La rive africaine

Résumé

La Rive africaine a la beauté d’une énigme. Tout au long de ce court roman, le lecteur ne cesse de s’interroger sur le sens des gestes et des paroles du protagoniste, un jeune cadre colombien qui perd son passeport à Tanger et ne peut plus quitter la ville. Mais le lecteur comprend vite que cette perte et cet enfermement ne sont que la métaphore de l’errance du personnage, à la recherche d’un destin qui lui échappe, peut-être parce qu’il n’arrive pas à l’accepter. Nous ne connaîtrons jamais le nom de ce Colombien, pas plus que ses rêves ou le véritable contenu de ses pensées. II se fait un ami maghrébin, Rachid, qui l’initie aux mystères du souk et au kif ; il rencontre une historienne française, Julie, avec laquelle il a une relation ; il achète une chouette sur le marché… Nous le suivons, nous découvrons ces faits et, au fil des pages, nous commençons à comprendre qu’ils ne sont que la face visible, le décor narratif d’un drame qui se joue silencieusement et en profondeur : celui de la crise d’identité d’un homme qui perd progressivement ses repères et devient autre, l’habitant d’un monde transitoire, instable et sans avenir. Au fur et à mesure que le récit avance, le Colombien se détourne de son passé, il abandonne l’idée du retour, il ne répond plus aux lettres de sa femme, il s’engage dans des affaires douteuses et il devient enfin un être à la dérive, attiré de plus en plus par le piège que lui tend Tanger et comme soumis à une fatalité. Mais, au final, cet homme s’est-il égaré ou retrouvé au carrefour de Tanger ? Rodrigo Rey Rosa poursuit avec ce roman son chemin vers la simplicité, la subtilité et le dépouillement. Elliptique, nuancée et fragmentaire, l’écriture de La Rive africaine évolue avec une clarté trompeuse, car elle fait place à cette part d’ombre qui entoure le protagoniste et rend son destin mystérieux et inévitable.