cette situation. En effet cette religion, qui pourtant ne fait pas partie des grandes traditions qui ont modelé la France, n’est pas pour autant assimilée à une secte. Cette notion de « secte » étant sortie par ailleurs de son contexte de la sociologie wébérienne. Danièle Hervieu-Léger suscite aussi une profonde interrogation sur la laïcité française, son contenu et sa possible transformation mais également sur le fait religieux présent en France à l’époque contemporaine de l’auteure.

De ce fait, afin de nous expliquer son argumentaire, elle multiplie l’emploi de diverses sources afin de nous éclairer. En effet, elle use de sources littéraires concernant la thématique du livre, de sources législatives, de sondages, de rapports d’organisme dans la lutte contre les sectes (MILS), d’articles de médias, et d’études sociologiques portant sur les sectes et les nouveaux mouvements religieux. L’auteure essaye d’être la plus claire possible dans ses propos.

Le titre du livre est également important à relever, je trouve, car l’auteure a, par l’usage de seulement neuf mots, reflété l’ensemble de son argumentaire. Tout le long de son ouvrage, elle pose la question des sectes et nous livre un paysage d’une religion en miettes compte tenu de la multiplicité de groupes religieux et de la pluralisation religieuse.

Cependant, l’auteure délivre uniquement le point de vue de sociologues sur cette question des sectes. Du fait de sa profession de sociologue des religions, elle fait de ce livre un essai où elle place le phénomène sectaire comme sujet en le traitant avec une approche limpide et en le rendant compréhensible à partir des attentes spirituelles des individus. Certes, cette approche peut choquer, mais le travail même de sociologue dans l’étude et la compréhension de ces groupes religieux c’est d’appréhender le caractère religieux de ces groupes. Elle arrive ainsi à faire de cet essai une mise au point claire et précise sur la question des phénomènes sectaires et de la question des sectes et surtout essentielle pour la bonne compréhension de ces deux thématiques par l’opinion publique.